Ce texte de sénàùque explore la tristesse qui peut envahir l'à¢me face aux crimes et à la débauche présents dans la société. l'auteur invite à adopter une attitude détachée et à rire de ces vices plutàït que de s'en indigner, afin de préserver sa propre sérénité. il souligne également que le rire est plus naturel à l'homme que les larmes.
identité/égalité/différence
« Rien ne sert de s'être débarrassé des causes de tristesse personnelle : quelquefois en effet, c'est le dégoût du genre humain qui nous envahit à l'idée de tous ces crimes qui réussissent à leurs auteurs. Quand on songe à quel point la droiture est rare et l'intégrité bien cachée ; quand on se dit que la loyauté ne se rencontre guère que lorsqu'elle est intéressée, que la débauche recueille des profits aussi détestables que ses pertes, que l'ambition politique, incapable de rester dans ses limites, va jusqu'à trouver son éclat dans la honte, alors l'âme s'enfonce dans la nuit ; et devant les ruines des vertus qu'il est aussi impossible d'espérer trouver qu'inutile de posséder, on se sent envahi par les ténèbres. Aussi devons-nous prendre l'habitude de ne pas nous indigner de tous les vices de la foule, mais d'en rire, et d'imiter Démocrite plutôt qu'Héraclite : celui-ci ne pouvait sortir en ville sans pleurer, celui-là sans rire ; l'un ne voyait dans nos actes que misère, l'autre que sottise. Il faut donc ramener les choses à leurs justes proportions et les supporter avec bonne humeur : il est d'ailleurs plus conforme à la nature humaine de rire de la vie que d'en pleurer. »
Sénèque
[A] - Questions d'analyse :
1. Comment l'auteur décrit-il la réaction de l'âme face à la rareté de la droiture et de l'intégrité ?
2. Quel est le conseil de l'auteur pour faire face à cette réaction ?
3. Comment l'auteur compare-t-il les réactions de Démocrite et d'Héraclite face à la vie ?
4. Pourquoi l'auteur pense-t-il qu'il est plus naturel de rire de la vie que d'en pleurer ?
[B] - Éléments de synth��se :
1. Expliquez la phrase : "Il est d'ailleurs plus conforme à la nature humaine de rire de la vie que d'en pleurer."
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire :
1. Selon vous, est-il plus facile de rire de la vie que d'en pleurer ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'humour est une forme de défense contre la tristesse.
- introduction : présentez brièvement le texte (auteur, contexte, thème) et annoncez la problématique et le plan de votre analyse.
- par exemple : ce texte est extrait de la lettre 15 de sénèque, un philosophe sto´cien du ier siècle après j.
, adressée à son ami lucilius.
Il traite du bonheur et de la sagesse face aux vices et aux malheurs du monde.
Sénèque se demande comment réagir devant la corruption et l'injustice qui règnent dans la société humaine.
Doit-on s'en affliger ou s'en moquer ? il propose alors une réponse fondée sur la doctrine sto´cienne, qui consiste à se détacher des passions et à se conformer à la raison.
Nous verrons comment il développe son argumentation en trois étapes : d'abord, il expose le sentiment de dégo¹t qui peut nous envahir face aux crimes impunis ; ensuite, il conseille de ne pas s'indigner mais de rire des vices de la foule ; enfin, il justifie cette attitude par le respect de la nature humaine.
- développement : analysez chaque partie du texte en suivant le plan annoncé, en reprenant les trois questionnements (quoi, comment, pourquoi) à chaque fois que vous abordez une nouvelle idée.
- par exemple :
- première partie : le dégo¹t du genre humain
- quoi : sénèque commence par énoncer une thèse générale : "rien ne sert de s'être débarrassé des causes de tristesse personnelle".
Il s'agit d'une négation qui implique qu'il existe d'autres sources de tristesse que celles qui nous touchent personnellement.
Il introduit alors une cause particulière : "c'est le dégo¹t du genre humain qui nous envahit à l'idée de tous ces crimes qui réussissent à leurs auteurs".
Il s'agit d'une expression forte qui montre l'ampleur du malaise que provoque la vue du mal dans le monde.
Il précise ensuite les motifs de ce dégo¹t en énumérant les vices qui caractérisent la société humaine : la rareté de la droiture et de l'intégrité, l'intérêt qui motive la loyauté, les profits et les pertes de la débauche, l'ambition politique sans limites ni honneur.
Il s'agit d'une gradation qui va du plus commun au plus grave, et qui met en évidence le contraste entre les valeurs morales et les réalités sociales.
- comment : sénèque utilise plusieurs procédés rhétoriques pour renforcer son propos.
Il emploie des termes péjoratifs pour qualifier les vices humains : "dégo¹t", "crimes", "débauche", "honte".
Il recourt à des figures d'opposition pour souligner les contradictions entre les principes et les faits : "droiture" / "rare", "intégrité" / "bien cachée", "loyauté" / "intéressée", "éclat" / "honte".
Il fait appel à des hyperboles pour accentuer l'effet dramatique : "tous ces crimes", "l'âme s'enfonce dans la nuit", "les ruines des vertus".
Il utilise des métaphores pour exprimer le sentiment d'obscurité et de désespoir : "la nuit", "les ténèbres", "les ruines".
- pourquoi : sénèque cherche à montrer que le bonheur personnel ne suffit pas à nous rendre heureux, si nous sommes sensibles au malheur collectif.
Il veut nous faire prendre conscience de la corruption et de l'injustice qui règnent dans le monde, et qui sont contraires à la raison et à la vertu.
Il veut nous faire ressentir l'émotion qu'il éprouve lui-même devant ce spectacle affligeant, et qui le conduit à remettre en question sa propre morale.
- deuxième partie : le rire plutôt que les larmes
- quoi : sénèque passe ensuite à une autre thèse : "aussi devons-nous.