• Locke
La perception de la durée à  travers la succession des idées
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Le contexte :

Dans cet extrait de l'essai sur l'entendement humain, locke explore la relation entre la succession des idées et la perception de la durée. selon lui, la durée n'est perà§ue que lorsque des idées se succàùdent dans l'esprit, et elle est totalement perdue lorsque cette succession d'idées cesse. la notion de durée est ainsi étroitement liée à  l'observation et à  la réflexion sur l'enchaà®nement des idées.

L' auteur :

Locke

(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.

Le repère :

voici un exemple de développement possible : dans ce texte, locke cherche à expliquer l'origine de nos idées de succession et de durée, qui sont des notions relatives au temps. il soutient que ces notions proviennent de notre réflexion sur l'enchaînement des idées qui apparaissent dans notre esprit. il s'appuie pour cela sur plusieurs arguments et exemples. tout d'abord, il affirme que "on n'a en effet aucune perception de la durée, sauf si l'on considère l'enchaînement des idées qui se succèdent dans l'entendement". il s'agit d'une proposition générale qui pose le principe selon lequel la durée n'est pas une réalité objective, mais une construction subjective fondée sur la conscience de la succession des pensées. il illustre ce principe par l'expérience du sommeil profond, où l'on ne perçoit pas le temps qui passe, car on ne pense pas. il en déduit que la durée des choses est "totalement perdue" pour celui qui dort ou ne pense pas. ensuite, il renforce son argumentation en envisageant deux cas hypothétiques où la perception de la durée serait également altérée : celui d'une personne éveillée qui garderait une seule idée à l'esprit, sans changement ni variation, et celui d'une personne qui fixerait attentivement ses pensées sur une chose, sans remarquer la succession des idées qui passent en son esprit. dans ces deux cas, il affirme que la personne croirait que le temps est plus court, car elle ne prendrait pas conscience de la succession des idées. il s'agit donc de montrer que la perception de la durée dépend du nombre et de la variété des idées qui traversent notre entendement. enfin, il conclut en réaffirmant sa thèse principale : "les hommes dérivent leurs idées de la durée de leur réflexion sur l'enchaînement des idées dont ils observent la succession dans leur entendement". il s'agit d'une synthèse qui reprend les termes du début du texte, mais en les inversant : au lieu de dire que les notions de succession et de durée ont pour origine une réflexion sur l'enchaînement des idées, il dit que les hommes dérivent leurs idées de la durée de leur réflexion sur l'enchaînement des idées. il souligne ainsi le caractère actif et volontaire de cette réflexion, qui n'est pas une simple observation passive, mais une opération intellectuelle qui construit nos notions du temps. l'enjeu de ce texte est donc de remettre en cause l'idée d'un temps objectif et uniforme, qui serait indépendant de notre esprit, et de proposer une conception subjective et relative du temps, qui serait fondée sur notre activité mentale. locke s'inscrit ainsi dans une perspective empiriste, qui refuse d'admettre l'existence d'idées innées ou universelles, et qui cherche à expliquer l'origine de nos connaissances à partir de notre expérience sensible et de notre réflexion.

Le texte :

« Les notions de succession et de durée ont pour origine une réflexion sur l'enchaînement des idées que l'on voit apparaître l'une après l'autre dans l'esprit ; cela me paraît évident : on n'a en effet aucune perception de la durée, sauf si l'on considère l'enchaînement des idées qui se succèdent dans l'entendement. Quand cette succession d'idées cesse, la perception de la durée cesse avec elle ; chacun l'expérimente en lui quand il dort profondément, que ce soit une heure ou un jour, un mois ou une année ; il n'a aucune perception de cette durée des choses tant qu'il dort ou ne pense pas : elle est totalement perdue pour lui. Entre le moment où il arrête de penser et celui où il recommence, il lui semble ne pas y avoir de distance. Il en serait de même pour une personne éveillée, je n'en doute pas, s'il lui était possible de garder une seule idée à l'esprit, sans changement ni variation ; quelqu'un qui fixe attentivement ses pensées sur une chose et remarque très peu la succession des idées qui passent en son esprit, laissera passer sans la remarquer une bonne partie de la durée : tant qu'il sera pris par cette contemplation stricte, il croira que le temps est plus court. […] Il est donc pour moi très clair que les hommes dérivent leurs idées de la durée de leur réflexion sur l'enchaînement des idées dont ils observent la succession dans leur entendement ; sans cette observation, ils ne peuvent avoir aucune notion de durée, quoi qu'il arrive dans le monde. »
Locke, Essai sur l'entendement humain

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle est l'origine des notions de succession et de durée selon l'auteur ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que la perception de la durée dépend de l'enchaînement des idées dans l'esprit ?
3) Comment la perception de la durée est-elle affectée lorsque l'enchaînement des idées cesse ?
4) Quelle est la différence entre la perception de la durée lorsqu'on dort profondément et lorsqu'on est éveillé selon l'auteur ?

[B] û Éléments de synth��se

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire possible sur le texte de locke : locke cherche à expliquer l'origine de nos idées de succession et de durée, qui sont des notions fondamentales pour appréhender le temps.

Il part d'une hypothèse qu'il présente comme évidente : ces notions proviennent d'une réflexion sur l'enchaînement des idées qui apparaissent dans notre esprit.

Il s'agit donc d'une origine empirique et subjective, qui dépend de notre expérience intérieure.

Pour appuyer son hypothèse, locke utilise plusieurs arguments fondés sur l'observation et l'expérience.

Il montre d'abord que la perception de la durée cesse quand la succession des idées cesse, comme dans le sommeil profond.

Il en déduit que la durée n'est pas une propriété objective des choses, mais une construction de notre esprit.

Il illustre ensuite son propos par un autre exemple : celui d'une personne qui fixe son attention sur une seule idée, sans variation.

Il affirme que cette personne aurait l'impression que le temps passe plus vite, car elle ne remarquerait pas la succession des idées.

Il s'agit donc d'un phénomène relatif et variable, qui dépend du degré d'attention et de réflexion.

Locke conclut donc que les hommes tirent leurs idées de la durée de leur réflexion sur la succession des idées qu'ils observent dans leur entendement.

Il exclut ainsi toute autre source possible, comme la perception sensible des événements extérieurs.

Il affirme que sans cette observation intérieure, les hommes n'auraient aucune notion de durée, quelles que soient les circonstances.

Locke propose donc une analyse originale et critique des notions de succession et de durée, qui remet en cause la conception classique du temps comme mesure du mouvement.

Il montre que le temps est une construction subjective et relative, qui dépend de l'activité de notre esprit.

Il invite ainsi à réfléchir sur les conditions et les limites de notre connaissance du temps.