Dans cet extrait de "ou bien... ou bien..." de kierkegaard, l'auteur aborde la notion du devoir en tant que responsabilité intérieure. il souligne que l'individu éthique, orienté en lui-même, ne ressent pas le besoin constant de parler du devoir et de s'inquiéter de le remplir, car il l'incarne dans sa nature la plus intime. ainsi, une vie fondée sur l'éthique procure tranquillité et assurance, tandis qu'une déconnexion avec le devoir rend l'existence malheureuse et pénible.
obligation/contrainte
« Il est assez curieux qu'en parlant du devoir on pense à quelque chose d'extérieur bien que le mot lui-même indique qu'il s'applique à quelque chose d'intérieur ; car ce qui m'incombe, non pas comme à un individu accidentel, mais d'après ma vraie nature, est bien dans le rapport le plus intime avec moi-même. Le devoir n'est pas une consigne, mais quelque chose qui incombe. Si un individu regarde ainsi le devoir, cela prouve qu'il s'est orienté en lui-même. Alors le devoir ne se démembrera pas pour lui en une quantité de dispositions particulières, ce qui indique toujours qu'il ne se trouve qu'en un rapport extérieur avec lui. Il s'est revêtu du devoir, qui est pour lui l'expression de sa nature la plus intime. Ainsi orienté en lui-même, il a approfondi l'éthique et il ne sera pas essoufflé en faisant son possible pour remplir ses devoirs. L'individu vraiment éthique éprouve par conséquent de la tranquillité et de l'assurance, parce qu'il n'a pas le devoir hors de lui, mais en lui. Plus un homme a fondé profondément sa vie sur l'éthique, moins il sentira le besoin de parler constamment du devoir, de s'inquiéter pour savoir s'il le remplit, de consulter à chaque instant les autres pour le connaître enfin. Si l'éthique est correctement comprise, elle rend l'individu infiniment sûr de lui-même ; dans le cas contraire elle le rend tout à fait indécis, et je ne peux pas m'imaginer une existence plus malheureuse ou plus pénible que celle d'un homme à qui le devoir est devenu extérieur et qui, cependant, désire toujours le réaliser. »
Kierkegaard, Ou bien… ou bien..
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le lien entre le devoir et l'intériorité selon l'auteur ?
2) Comment l'auteur définit-il le devoir ?
3) Quelle est la différence entre considérer le devoir comme une consigne et le considérer comme quelque chose qui incombe ?
4) En quoi l'orientation en soi-même est-elle liée à la compréhension de l'éthique selon l'auteur ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi le devoir est lié à la nature la plus intime de l'individu selon l'auteur.
Voici un exemple de commentaire possible du texte :
le texte de kierkegaard porte sur la notion de devoir et son rapport avec l'éthique.
L'auteur cherche à montrer que le devoir n'est pas une contrainte extérieure, mais une expression de la nature intérieure de l'individu.
Il oppose deux conceptions du devoir : l'une qui le considère comme une consigne, l'autre qui le considère comme quelque chose qui incombe.
Il défend la seconde conception, qu'il juge plus profonde et plus authentique, et critique la première, qu'il juge superficielle et aliénante.
Dans le premier paragraphe, kierkegaard commence par souligner le paradoxe entre le sens étymologique du mot devoir, qui renvoie à quelque chose d'intérieur (ce qui m'incombe), et l'usage courant du mot, qui renvoie à quelque chose d'extérieur (une consigne).
Il affirme que le devoir véritable est celui qui correspond à la vraie nature de l'individu, et non à une identité accidentelle ou contingente.
Il s'agit donc d'un rapport intime avec soi-même, et non avec une autorité ou une norme extérieure.
Dans le deuxième paragraphe, kierkegaard développe les conséquences de cette conception intérieure du devoir.
Il montre que l'individu qui se conforme à son devoir intérieur n'a pas besoin de se soucier d'une multitude de prescriptions particulières, qui témoignent d'un rapport extérieur au devoir.
Au contraire, il s'identifie au devoir, qui devient l'expression de sa nature la plus intime.
Il s'agit donc d'une orientation en soi-même, qui permet d'approfondir l'éthique et de ne pas se fatiguer à remplir ses devoirs.
Dans le troisième paragraphe, kierkegaard expose les effets psychologiques de cette conception intérieure du devoir.
Il affirme que l'individu vraiment éthique éprouve de la tranquillité et de l'assurance, car il n'a pas le sentiment d'être soumis à une contrainte extérieure, mais d'être en accord avec lui-même.
Il n'a pas besoin de parler constamment du devoir, ni de s'inquiéter de le remplir, ni de consulter les autres pour le connaître.
Il est infiniment s¹r de lui-même, car il a fondé sa vie sur l'éthique.
Dans le dernier paragraphe, kierkegaard oppose cette conception intérieure du devoir à celle qui le considère comme une consigne extérieure.
Il montre que cette dernière conception rend l'individu indécis et malheureux, car il est toujours dans le doute et dans la dépendance vis-à-vis du devoir.
Il ne peut pas réaliser son authenticité, ni sa liberté.
Il s'agit donc d'une existence pénible et aliénée.
On peut conclure que kierkegaard défend une conception existentielle du devoir, qui repose sur la fidélité à soi-même et sur la responsabilité individuelle.
Il critique une conception morale du devoir, qui repose sur la soumission à des règles extérieures et sur la conformité sociale.
Il invite ainsi à réfléchir sur le sens du devoir et sur les conditions d'une vie éthique authentique.