• Locke
L'influence des principes enseignés dans l'enfance sur notre perception de la vérité
conscience - religion



Le contexte :

Dans cet extrait de l'essai sur l'entendement humain, locke soulàùve la question de l'impact des principes inculqués dàùs l'enfance sur notre maniàùre de penser et de percevoir la réalité. il met en évidence le fait que ces principes, souvent considérés comme des vérités innées, sont en réalité le fruit de l'éducation et de l'influence de notre entourage.

L' auteur :

Locke

(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.

Le repère :

persuader/convaincre

Le texte :

« Ceux qui veillent (comme ils disent) à donner de bons principes aux enfants (bien peu sont démunis d'un lot de principes pour enfants auxquels ils accordent foi), distillent  dans l'entendement jusque là sans prévention  ni préjugés ces doctrines qu'ils voudraient voir mémorisées et appliquées (n'importe quel caractère se marque sur du papier blanc) : elles sont enseignées aùssitôt que l'enfant commence à percevoir et, quand il grandit, on les renforce par la répétition publique ou par l'accord tacite  du voisinage ; ou au moins par l'accord de ceux dont l'enfant estime la sagesse, la connaissance et la piété et qui n'acceptent que l'on mentionne ces principes autrement que comme la base et le fondement sur lesquels bâtir leur religion et leurs mūurs : ainsi ces doctrines acquièrent-elles la réputation de vérités innées, indubitables et évidentes par elles-mêmes. On peut ajouter que, lorsque des gens éduqués ainsi grandissent et reviennent sur ce qu'ils pensent, ils n'y peuvent rien trouver de plus ancien que ces opinions qu'on leur a enseignées avant que la mémoire ait commencé à tenir le registre de leurs actes ou des dates d'apparition des nouveautés ; ils n'ont dès lors aucun scrupule à conclure que ces propositions dont la connaissance n'a aucune origine perceptible en eux ont été certainement imprimées sur leur esprit par Dieu ou la Nature et non enseignées par qui que ce soit. Ils conservent ces propositions et s'y soumettent avec vénération, comme beaucoup se soumettent à leurs parents non pas parce que c'est naturel (dans les pays où ils ne sont pas formés ainsi, les enfants n'agissent pas ainsi) mais parce qu'ils pensent que c'est naturel ; ils ont en effet toujours été éduqués ainsi et n'ont pas le moindre souvenir des débuts de ce respect. »
Locke, Essai sur l'entendement humain (1689)

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de locke : locke s'interroge sur l'origine des principes que les hommes tiennent pour vrais et évidents, et qu'ils croient innés.

Il critique cette croyance en montrant qu'elle repose sur une éducation qui inculque ces principes dès l'enfance, sans laisser place au doute ni à la réflexion.



- il commence par présenter la manière dont les éducateurs prétendent "donner de bons principes aux enfants" (quoi).

Il emploie des expressions ironiques comme "comme ils disent" ou "bien peu sont démunis d'un lot de principes pour enfants" pour souligner le caractère arbitraire et dogmatique de ces principes (comment).

Il met en évidence le contraste entre l'entendement des enfants, qui est "sans prévention ni préjugés", et les doctrines qu'on leur impose, qui sont censées être "la base et le fondement" de leur religion et de leurs m£urs (comment).

Il montre ainsi que ces principes ne sont pas innés, mais acquis par l'éducation, et qu'ils visent à conformer les esprits à une certaine norme sociale et morale (pourquoi).



- il poursuit en expliquant comment ces principes deviennent si profondément ancrés dans l'esprit des hommes qu'ils les prennent pour des vérités naturelles et indubitables (quoi).

Il décrit le processus par lequel ces principes sont "distillés", "renforcés", "acquièrent la réputation" d'être innés, grâce à la répétition, à l'accord tacite, à l'autorité des personnes estimées, etc.

(comment).

Il souligne que ces principes sont enseignés "avant que la mémoire ait commencé à tenir le registre" des événements, ce qui fait que les hommes n'ont pas conscience de leur origine historique et contingente, et qu'ils les attribuent à dieu ou à la nature (comment).

Il dénonce ainsi l'illusion de l'innéité, qui n'est qu'un effet de l'éducation et de la tradition (pourquoi).



- il termine en comparant le respect que les hommes portent à ces principes à celui qu'ils portent à leurs parents (quoi).

Il utilise une analogie pour montrer que ce respect n'est pas naturel, mais culturel, et qu'il varie selon les pays et les époques (comment).

Il révèle que ce respect est fondé sur une habitude et une ignorance, et non sur une raison ou une évidence (comment).

Il invite ainsi les hommes à remettre en question ces principes et à exercer leur esprit critique (pourquoi).

Le texte de locke est donc un plaidoyer pour le rationalisme empiriste, qui refuse l'idée d'innéité et qui affirme que toutes nos connaissances proviennent de l'expérience sensible et de la réflexion.

Locke veut libérer les hommes des préjugés et des dogmes qui entravent leur liberté de penser.