• Aristote
La supériorité de l'homme meilleur ou des lois meilleures
justice - justice



Le contexte :

Aristote explore le débat entre être gouverné par un homme vertueux ou par des lois justes. il remet en question l'efficacité des lois écrites et souligne la nécessité d'une à¢me sans passion pour gouverner. cependant, il reconnaà®t également le ràïle essentiel des lois dans la société.

L' auteur :

Aristote

(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.

Le repère :

légal/légitime

Le texte :

« Est-il plus avantageux d'être gouverné par l'homme le meilleur ou par les lois les meilleures ? Ceux qui sont d'avis qu'il est avantageux d'être gouverné par un roi pensent que les lois ne peuvent énoncer que le général sans pouvoir rien prescrire concernant les situations particulières. Ainsi, dans n'importe quel art, il est stupide de se diriger seulement d'après des règles écrites ; et, en Egypte, il est permis au bout de quatre jours aux médecins de s'écarter des traitements prescrits par les manuels, mais s'ils le font avant, c'est à leurs risques et périls. Il est donc manifeste que la constitution qui se conforme à des lois écrites n'est pas, pour la même raison, la meilleure. Pourtant, il faut que cette règle universelle existe pour les gouvernants, et celui à qui n'est, d'une manière générale, attachée aucune passion, est meilleur que celui qui en possède naturellement. Or, la loi n'en a pas, alors qu'il est nécessaire que toute âme humaine en renferme. Mais sans doute semblerait-il, pour répliquer à cela, qu'une personne délibèrera mieux à propos des cas particuliers. Qu'il soit donc nécessaire que cet homme soit législateur et qu'il y ait des lois, c'est évident, mais elles ne doivent pas être souveraines là où elles dévient de ce qui est bon, alors qu'elles doivent être souveraines dans les autres domaines. »
Aristote, Les Politiques

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Selon Aristote, quels sont les avantages et les inconvénients de la gouvernance par les lois ?
2) Comment justifie-t-il le fait que les lois ne peuvent pas prendre en compte les situations particuli��res ?
3) En quoi est-ce que la constitution qui se conforme à des lois écrites n'est pas la meilleure, selon Aristote ?
4) Pourquoi Aristote pense-t-il qu'un homme sans passion est meilleur qu'un autre pour gouverner ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Que signifie la phrase "il est stupide de se diriger seulement d'apr��s des r��gles écrites" ?

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : le texte d'aristote pose la question de savoir si le gouvernement des hommes doit être fondé sur les lois ou sur le mérite d'un individu.

Il s'agit d'un problème politique qui concerne la nature et les limites du pouvoir.

L'auteur commence par présenter l'opinion de ceux qui sont favorables au gouvernement d'un roi, c'est-à-dire d'un homme qui serait le meilleur parmi les citoyens.

Selon eux, les lois ne peuvent pas régler tous les cas particuliers qui se présentent dans la vie sociale, car elles ne sont que des règles générales et abstraites.

Ils prennent l'exemple des arts, comme la médecine, où il faut parfois s'écarter des prescriptions écrites pour adapter le traitement à la situation concrète du patient.

Ils en concluent que la constitution qui se base sur des lois écrites n'est pas la meilleure, car elle ne tient pas compte de la diversité et de la complexité du réel.

Aristote oppose ensuite son propre point de vue, qui est favorable au gouvernement des lois.

Il affirme que les lois ont un avantage sur les hommes, car elles sont exemptes de passion, alors que les hommes sont naturellement sujets à des sentiments qui peuvent altérer leur jugement et leur conduite.

Il reconnaît toutefois que la délibération d'une personne peut être plus pertinente que l'application rigide d'une loi dans certains cas particuliers.

Il propose alors une solution intermédiaire, qui consiste à reconnaître la souveraineté des lois dans la plupart des domaines, mais à leur accorder une certaine flexibilité quand elles s'écartent du bien.

Il suppose donc qu'il existe un critère supérieur aux lois, qui permet de juger de leur conformité au bien.

Le texte d'aristote montre donc qu'il existe une tension entre le général et le particulier, entre la règle et l'exception, entre la loi et le bien, dans le gouvernement des hommes.

Il cherche à résoudre cette tension en combinant les avantages des lois et du mérite individuel, tout en affirmant la primauté du bien comme principe ultime du politique.