• Hume
L'humilité de la raison face à  l'incertitude humaine
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Le contexte :

Ce texte de hume met en évidence la propension naturelle des hommes à  être affirmatifs et dogmatiques dans leurs opinions, les poussant à  rejeter tout sentiment opposé. cependant, il souligne que la conscience des limites de l'esprit humain devrait inspirer plus de modestie et de réserve, réduisant ainsi l'orgueil et les préjugés envers les adversaires. l'auteur insiste sur l'importance du doute, de la prudence et de la modestie dans les enquêtes et les décisions rationnelles.

L' auteur :

Hume

(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.

Le repère :

croire/savoir

Le texte :

« Les hommes, pour la plupart, sont naturellement portés à être affirmatifs et dogmatiques dans leurs opinions ; comme ils voient les objets d'un seul côté et qu'ils n'ont aucune idée des arguments qui servent de contrepoids, ils se jettent précipitamment dans les principes vers lesquels ils penchent, et ils n'ont aucune indulgence pour ceux qui entretiennent des sentiments opposés. Hésiter, balancer, embarrasse leur entendement, bloque leur passion et suspend leur action. Ils sont donc impatients de s'évader d'un état qui leur est aussi désagréable, et ils pensent que jamais ils ne peuvent s'en écarter assez loin par la violence de leurs affirmations et l'obstination de leur croyance. Mais si de tels raisonneurs dogmatiques pouvaient prendre conscience des étranges infirmités de l'esprit humain, même dans son état de plus grande perfection, même lorsqu'il est le plus précis et le plus prudent dans ses décisions, une telle réflexion leur inspirerait naturellement plus de modestie et de réserve et diminuerait l'opinion avantageuse qu'ils ont d'eux-mêmes et leur préjugé contre leurs adversaires. Les ignorants peuvent réfléchir à la disposition des savants, qui jouissent de tous les avantages de l'étude et de la réflexion et sont encore défiants dans leurs affirmations ; et si quelques savants inclinaient, par leur caractère naturel, à la suffisance et à l'obstination, une légère teinte de pyrrhonisme  pourrait abattre leur orgueil en leur montrant que les quelques avantages qu'ils ont pu obtenir sur leurs compagnons sont de peu d'importance si on les compare à la perplexité et à la confusion universelles qui sont inhérentes à la nature humaine. En général, il y a un degré de doute, de prudence et de modestie qui, dans les enquêtes et les décisions de tout genre, doit toujours accompagner l'homme qui raisonne correctement. »
Hume, Enquête sur l'entendement humain

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quelles sont les caractéristiques principales des hommes selon l'auteur ?
2) Comment les hommes se comportent-ils face aux opinions opposées ?
3) Quelle est la raison de l'impatience des hommes à s'évader d'un état désagréable ?
4) Pourquoi l'auteur estime-t-il que les raisonneurs dogmatiques devraient faire preuve de plus de modestie et de réserve ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi l'hésitation et le doute peuvent être perçus comme des infirmités de l'esprit humain selon l'auteur.

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : dans ce texte, hume critique l'attitude dogmatique et affirmative de la plupart des hommes dans leurs opinions, et il recommande un degré de doute, de prudence et de modestie dans le raisonnement.

Il développe son argumentation en trois étapes :

- dans la première phrase, il expose le problème : les hommes ont tendance à ne voir qu'un seul côté des choses, à ignorer les arguments contraires, et à se précipiter dans leurs principes sans tolérance pour les autres opinions.

Il montre ainsi que le dogmatisme est une forme d'aveuglement, de passion et d'impulsivité qui empêche la réflexion et l'action raisonnées.



- dans la deuxième phrase, il propose une solution : les hommes devraient prendre conscience des limites et des faiblesses de l'esprit humain, même quand il est le plus rigoureux et le plus prudent.

Il s'appuie sur l'exemple des savants, qui malgré leurs connaissances et leur réflexion, restent prudents et incertains dans leurs affirmations.

Il suggère ainsi que la conscience de nos imperfections doit nous inspirer plus de modestie, de réserve et de respect pour les opinions différentes.



- dans la troisième phrase, il tire une conclusion générale : il y a un degré de doute, de prudence et de modestie qui doit accompagner tout homme qui raisonne correctement.

Il affirme ainsi que le pyrrhonisme, c'est-à-dire le scepticisme modéré qui suspend le jugement face aux apparences trompeuses, est une vertu intellectuelle et morale qui permet d'éviter le dogmatisme et de favoriser l'enquête rationnelle.

Le texte de hume vise donc à remettre en cause l'attitude dogmatique qui prétend détenir la vérité sans examen ni discussion, et à promouvoir une attitude sceptique qui reconnaît les limites de notre entendement et qui cherche à approfondir notre connaissance par le doute et la réflexion.