Dans ce texte, wittgenstein remet en question la notion de jugement de valeur absolu en soulignant la relativité de ces jugements. il explique que les termes "bon" ou "correct" n'ont de sens que s'ils sont définis par rapport à un but prédéterminé. ainsi, il met en évidence la différence entre un jugement relatif, qui dépend d'un standard préétabli, et un jugement absolu, qui ne laisse aucune place à la relativité.
(1889-1951) Philosophe autrichien-anglais reconnu pour ses contributions à la philosophie du langage et de la logique. Il est connu pour ses ouvrages où il explore la nature du langage, de la signification et de la réalité, remettant en question la relation entre le langage et le monde.
absolu/relatif
« Si […] je dis que cette chaise est une bonne chaise, cela veut dire qu'elle satisfait un certain but prédéterminé et, en ce cas, le mot �oebon” n'a de signification que pour autant que ce but a été préalablement fixé. En fait, le mot bon pris au sens relatif veut simplement dire conforme à un certain standard prédéterminé. Ainsi, quand nous disons d'un homme qu'il est un bon pianiste, nous voulons dire qu'il peut jouer avec un certain degré de dextérité des partitions d'un certain degré de difficulté. De même, si je dis qu'il m'importe de ne pas attraper froid, je veux dire qu'un refroidissement provoque, dans ma vie, un certain nombre de désagréments qui sont descriptibles, et si je dis d'une route qu'elle est la route correcte, je veux dire qu'elle est correcte par rapport à un certain but. Ces expressions, si elles sont employées de cette façon, ne nous confrontent à aucune difficulté ni à aucun problème profond. Mais ce n'est pas ainsi que l'Éthique les emploie. Supposez que je sache jouer au tennis et que l'un d'entre vous qui me voit jouer dise : �oeVous jouez vraiment mal”, et supposez que je lui réponde : �oeJe sais que je joue mal, mais je ne veux pas mieux jouer”, tout ce qu'il pourrait dire est : �oeEn ce cas tout est pour le mieux”. Mais supposez que j'aie raconté à l'un d'entre vous un incroyable mensonge et qu'il vienne vers moi en me disant : �oeTu te conduis comme un goujat”, et que je lui réponde : �oeJe sais que je me conduis mal, mais je ne veux pas mieux me conduire”, pourrait-il dire alors : �oeDans ce cas tout est pour le mieux” ? Certainement pas. Il dirait : �oeEh bien, tu dois vouloir mieux te conduire”. Vous avez ici un jugement de valeur absolu, alors que le premier exemple était seulement un jugement relatif. »
Wittgenstein, Conférence sur l'Éthique
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment l'auteur définit-il le terme "bon" dans le texte ?
2) Quel est le sens du mot "bon" lorsqu'il est utilisé de mani��re relative ?
3) Quelle est la différence entre l'utilisation du terme "bon" dans le contexte d'un pianiste et dans le contexte de l'éthique ?
4) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que l'utilisation du terme "bon" dans l'Éthique pose des probl��mes profonds ?
[B] û Eléments de synth��se
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
l'auteur, wittgenstein, cherche à distinguer deux sens du mot "bon" : un sens relatif et un sens absolu.
Il veut montrer que l'éthique ne peut pas se réduire à une simple conformité à un but ou à un standard prédéterminé, mais qu'elle implique un jugement de valeur qui ne dépend pas des préférences ou des désirs de chacun.
Pour cela, il commence par donner des exemples de ce qu'il appelle le sens relatif du mot "bon" : une bonne chaise, un bon pianiste, une bonne route.
Il explique que dans ces cas, le mot "bon" signifie simplement que l'objet ou la personne satisfait un certain critère qui a été fixé à l'avance, et qui peut varier selon les situations ou les personnes.
Il s'agit donc d'un jugement qui repose sur une comparaison entre un fait et une norme, et qui peut être vérifié empiriquement.
Ensuite, il oppose à ces exemples le cas de l'éthique, où le mot "bon" prend un sens absolu.
Il imagine une situation où quelqu'un lui reproche d'avoir menti, et où il répond qu'il sait qu'il a mal agi, mais qu'il ne veut pas mieux agir.
Il montre que dans ce cas, la réponse n'est pas satisfaisante, car elle ne tient pas compte du jugement moral qui lui est adressé.
Il s'agit donc d'un jugement qui ne repose pas sur une comparaison entre un fait et une norme, mais sur une exigence qui s'impose à tous, indépendamment des circonstances ou des volontés.
Il s'agit d'un jugement qui ne peut pas être vérifié empiriquement, mais qui relève d'une valeur.
Ainsi, wittgenstein met en évidence la spécificité du langage éthique, qui ne se réduit pas à une description ou à une prescription relative, mais qui exprime une évaluation ou une aspiration absolue.
Il soulève ainsi le problème de la signification et de la justification de ce langage, qui ne peut pas s'appuyer sur les mêmes critères que le langage ordinaire.
Il invite donc à réfléchir sur la nature et la source de la valeur morale.