(-428--348) Platon, philosophe de la Grèce antique, explore des concepts tels que la réalité, la connaissance et la justice. À travers ses dialogues, il met en scène son mentor Socrate pour examiner les idées et les valeurs de son époque, tout en proposant une vision idéale de la cité idéale dans "La République".
croire/savoir
« Lorsqu'on commence, sans avoir acquis aucune compétence en la matière, par accorder son entière confiance à un raisonnement et à le tenir pour vrai, on ne tarde pas à juger qu'il est faux : il peut l'être en effet, comme il peut ne pas l'être ; puis on recommence avec un autre, et encore avec un autre. Et, tu le sais bien, ce sont surtout ceux qui passent leur temps à mettre au point des discours contradictoires qui finissent par croire qu'ils sont arrivés au comble de la maîtrise et qu'ils sont les seuls à avoir compris qu'il n'y a rien de sain ni d'assuré en aucune chose, ni en aucun raisonnement non plus ; que tout ce qui existe se trouve tout bonnement emporté dans une sorte d'Euripe , ballotté par des courants contraires, impuissant à se stabiliser pour quelque durée que ce soit, en quoi que ce soit. - C'est la pure vérité, dis-je. - Mais ne serait-ce pas vraiment lamentable, Phédon, dit-il, d'éprouver pareil sentiment ? Lamentable, alors qu'il existe un raisonnement vrai, solide, dont on peut comprendre qu'il est tel, d'aller ensuite, sous prétexte qu'on en rencontre d'autres qui, tout en restant les mêmes, peuvent nous donner tantôt l'opinion qu'ils sont vrais et tantôt non, refuser d'en rendre responsable soi-même, ou sa propre incompétence ? Lamentable encore de finir […] par se complaire à rejeter sa propre responsabilité sur les raisonnements, de passer désormais le reste de sa vie à les détester et à les calomnier, se privant ainsi de la vérité et du savoir concernant ce qui, réellement, existe ? - Par Zeus, dis-je, oui, ce serait franchement lamentable ! - Il faut donc nous préserver de cela avant tout, dit-il. Notre âme doit se fermer entièrement au soupçon que, peut-être, les raisonnements n'offrent rien de sain. »
Platon, Phédon
Dans ce texte, platon expose le danger de se fier aveuglément aux raisonnements sans avoir acquis de compétence en la matière.
Il oppose deux attitudes possibles face à la diversité des discours : celle qui consiste à tout rejeter et à se complaire dans le scepticisme, et celle qui consiste à se remettre en question et à chercher le raisonnement vrai et solide.
- il commence par décrire la première attitude, qui est celle de ceux qui "commencent, sans avoir acquis aucune compétence en la matière, par accorder leur entière confiance à un raisonnement et à le tenir pour vrai".
Il montre que cette attitude est na´ve et inconséquente, car elle conduit à changer d'avis au gré des discours contradictoires, sans jamais se donner les moyens de les évaluer.
Il utilise l'expression "on ne tarde pas" pour souligner la rapidité avec laquelle on passe d'un raisonnement à un autre, sans prendre le temps de les examiner.
Il emploie aussi le terme "juger" pour indiquer qu'il ne s'agit pas d'un véritable acte de connaissance, mais d'une simple opinion subjective et fluctuante.
- il poursuit en caractérisant la conséquence de cette attitude, qui est de "croire qu'ils sont arrivés au comble de la maîtrise et qu'ils sont les seuls à avoir compris qu'il n'y a rien de sain ni d'assuré en aucune chose, ni en aucun raisonnement non plus".
Il montre que cette attitude est orgueilleuse et négative, car elle revient à se croire supérieur aux autres et à nier toute possibilité de vérité et de certitude.
Il utilise l'expression "ils sont les seuls" pour marquer leur isolement et leur prétention.
Il emploie aussi les termes "rien" et "aucune" pour exprimer leur nihilisme et leur relativisme.
- il illustre ensuite cette attitude par une image, celle d'un "euripe", qui est un courant marin violent et changeant.
Il compare ainsi les raisonnements à des flots qui emportent tout sur leur passage, sans laisser aucune stabilité ni aucun repère.
Il utilise le mot "ballotté" pour suggérer l'impuissance et la passivité de celui qui se laisse entraîner par les discours sans résister.
Il emploie aussi le terme "en quoi que ce soit" pour renforcer l'idée d'une absence totale de fondement et de cohérence.
- il passe alors à la seconde attitude, qui est celle de ceux qui reconnaissent qu'"il existe un raisonnement vrai, solide, dont on peut comprendre qu'il est tel".
Il montre que cette attitude est raisonnable et positive, car elle implique une exigence de rigueur et une confiance dans la possibilité de connaître.
Il utilise l'expression "il existe" pour affirmer l'objectivité et la réalité du raisonnement vrai.
Il emploie aussi les termes "vrai" et "solide" pour souligner sa valeur et sa fiabilité.
- il explique ensuite pourquoi il faut adopter cette attitude, en posant une question rhétorique : "ne serait-ce pas vraiment lamentable [.
Il montre que l'autre attitude est déplorable et nuisible, car elle conduit à se priver de la vérité et du savoir, qui sont les biens les plus précieux pour l'âme humaine.
Il utilise le mot "lamentable" pour exprimer son indignation et sa compassion.
Il emploie aussi les termes "se complaire", "détester" et "calomnier" pour dénoncer l'attitude perverse et malhonnête de ceux qui refusent de reconnaître leur propre responsabilité dans leur ignorance.
- il termine en formulant une recommandation : "il faut donc nous préserver de cela avant tout".
Il montre que cette recommandation est fondée sur une nécessité logique ("donc") et sur une priorité morale ("avant tout").
Il utilise le pronom "nous" pour s'inclure dans le propos et pour inviter son interlocuteur à partager son point de vue.
Il emploie aussi le verbe "préserver" pour indiquer qu'il s'agit d'une démarche active et.