Dans ce texte extrait des rêveries du promeneur solitaire, rousseau remet en question la possibilité de trouver le bonheur sur terre. pour lui, tout est en perpétuel changement et il est impossible de s'assurer que ce que l'on aime aujourd'hui nous rendra heureux demain. il encourage cependant à profiter du contentement d'esprit quand il survient, sans chercher à l'enchaà®ner par des projets illusoires.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
identité/égalité/différence
« Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l'homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d'y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-même et nul ne peut s'assurer qu'il aimera demain ce qu'il aime aujourd'hui. Ainsi tous nos projets de félicité pour cette vie sont des chimères. Profitons du contentement d'esprit quand il vient ; gardons-nous de l'éloigner par notre faute, mais ne faisons pas des projets pour l'enchaîner, car ces projets-là sont de pures folies. J'ai peu vu d'hommes heureux, peut-être point ; mais j'ai souvent vu des cūurs contents, et de tous les objets qui m'ont frappé c'est celui qui m'a le plus contenté moi-même. Je crois que c'est une suite naturelle du pouvoir des sensations sur mes sentiments internes. Le bonheur n'a point d'enseigne extérieure ; pour le connaître il faudrait lire dans le cūur de l'homme heureux ; mais le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l'accent, dans la démarche et semble se communiquer à celui qui l'aperçoit. »
Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire
[A] û Questions d'analyse
1) Selon l'auteur, pourquoi affirme-t-il que le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait pour l'homme sur terre ?
2) Quel élément de la vie terrestre empêche l'homme d'atteindre un état de bonheur permanent ?
3) Comment l'auteur décrit-il la nature changeante de la vie humaine et de nos désirs ?
4) Quelle distinction l'auteur fait-il entre le bonheur et le contentement ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Pouvez-vous résumer en vos propres mots l'idée principale que l'auteur exprime dans ce texte ?
2) En utilisant les éléments précédents, pouvez-vous décrire la progression de l'argumentation de l'auteur dans le texte ?
[C] û Commentaire
1) Selon vous, l'auteur a-t-il raison de soutenir que le bonheur est un état permanent inaccessible à l'homme sur terre ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances en philosophie, commentez la distinction que fait l'auteur entre le bonheur et le contentement, en expliquant son importance ou sa pertinence dans la réflexion philosophique.
Voici une possible analyse du texte :
dans ce texte, rousseau oppose le bonheur au contentement d'esprit, et montre que le premier est inaccessible et illusoire, tandis que le second est possible et satisfaisant.
- il commence par définir le bonheur comme un état permanent, qui ne correspond pas à la condition humaine, marquée par le changement et l'incertitude.
Il utilise des expressions comme "flux continuel", "tout change", "nul ne peut s'assurer" pour souligner l'instabilité de la vie terrestre, qui rend vains tous les "projets de félicité".
Il emploie aussi des termes négatifs comme "chimères" et "folies" pour dévaloriser ces projets.
Il conclut que le bonheur est un idéal inaccessible, qui ne peut être qu'un objet de rêve ou de désir.
- il oppose ensuite le contentement d'esprit, qu'il présente comme un état passager, mais réel et appréciable.
Il invite à "profiter" de ce contentement quand il se présente, et à ne pas le gâcher par notre faute.
Il s'appuie sur son expérience personnelle pour affirmer qu'il a souvent vu des c£urs contents, et que cela lui a procuré de la satisfaction à lui-même.
Il explique que c'est parce qu'il est sensible aux sensations externes, qui lui permettent de lire le contentement dans les signes visibles du corps et du langage.
Il utilise des expressions comme "se lit dans les yeux", "dans le maintien", "dans l'accent", "dans la démarche" pour montrer que le contentement se manifeste et se communique.
Il termine en affirmant que le contentement est un état plus réel et plus contagieux que le bonheur.
- il établit ainsi une distinction entre deux conceptions du bonheur : l'une idéale et chimérique, l'autre sensible et modeste.
Il remet en cause l'idée commune selon laquelle le bonheur serait un état durable et parfait, et propose une alternative plus adaptée à la nature humaine, fondée sur le plaisir des sensations et la sympathie.
Il invite à renoncer aux illusions du bonheur absolu, et à se contenter du bonheur relatif.