Dans cet extrait des "prolégomàùnes à toute métaphysique future", kant met en évidence la distinction entre les jugements de perception, qui sont subjectifs et dépendent de la sensation individuelle, et les jugements d'expérience, qui sont objectifs et universels, reposant sur des données empiriques communes à tous. il souligne ainsi l'importance de la validité et de la généralisation des jugements pour prétendre à l'objectivité.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
objectif/subjectif/intersubjectif
« La pièce est chaude, le sucre est doux, l'absinthe est désagréable, ce sont là des jugements dont la valeur est simplement subjective. Je ne prétends nullement que moi-même je doive en juger ainsi en tout temps ou que quiconque doive en juger comme moi ; ces jugements expriment seulement une relation de deux sensations au même sujet, c'est-à-dire à moi-même et encore uniquement en l'état actuel de ma perception, et, de ce fait, ils ne doivent pas valoir non plus pour l'objet ; ce sont de tels jugements que j'appelle �oejugements de perception”. Il en va tout autrement du jugement d'expérience. Ce que l'expérience m'apprend en de certaines circonstances, il faut qu'elle me l'apprenne en tout temps et qu'elle l'apprenne à quiconque également, et sa validité ne se restreint pas au sujet ou à son état momentané. Voilà pourquoi j'énonce de tels jugements comme objectivement valables. Quand je dis, par exemple : l'air est élastique , ce jugement n'est tout d'abord qu'un jugement de perception où je me contente de rapporter l'une à l'autre deux sensations telles que mes sens me les procurent. Pour que je puisse en faire un jugement d'expérience, j'exige que cette connexion soit soumise à une condition qui la rende universellement valable. Il faut donc que la même perception dans les mêmes circonstances m'impose à moi en tout temps ainsi qu'à quiconque d'établir une connexion nécessaire. »
Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future (1783)
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quelle distinction l'auteur établit-il entre les jugements de perception et les jugements d'expérience dans le text�
2) En quoi les jugements de perception sont-ils subjectifs selon Kant? Quel exemple utilise-t-il pour illustrer cette subjectivité?
3) Comment l'auteur définit-il un jugement d'expérience dans le text� Quelles sont les conditions requises pour qu'un jugement de perception devienne un jugement d'expérienc�
4) Quelle est la différence fondamentale entre un jugement de perception et un jugement d'expérience selon Kant?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en détail la notion de jugement de perception telle qu'elle est présentée par Kant dans le texte. Utilisez un exemple pour illustrer votre explication.
2) À partir des distinctions établies par Kant entre jugements de perception et jugements d'expérience, dégagez l'idée principale du texte et les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Selon Kant, pourquoi les jugements de perception sont-ils purement subjectifs et ne valent-ils que pour l'individu qui les émet? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte.
Voici un exemple de commentaire possible du texte :
dans ce texte, kant distingue deux types de jugements : les jugements de perception et les jugements d'expérience.
Il cherche à montrer que seuls les seconds ont une valeur objective et universelle, tandis que les premiers sont relatifs au sujet et à son état.
- dans le premier paragraphe, kant définit les jugements de perception comme des jugements qui expriment une relation entre deux sensations et le sujet qui les éprouve.
Il prend l'exemple de la chaleur, du go¹t sucré ou amer, qui sont des qualités sensibles qui varient selon les individus et les circonstances.
Il affirme que ces jugements n'ont pas de prétention à la vérité, car ils ne disent rien de l'objet en soi, mais seulement de la façon dont il affecte le sujet.
Il s'agit donc de jugements subjectifs, qui ne valent que pour le sujet et son état actuel.
- dans le second paragraphe, kant oppose les jugements d'expérience aux jugements de perception.
Il les caractérise comme des jugements qui expriment une relation entre deux sensations qui doit être valable en tout temps et pour quiconque.
Il prend l'exemple de l'élasticité de l'air, qui est une propriété objective de la matière, indépendante du sujet et de ses variations.
Il explique que pour passer d'un jugement de perception à un jugement d'expérience, il faut soumettre la connexion entre les sensations à une condition qui la rende universellement valable.
Il s'agit donc de jugements objectifs, qui valent pour l'objet et sa nature.
- le texte de kant vise à établir les fondements d'une connaissance scientifique, fondée sur des jugements d'expérience qui expriment des lois nécessaires et universelles.
Il montre que la simple perception ne suffit pas à atteindre cette connaissance, car elle est trop subjective et contingente.
Il faut donc recourir à un principe a priori qui garantisse la validité objective des jugements d'expérience.
Ce principe est celui de la causalité, qui permet de lier les phénomènes selon un ordre nécessaire et constant.
Kant cherche ainsi à réconcilier l'empirisme, qui affirme que toute connaissance vient de l'expérience, et le rationalisme, qui affirme que toute connaissance vient de la raison.