• Popper
Les dangers d'un gouvernement basé sur l'amour
raison - bonheur



Le contexte :

Dans cet extrait de "la société ouverte et ses ennemis", popper met en garde contre les dangers d'un gouvernement basé sur l'amour. il souligne que l'amour ne garantit ni l'impartialité ni l'absence de conflits, et qu'il peut conduire à  imposer une échelle de valeurs supérieures au nom du bonheur des autres, entraà®nant ainsi l'intolérance et les guerres de religion. popper soutient que seul un gouvernement

Le repère :

essentiel/accidentel

Le texte :

« Substituer au gouvernement par la raison le gouvernement par l'amour, c'est ouvrir la voie au gouvernement par la haine, comme Socrate semble l'avoir entrevu quand il dit que la méfiance envers la raison ressemble à la méfiance envers l'homme. L'amour n'est ni une garantie d'impartialité, ni un moyen d'éviter les conflits, car on peut différer sur la meilleure manière d'aimer, et plus l'amour est fort, plus fort sera le conflit. Cela ne veut pas dire que l ‘amour et la haine doivent être placés sur le même plan, mais seulement que nul sentiment, fût-ce l'amour, ne peut remplacer le recours à des institutions fondées sur la raison. Le règne de l'amour présente d'autres dangers. Aimer son prochain, c'est vouloir le rendre heureux […]. Mais vouloir le bonheur du peuple est, peut-être, le plus redoutable des idéaux politiques, car il aboutit fatalement à vouloir imposer aux autres une échelle de valeurs supérieures jugées nécessaires à ce bonheur. On verse ainsi dans l'utopie et le romantisme ; et, à vouloir créer le paradis terrestre, on se condamne inévitablement à l'enfer. De là l'intolérance, les guerres de religion, l'inquisition, avec, à la base, une conception foncièrement erronée de nos devoirs. Que nous ayons le devoir d'aider ceux qui en ont besoin, nul ne le conteste ; mais vouloir le bonheur des autres, c'est trop souvent forcer leur intimité et attenter à leur indépendance. »
Popper, La Société ouverte et ses ennemis

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment l'auteur perçoit-il le remplacement du gouvernement par la raison par le gouvernement par l'amour, et quel lien établit-il avec la méfiance envers la raison et l'homme ?
2) En quoi l'amour, selon l'auteur, n'est-il pas une garantie d'impartialité et peut-il conduire à des conflits ? Donnez des exemples concrets pour illustrer ce point.
3) Quels dangers l'auteur associe-t-il au désir de vouloir imposer le bonheur aux autres, et comment cela peut-il conduire à des conséquences négatives sur la société ? Expliquez en détail.
4) Comment l'auteur critique-t-il l'idée de vouloir créer un paradis terrestre et quelles conséquences sociales et politiques cela peut-il entraîner ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Analysez la phrase "Le r��gne de l'amour présente d'autres dangers" en soulignant les dangers spécifiques que l'auteur mentionne dans le texte.
2) En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation. Quel message l'auteur cherche-t-il à transmettre concernant le gouvernement par l'amour et ses conséquences sur la société ?

[C] û Commentaire
1) Selon vous, quelle est la position de l'auteur vis-à-vis de l'amour en politique et comment justifie-t-il cette position à la lumi��re des exemples et des arguments présentés dans le texte ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des éléments du texte.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si les critiques de l'auteur concernant le gouvernement par l'amour sont toujours pertinentes dans les sociétés contemporaines. Argumentez votre réponse en vous appuyant sur des exemples actuels et des théories politiques pertinentes.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de popper : dans ce texte, le philosophe karl popper critique l'idée que le gouvernement par l'amour soit préférable au gouvernement par la raison.

Il expose les dangers et les paradoxes d'un tel idéal politique, qui conduit selon lui à l'intolérance, à l'utopie et à la violence.

Il défend ainsi la nécessité de recourir à des institutions fondées sur la raison, qui respectent l'autonomie et la diversité des individus.



- dans un premier temps, popper affirme que le gouvernement par l'amour ouvre la voie au gouvernement par la haine, en se référant à socrate.

Il explique que la méfiance envers la raison, qui est le fondement du gouvernement par l'amour, revient à mépriser l'homme, qui est un être rationnel.

Il montre que l'amour n'est pas une garantie d'impartialité ni un moyen d'éviter les conflits, car il peut être source de désaccords et d'animosités.

Il s'oppose ainsi à l'idée que l'amour soit une valeur universelle et pacifique, qui permettrait de régler les problèmes politiques.

Il ne nie pas la valeur morale de l'amour, mais il refuse qu'il se substitue à la raison dans le domaine politique.



- dans un deuxième temps, popper expose les dangers du règne de l'amour, qui consiste à vouloir le bonheur du peuple.

Il soutient que cet idéal politique est redoutable, car il implique d'imposer aux autres une échelle de valeurs supérieures, jugées nécessaires à ce bonheur.

Il dénonce ainsi le caractère utopique et romantique de cette conception, qui ignore la diversité des conceptions du bonheur et qui vise à créer un paradis terrestre.

Il montre que cette ambition conduit inévitablement à l'enfer, c'est-à-dire à l'intolérance, aux guerres de religion, à l'inquisition.

Il souligne donc le paradoxe d'un amour qui engendre la haine et la violence.



- dans un troisième temps, popper distingue le devoir d'aider ceux qui en ont besoin du devoir de vouloir le bonheur des autres.

Il reconnaît le premier comme légitime et incontestable, mais il rejette le second comme abusif et dangereux.

Il explique que vouloir le bonheur des autres, c'est trop souvent forcer leur intimité et attenter à leur indépendance.

Il défend ainsi le respect de la liberté et de la singularité de chacun, qui sont menacées par le gouvernement par l'amour.

Il conclut donc en faveur du gouvernement par la raison, qui repose sur des institutions qui garantissent les droits et les devoirs des citoyens.