Dans ce passage du léviathan, hobbes explore la question de la liberté individuelle dans une société régie par des lois. il souligne que la liberté des individus ne peut exister que dans les domaines non réglementés par les lois, tels que les choix personnels et les activités économiques.
(1588-1679) Philosophe Contractualiste comme Locke et Rousseau ; selon eux le pouvoir politique serait issu d'un accord passé librement entre les hommes : un contrat social. Hobbes pense ce contrat à l'aune de ce qu'il y avait avant, « l'état de Nature ».
contingent/nécessaire
« Étant donné en effet qu'il n'existe pas au monde de République où l'on ait établi suffisamment de règles pour présider à toutes les actions et paroles des hommes (car cela serait impossible), il s'ensuit nécessairement que dans tous les domaines d'activité que les lois ont passés sous silence, les gens ont la liberté de faire ce que leur propre raison leur indique comme leur étant le plus profitable. Car si nous prenons le mot de liberté dans son sens propre de liberté corporelle, c'est-à-dire de n'être ni enchaîné ni emprisonné, il serait tout à fait absurde, de la part des hommes, de crier comme ils le font pour obtenir cette liberté dont ils jouissent si manifestement. D'autre part, si nous entendons par liberté le fait d'être soustrait aux lois, il n'est pas moins absurde, de la part des hommes, de réclamer comme ils le font cette liberté qui permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies. Et cependant, aussi absurde que ce soit, c'est bien ce qu'ils réclament ; ne sachant pas que les lois sont sans pouvoir pour les protéger s'il n'est pas un glaive entre les mains d'un homme (ou de plusieurs), pour faire exécuter ces lois. La liberté des sujets ne réside par conséquent que dans les choses qu'en réglementant leurs actions le souverain a passées sous silence, par exemple la liberté d'acheter, de vendre, et de conclure d'autres contrats les uns avec les autres ; de choisir leur résidence, leur genre de nourriture, leur métier, d'éduquer leurs enfants comme ils le jugent convenable, et ainsi de suite. »
Hobbes, Léviathan
[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le constat fait par l'auteur au sujet des r��gles établies dans une République ?
2) Que signifie le mot "liberté" dans son sens propre selon l'auteur ?
3) Comment l'auteur justifie-t-il l'absurdité de réclamer une liberté corporelle ?
4) Quelle est la relation entre les lois, le pouvoir exécutif et la liberté des sujets selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "La liberté des sujets ne réside par conséquent que dans les choses qu'en réglementant leurs actions le souverain a passées sous silence."
Voici une possible analyse du texte de hobbes :
- dans le premier paragraphe, hobbes définit la liberté comme l'absence de contrainte extérieure (ni enchaîné ni emprisonné) et comme l'usage de la raison individuelle pour agir selon son intérêt (faire ce que leur propre raison leur indique comme leur étant le plus profitable).
Il oppose cette conception de la liberté à celle qui consisterait à être soustrait aux lois, qu'il juge absurde et dangereuse, car elle conduirait à l'anarchie et à la guerre de tous contre tous.
Il montre que les lois sont nécessaires pour protéger les hommes et qu'elles doivent être accompagnées d'un pouvoir coercitif (un glaive) pour être respectées.
Il s'agit donc d'une conception réaliste et pragmatique de la liberté, qui prend en compte la nature humaine et les conditions de la vie en société.
- dans le deuxième paragraphe, hobbes précise le domaine de la liberté des sujets, qui se limite aux choses que le souverain n'a pas réglementées.
Il donne des exemples de ces choses, qui relèvent du commerce, du choix de vie, de l'éducation.
Il s'agit donc d'une conception restrictive et négative de la liberté, qui se définit par rapport à ce qui n'est pas interdit.
Il n'y a pas de place pour une liberté positive, qui serait fondée sur la participation des citoyens aux affaires publiques ou sur l'expression de leurs opinions.
La liberté des sujets est subordonnée à l'autorité du souverain, qui détient le monopole de la violence légitime et de la législation.