Rousseau explore deux approches pour atteindre le bonheur la satisfaction des passions et leur modération. bien que la premiàùre procure une jouissance intense, sa durée est éphémàùre et engendre une inquiétude future. en revanche, la seconde offre une tranquillité d'esprit durable et renforce le bonheur au fil du temps.
(1712-1778) Repense les structures de la société et de l'éducation à son époque. Son effort philosophique vise à unifier sous une même pensée la relation qu'ont les hommes entre eux dans la société, l'effet de la société moderne sur ces derniers, et la source de cette relation.
contingent/nécessaire
« Je conçois deux manières d'arriver à la félicité . L'une en satisfaisant ses passions et l'autre en les modérant : par la première on jouit, par la seconde on ne désire point, et l'on serait heureux par toutes deux s'il ne manquait à l'une cette durée et à l'autre cette vivacité qui constituent le vrai bonheur. Les routes pour arriver à ces deux états sont entièrement opposées, il faut donc opter, et le choix est aisé si l'on compare les effets de l'un et de l'autre. On ne saurait nier qu'un homme qui savoure à longs traits le plaisir et la volupté ne soit actuellement plus heureux et ne jouisse mieux des charmes de la vie que celui qui ne désire ni ne possède point. Deux choses me semblent pourtant rendre l'état du dernier préférable. En premier lieu : plus l'action du plaisir est vive, et moins elle a de durée ; c'est un fait incontesté. On perd donc sur le temps ce qu'on gagne sur le sentiment ; jusqu'ici tout serait compensé. Mais voici en quoi la chose n'est pas égale : c'est que le goût ardent des plaisirs agit d'une telle manière sur l'imagination qu'elle reste émue, même après l'effet du sentiment, et prolonge ainsi le désir plus loin que la possibilité de le satisfaire. D'où je conclus que la jouissance immodérée du plaisir est pour l'avenir un principe d'inquiétude. Au contraire : les peines d'un homme qui, sans avoir joui, n'a que quelques désirs à combattre, diminuent à mesure qu'il gagne du temps, et la longue tranquillité de l'âme lui donne plus de force pour la conserver toujours. Son bonheur augmente à mesure que celui de l'autre diminue. »
Rousseau, Mémoire à M. De Mably
Voici une possible analyse du texte de rousseau :
- le texte présente deux manières d'arriver à la félicité, c'est-à-dire au bonheur : l'une consiste à satisfaire ses passions, l'autre à les modérer.
L'auteur va comparer ces deux voies et montrer pourquoi il préfère la seconde.
- il commence par reconnaître que la satisfaction des passions procure un plaisir et une jouissance plus intenses que la modération, qui implique de ne pas désirer ni posséder.
Il admet donc que le bonheur peut se définir par la sensation agréable que l'on éprouve quand on obtient ce que l'on veut.
- mais il va ensuite nuancer cette conception du bonheur en invoquant deux critères : la durée et la vivacité.
Il affirme que le plaisir intense est éphémère, tandis que la modération permet une tranquillité durable.
Il oppose donc le bonheur comme état stable et paisible au bonheur comme moment fugitif et passionné.
- il ajoute un autre argument pour défendre la modération : il montre que le plaisir excessif a un effet négatif sur l'imagination, qui reste excitée par le désir même quand le plaisir n'est plus possible.
Il en déduit que la jouissance immodérée est source d'inquiétude et de frustration pour l'avenir.
Il oppose donc le bonheur comme satisfaction réelle au bonheur comme illusion trompeuse.
- il conclut en affirmant que le bonheur de l'homme qui modère ses passions augmente avec le temps, tandis que celui de l'homme qui les satisfait diminue.
Il suggère donc que le bonheur est lié à la maîtrise de soi et à la sagesse, plutôt qu'à la dépendance aux objets extérieurs et à l'impulsion des sens.