• Mill
La nécessité de confronter les arguments pour atteindre la vérité
raison - vérité



Le contexte :

Dans ce texte extrait de "de la liberté" de mill, l'auteur souligne l'importance de ne pas se contenter d'un seul point de vue dans une argumentation. il explique que pour pouvoir véritablement se forger une opinion, il est essentiel de connaà®tre et de comprendre les arguments de la partie adverse, en les écoutant de la bouche même de ceux qui les défendent sérieusement. cette confrontation permet de saisir toute la complexité du sujet et d'approcher au plus pràùs de la vérité.

Le repère :

analyse/synthèse

Le texte :

« Celui qui connait seulement son propre argument dans une affaire en connaît peu de chose. Il est possible que son raisonnement soit bon et que personne ne soit arrivé à le réfuter. Mais s'il est, lui aussi, incapable de réfuter le raisonnement de la partie adverse. et s'il n'en a même pas connaissance, il n'a aucune raison de préférer une opinion à une autre. La position rationnelle à adopter dans son cas serait la suspension du jugement, et faute de savoir s'en contenter, soit il se laisse conduire par l'autorité, soit il adopte, comme la majorité des gens, le parti pour lequel il éprouve le penchant le plus fort. Il ne suffit pas non plus qu'il écoute les arguments de ses adversaires de la bouche de ses propres maîtres, présentés à leur façon, et accompagnés de ce qu'ils proposent comme des réfutations. Ce n'est pas comme cela que l'on rend justice aux arguments, ou qu'on les confronte vraiment avec son propre esprit. On doit être capable de les écouter de la bouche même des personnes qui les croient réellement, qui les défendent sérieusement, et qui font tout leur possible pour les soutenir, Il faut les connaître sous leur forme la plus plausible et la plus persuasive et il faut sentir toute la force de la difficulté que la véritable conception du sujet doit affronter et résoudre ; sans quoi on ne possède jamais réellement soi-même cette partie de la vérité qui affronte la difficulté et la supprime. »
Mill, De la Liberté

Les questions :



[A] - Questions d'analyse :
1) Quelle est l'importance de connaître les arguments de la partie adverse dans une affaire ?
2) Comment le texte définit-il la position rationnelle à adopter dans le cas o�� l'on ne peut réfuter le raisonnement de la partie adverse ?
3) Quelle est la différence entre écouter les arguments de ses adversaires de la bouche de ses propres maîtres et les entendre de la bouche même des personnes qui les croient réellement ?
4) Pourquoi est-il nécessaire de comprendre les arguments de la partie adverse dans leur forme la plus plausible et persuasive pour pouvoir prétendre posséder réellement cette partie de la vérité ?

[B] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase : "La position rationnelle à adopter dans son cas serait la suspension du jugement, et faute de savoir s'en contenter, soit il se laisse conduire par l'autorité, soit il adopte, comme la majorité des gens, le parti pour lequel il éprouve le penchant le plus fort."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire :
1) Selon vous, pourquoi est-il nécessaire de confronter les arguments de la partie adverse avec son propre esprit pour rendre justice aux arguments ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la suspension du jugement est une position rationnelle à adopter dans une affaire.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire possible du texte : dans ce texte, mill défend l'idée que pour avoir une opinion rationnelle sur une question, il faut connaître et comprendre les arguments des deux parties en présence, et non pas se contenter de son propre raisonnement ou de celui de ses maîtres.

Il s'agit donc d'un plaidoyer pour la liberté d'expression et la confrontation des opinions, qui sont selon lui les conditions nécessaires à la recherche de la vérité.



- il commence par affirmer que celui qui ne connaît que son propre argument dans une affaire en connaît peu de chose.

Il montre ainsi que la connaissance d'une seule partie du débat est insuffisante et expose à l'erreur ou au préjugé.

Il prend l'exemple d'un raisonnement qui serait bon en soi, mais qui ne serait pas confronté à celui de la partie adverse.

Il en déduit que dans ce cas, il n'y a aucune raison de préférer une opinion à une autre, puisque l'on ignore les raisons qui pourraient la contredire ou la nuancer.

Il souligne alors que la position rationnelle à adopter serait la suspension du jugement, c'est-à-dire le refus de se prononcer tant que l'on n'a pas examiné tous les aspects de la question.

Mais il reconnaît que cette attitude est difficile à tenir, et que la plupart des gens se laissent guider par l'autorité ou par leurs passions, ce qui est contraire à l'esprit critique.



- il poursuit en affirmant qu'il ne suffit pas non plus d'écouter les arguments des adversaires de la bouche de ses propres maîtres, présentés à leur façon, et accompagnés de ce qu'ils proposent comme des réfutations.

Il montre ainsi que la connaissance indirecte et partiale des arguments opposés est également insuffisante et expose à la mauvaise foi ou à la caricature.

Il prend l'exemple d'un élève qui se contenterait de reprendre les arguments et les réfutations de ses professeurs, sans chercher à se faire sa propre idée.

Il en déduit que dans ce cas, on ne rend pas justice aux arguments, ni qu'on les confronte vraiment avec son propre esprit.

Il souligne alors que pour être impartial et honnête, il faut être capable d'écouter les arguments des personnes qui y croient vraiment, qui les défendent sérieusement, et qui font tout leur possible pour les soutenir.

Il s'agit donc de se mettre à la place des adversaires, de les écouter avec attention et respect, et de reconnaître leurs mérites.



- il termine en affirmant qu'il faut connaître les arguments opposés sous leur forme la plus plausible et la plus persuasive et sentir toute la force de la difficulté que la véritable conception du sujet doit affronter et résoudre.

Il montre ainsi que la connaissance approfondie et nuancée des arguments opposés est nécessaire et bénéfique pour affiner sa propre opinion et progresser vers la vérité.

Il prend l'exemple d'un problème complexe qui nécessite de prendre en compte tous les aspects du sujet, même les plus délicats ou les plus controversés.

Il en déduit que dans ce cas, on ne possède jamais réellement soi-même cette partie de la vérité qui affronte la difficulté et la supprime.

Il souligne alors que pour être rationnel et véridique, il faut accepter le défi des arguments contraires, les examiner avec rigueur et les réfuter avec pertinence.

Il s'agit donc de se mettre à l'épreuve des adversaires, de les considérer comme des partenaires et non comme des ennemis, et de reconnaître leurs apports.

On peut conclure que ce texte est un argument en faveur de la liberté d'expression et du dialogue entre les opinions divergentes, qui sont selon mill les moyens indispensables pour accéder à une connaissance rationnelle et véritable des questions humaines.

Mill s'oppose ainsi à toute forme de dogmatisme ou d'intolérance, qui empêchent le progrès de la pensée et le respect des personnes.