Dans cet extrait des "lois" de cicéron, la question fondamentale de la moralité est explorée. cicéron s'interroge sur la véritable nature de l'injustice, se demandant si la peur des chà¢timents ou l'intrinsàùque laideur de l'acte criminel guide le comportement humain. il met en lumiàùre le dilemme entre agir vertueusement par conviction ou par intérêt personnel, interrogeant ainsi la véritable essence de la vertu et de la moralité.*
légal/légitime
« Si les châtiments seuls, et non la nature, détournaient les hommes de l'injustice, une fois la crainte des châtiments ôtée, de quoi les méchants pourraient-ils s'inquiéter ? Cependant il ne s'est jamais rencontré criminel assez effronté, ou pour ne pas nier qu'il eût commis le crime, ou pour ne pas alléguer sa propre souffrance comme un motif légitime, ou pour ne pas chercher dans le droit naturel quelque moyen de défense. Si les méchants osent invoquer pareilles excuses, à plus forte raison pourront-elles l'être par les gens de bien. Si seule la peine encourue, la crainte du châtiment, et non la laideur même de l'acte, détourne les hommes d'une vie injuste et criminelle, personne n'est injuste : les méchants doivent plutôt être considérés comme des hommes qui calculent mal. Et nous qui ne sommes pas déterminés à être des gens de bien par la recherche de l'honnêteté elle-même, mais par celle de l'utilité et du profit, nous sommes habiles et non vertueux. Que fera en effet dans les ténèbres l'homme qui n'a d'autre crainte que celle du témoin ou du juge ? S'il vient à rencontrer en un lieu désert un homme chargé d'or et qu'il peut dépouiller, un être seul et sans défense, que fera-t-il ? En pareille occurrence notre homme de bien à nous, celui qui est juste et bon parce que la nature le veut, conversera avec le voyageur, l'aidera, le remettra dans son chemin. Quant à celui qui ne fait rien pour autrui et qui, en toutes choses, prend pour mesure son intérêt, vous voyez, je pense, ce qu'il fera. Niera-t-il qu'il veuille en pareil cas attenter à la vie de son semblable et lui prendre son or ? S'il s'en abstient, ce ne sera jamais parce qu'il juge pareille action laide au regard de la nature, mais parce qu'il craint d'être découvert et d'en subir les conséquences. »
Cicéron, Les lois
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est l'idée principale exprimée dans ce texte de Cicéron ?
2) Que signifie le fait que les méchants cherchent des excuses pour justifier leurs actes ?
3) Comment l'auteur définit-il les méchants et les gens de bien dans ce texte ?
4) Quelle est la différence entre être habile et être vertueux selon Cicéron ?
[B] - Éléments de synth��se
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, cicéron s'interroge sur les fondements de la justice et de la vertu.
Il oppose deux conceptions : celle qui fait reposer la justice sur les châtiments imposés par la loi, et celle qui la fait dépendre de la nature humaine.
Il cherche à montrer que la seconde est plus conforme à la raison et à la morale.
Pour cela, il commence par mettre en doute l'efficacité des châtiments pour dissuader les hommes de l'injustice.
Il utilise une hypothèse : si les châtiments seuls détournaient les hommes de l'injustice, alors une fois la crainte des châtiments ôtée, les méchants n'auraient plus rien à craindre.
Il s'agit d'un raisonnement par l'absurde, qui vise à réfuter une thèse en montrant ses conséquences absurdes ou contradictoires.
Cicéron souligne ainsi le caractère arbitraire et contingent des châtiments, qui ne sont pas des principes universels et immuables.
Ensuite, il observe le comportement des criminels, qui cherchent toujours à nier ou à justifier leurs actes.
Il en déduit que même les méchants ont une conscience du bien et du mal, qu'ils essaient de se conformer au droit naturel.
Il s'agit d'un argument fondé sur l'expérience, qui vise à illustrer sa thèse par des exemples concrets et réalistes.
Cicéron montre ainsi que la justice n'est pas une simple convention humaine, mais qu'elle repose sur une loi inscrite dans la nature.
Enfin, il oppose deux types d'hommes : ceux qui sont vertueux par amour de l'honnêteté, et ceux qui sont habiles par calcul de l'utilité.
Il utilise une autre hypothèse : si un homme rencontre un voyageur chargé d'or dans un lieu désert, que fera-t-il ? il s'agit d'un raisonnement par cas, qui vise à tester la validité d'une thèse en examinant ses conséquences dans une situation particulière.
Cicéron montre ainsi que la vertu ne peut pas se réduire à l'évitement du châtiment, mais qu'elle exige un respect de la dignité humaine.
Ainsi, cicéron défend l'idée que la justice est fondée sur la nature, et non sur les châtiments.
Il enjeu de ce texte est de promouvoir une morale universelle et rationnelle, qui ne dépend pas des circonstances ni des intérêts particuliers.