• Augustin
La dualité de l'à¢me et de la volonté
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Le contexte :

Dans ce passage des confessions d'augustin, l'auteur explore la complexité de l'à¢me et de la volonté. il met en évidence la difficulté qu'éprouve l'à¢me à  se commander à  elle-même et à  réaliser ses propres volontés, créant ainsi une dualité qui entrave son accomplissement.

L' auteur :

Augustin

(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.

Le repère :

médiat/immédiat

Le texte :

« L'âme commande au corps, et elle est immédiatement obéie. L'âme se commande à elle-même, et elle rencontre une résistance. L'âme commande à la main de remuer, et la chose se fait si facilement que c'est à peine si l'on peut distinguer l'ordre de son exécution. Et pourtant l'âme est âme, la main est corps. L'âme commande de vouloir à l'âme, c'est-à-dire à soi-même, et elle n'agit pas. D'où vient ce prodige ? Quelle en est la cause ? Elle lui commande, dis-je, de vouloir ; elle ne commanderait pas si elle ne voulait pas, et ce qu'elle commande ne s'exécute point. C'est qu'elle ne veut pas totalement ; aussi ne commande-t-elle pas totalement. Elle ne commande que dans la mesure où elle veut, et la défaillance de l'exécution est en relation directe avec la défaillance de sa volonté, puisque la volonté appelle à l'être une volonté qui n'est pas autre chose qu'elle-même. Donc elle ne commande pas pleinement : voilà pourquoi son ordre ne s'exécute pas. Si elle se mettait tout entière dans son commandement, elle n'aurait pas besoin de se commander d'être, elle serait déjà. Cette volonté partagée qui veut à moitié, et à moitié ne veut pas, n'est donc nullement un prodige : c'est une maladie de l'âme. La vérité la soulève sans réussir à la redresser complètement, parce que l'habitude pèse sur elle de tout son poids. Il y a donc deux volontés, dont aucune n'est complète, et ce qui manque à l'une, l'autre le possède. »
Augustin, Les Confessions

Les questions :



[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le paradoxe mis en avant dans le texte concernant l'action de l'âme sur le corps et sur elle-même ?
2) Que signifie le fait que l'âme rencontre une résistance quand elle se commande à elle-même ?
3) Comment le texte explique-t-il la différence entre la commande de l'âme au corps et la commande de l'âme à elle-même ?
4) Quelles sont les conséquences de cette dualité de volonté et de commande pour l'action de l'âme selon le texte ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Elle ne commande que dans la mesure o�� elle veut, et la défaillance de l'exécution est en relation directe avec la défaillance de sa volonté."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez lÆidée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] û Commentaire
1) Est-ce que la dualité de volonté présentée dans le texte a des implications sur la notion de liberté de l'âme ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si cette dualité de volonté est un phénom��ne universel ou spécifique à certaines situations.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : dans ce texte, augustin, philosophe et théologien du ive siècle, s'interroge sur le rapport entre l'âme et la volonté, et sur les causes de la résistance que l'âme rencontre parfois en se commandant à elle-même.

Il s'agit d'un extrait des confessions, une £uvre autobiographique où il raconte son cheminement spirituel vers le christianisme.

Le texte se présente comme un dialogue intérieur entre l'auteur et dieu, qui est la source de la vérité.

Le thème principal du texte est celui de la liberté de l'âme, qui est entravée par la division de la volonté.



- dans un premier temps, augustin oppose deux situations : celle où l'âme commande au corps, et celle où elle se commande à elle-même.

Il constate que dans le premier cas, il y a une obéissance immédiate et facile, tandis que dans le second cas, il y a une résistance et une défaillance.

Il s'étonne de ce contraste, qu'il qualifie de "prodige", et il en cherche la cause.

Il utilise des phrases courtes et interrogatives, qui expriment son étonnement et son questionnement.

Il emploie le pronom personnel "elle" pour désigner l'âme, ce qui montre qu'il s'agit d'un sujet distinct du corps, mais aussi de lui-même.

Il utilise le verbe "commander" pour désigner l'action de l'âme sur le corps ou sur elle-même, ce qui implique une idée d'autorité et de maîtrise.

Il souligne la différence entre les deux situations par des oppositions : "immédiatement / rencontre une résistance", "si facilement / ne s'exécute point".

Il met en évidence la spécificité du second cas par des formules emphatiques : "c'est-à-dire à soi-même", "d'où vient ce prodige ? quelle en est la cause ?".

Par ce premier mouvement, augustin pose le problème de la liberté de l'âme, qui semble être limitée par quelque chose qui lui échappe.



- dans un second temps, augustin propose une explication à ce phénomène : il affirme que la résistance que l'âme rencontre en se commandant à elle-même vient du fait qu'elle ne veut pas totalement.

Il s'appuie sur un raisonnement logique, qui part d'un principe général ("elle ne commanderait pas si elle ne voulait pas") pour en déduire une conséquence particulière ("ce qu'elle commande ne s'exécute point").

Il utilise des termes qui expriment la mesure et la proportion : "ne veut pas totalement", "ne commande pas totalement", "en relation directe".

Il introduit une distinction entre la volonté qui commande et la volonté qui exécute, qui sont toutes deux des aspects de l'âme.

Il conclut que si l'âme se mettait tout entière dans son commandement, elle n'aurait pas besoin de se commander d'être, elle serait déjà.

Il utilise des conditionnels et des subjonctifs, qui marquent l'hypothèse et le souhait.

Il emploie le verbe "être" pour désigner le but ultime de l'âme, qui est de réaliser sa nature et sa vocation.

Par ce second mouvement, augustin expose sa thèse sur la cause de la résistance de l'âme : il s'agit d'une division de la volonté, qui empêche l'âme d'être pleinement elle-même.



- dans un troisième temps, augustin évalue les implications de sa thèse : il affirme que cette volonté partagée n'est pas un prodige, mais une maladie de l'âme.

Il reprend le terme qu'il avait employé au début du texte pour exprimer son étonnement, mais il le nie cette fois-ci.

Il utilise une métaphore médicale pour qualifier la situation de l'âme : elle est malade, c'est-à-dire qu'elle souffre d'un désordre qui affecte son fonctionnement normal.

Il explique que cette maladie vient de deux facteurs : la vérité, qui soulève l'âme vers le bien, et l'habitude, qui pèse sur elle vers le mal.

Il oppose ces deux termes par des antonymes : "soulève.