Dans cet extrait de "le citoyen", hobbes remet en question l'idée selon laquelle l'homme serait naturellement enclin à vivre en société. selon lui, la société n'est pas une nécessité inhérente à la nature humaine, mais plutàït le résultat des avantages que chacun peut en retirer. il remet ainsi en cause l'idée commune selon laquelle l'homme serait un "animal politique".
(1588-1679) Philosophe Contractualiste comme Locke et Rousseau ; selon eux le pouvoir politique serait issu d'un accord passé librement entre les hommes : un contrat social. Hobbes pense ce contrat à l'aune de ce qu'il y avait avant, « l'état de Nature ».
contingent/nécessaire
« La plupart de ceux qui ont écrit touchant les républiques, supposent ou demandent, comme une chose qui ne leur doit pas être refusée, que l'homme est un animal politique […] né avec une certaine disposition naturelle à la société. Sur ce fondement?là ils bâtissent la doctrine civile ; de sorte que pour la conservation de la paix, et pour la conduite de tout le genre humain, il ne faut plus rien sinon que les hommes s'accordent et conviennent de l'observation de certains pactes et conditions, auxquelles alors ils donnent le titre de lois. Cet axiome, quoique reçu si communément, ne laisse pas d'être faux, et l'erreur vient d'une trop légère contemplation de la nature humaine. Car si l'on considère de plus près les causes pour lesquelles les hommes s'assemblent, et se plaisent à une mutuelle société, il apparaîtra bientôt que cela n'arrive que par accident, et non pas par une disposition nécessaire de la nature. En effet, si les hommes s'entr'aimaient naturellement, c'est?à?dire, en tant qu'hommes, il n'y a aucune raison pourquoi chacun n'aimerait pas le premier venu, comme étant autant homme qu'un autre ; de ce côté?là, il n'y aurait aucune occasion d'user de choix et de préférence. je ne sais aussi pourquoi on converserait plus volontiers avec ceux en la société desquels on reçoit de l'honneur ou de l'utilité, qu'avec ceux qui la rendent à quelque autre. Il en faut donc venir là, que nous ne cherchons pas de compagnons par quelque instinct de la nature ; mais bien l'honneur et l'utilité qu'ils nous apportent ; nous ne désirons des personnes avec qui nous conversions, qu'à cause de ces deux avantages qui nous en reviennent. »
Hobbes, Le Citoyen (1642)
[A] û Questions d'analyse
1) Quelle est la supposition commune faite par la plupart des auteurs qui écrivent sur les républiques ?
2) Quelle est la doctrine civile que ces auteurs construisent sur cette supposition ?
3) En quoi consiste cette doctrine civile ?
4) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que cette supposition est fausse et quelle est l'erreur qui en découle ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Cela n'arrive que par accident, et non pas par une disposition nécessaire de la nature."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Pensez-vous que les hommes s'assemblent naturellement ou par accident ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la supposition commune sur la disposition naturelle de l'homme à la société est fondée.