• Malebranche
La futilité des sciences sans sagesse
science - bonheur



Le contexte :

Dans ce passage de l'Âoeuvre de malebranche, l'auteur remet en question la valeur des sciences telles que l'astronomie et la chimie en soulignant que leur poursuite obsessionnelle ne conduit pas nécessairement à  la sagesse et au bonheur. il critique la quête de la renommée au détriment de la connaissance de soi et de la véritable sagesse humaine.

L' auteur :

Malebranche

Le repère :

essentiel/accidentel

Le texte :

« Les hommes ne sont pas nés pour devenir astronomes, ou chimistes ; pour passer toute leur vie pendus à une lunette, ou attachés à un fourneau ; et pour tirer ensuite des conséquences assez utiles de leurs observations laborieuses. Je veux  qu'un astronome ait découvert le premier des terres, des mers, et des montagnes dans la lune ; qu'il se soit aperçu le premier des taches qui tournent sur le soleil, et qu'il en ait exactement calculé les mouvements. Je veux qu'un chimiste ait enfin trouvé le secret de fixer le mercure […] : en sont-ils pour cela devenus plus sages et plus heureux ? Ils se sont peut être fait quelques réputation dans le monde ; mais s'ils y ont pris garde, cette réputation n'a fait qu'étendre leur servitude. Les hommes peuvent regarder l'astronomie, la chimie, et presque toutes les autres sciences comme des divertissements d'un honnête homme , mais ils ne doivent pas se laisser surprendre par leur éclat, ni les préférer à la science de l'homme. »
Malebranche

Les questions :



[a] - questions d'analyse
1) Comment est présentée la condition des astronomes et des chimistes selon le texte ?
2) Quels sont les résultats attendus des observations et découvertes réalisées par les astronomes et les chimistes ?
3) Pourquoi les astronomes et les chimistes peuvent-ils acquérir une certaine réputation dans le monde ?
4) Quelle est la différence entre les sciences comme l'astronomie et la chimie, et la "science de l'homme" selon Malebranche ?

[b] - éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "les hommes peuvent regarder l'astronomie, la chimie, et presque toutes les autres sciences comme des divertissements d'un honnête homme, mais ils ne doivent pas se laisser surprendre par leur éclat, ni les préférer à la science de l'homme."
2) À partir des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[c] - commentaire
1) Selon vous, pourquoi Malebranche consid��re-t-il que les sciences comme l'astronomie et la chimie ne doivent pas être préférées à la science de l'homme ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte de Malebranche, discutez la place et l'importance des sciences dans la vie des hommes.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de malebranche :

- dans la première phrase, l'auteur affirme que les hommes ne sont pas nés pour se consacrer à des sciences particulières, comme l'astronomie ou la chimie, et pour en tirer des conséquences utiles.

Il s'agit d'une thèse qui va à l'encontre de l'idée que les sciences sont le but naturel et le plus noble de l'activité humaine.

Il implique que les sciences ne sont pas essentielles à la vie et au bonheur des hommes, et qu'elles ne sont pas conformes à leur vocation originelle.



- dans la deuxième phrase, il concède que certains savants ont fait des découvertes importantes et admirables dans leurs domaines respectifs, comme la connaissance de la lune, du soleil ou du mercure.

Il utilise le verbe "vouloir" pour marquer son consentement à reconnaître ces faits, mais aussi pour montrer qu'il ne les partage pas entièrement.

Il suggère que ces découvertes ne sont pas des fins en soi, mais des moyens pour d'autres fins.



- dans la troisième phrase, il pose la question rhétorique de savoir si ces savants sont devenus plus sages et plus heureux grâce à leurs recherches.

Il sous-entend que la réponse est négative, et qu'au contraire, ils se sont exposés à une servitude accrue.

Il oppose ainsi la sagesse et le bonheur, qui sont les vrais biens de l'homme, à la réputation et à la curiosité, qui sont des illusions et des pièges.

Il critique l'ambition et la vanité des savants, qui se soumettent aux exigences de leurs sciences au lieu de se libérer par la connaissance de soi.



- dans la dernière phrase, il propose une conception modérée et prudente des sciences, qu'il réduit à des divertissements d'un honnête homme.

Il emploie une expression qui renvoie à la morale classique du xviie siècle, fondée sur le sens commun, le bon go¹t et la vertu.

Il invite les hommes à ne pas se laisser éblouir par l'éclat des sciences, ni à les préférer à la science de l'homme, qui est selon lui la plus importante et la plus noble.

Il réaffirme ainsi sa thèse initiale, en la fondant sur une hiérarchie des valeurs.

Le texte de malebranche vise donc à remettre en cause le prestige et l'utilité des sciences particulières, au profit d'une science universelle et morale de l'homme.

Il s'inscrit dans le courant du rationalisme chrétien, qui cherche à concilier la foi et la raison, et qui accorde une place centrale à dieu comme principe explicatif de tout ce qui existe.

Il s'oppose aux courants empiristes et matérialistes, qui valorisent l'expérience sensible et les progrès techniques comme sources de connaissance et de bonheur.