Alain souligne que nous n'avons pas choisi nos parents, nos amis ou nos caractéristiques physiques. il affirme que nous devons accepter ces conditions de fait et travailler à les modifier dans la mesure du possible. selon lui, de petits changements dans notre attitude ou notre comportement peuvent avoir un impact significatif sur notre quotidien.
(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.
contingent/nécessaire
« Nul n'a choisi ses parents, ni même, s'il regarde bien, ses amis. Nul n'a choisi d'être grand ou petit, blond ou brun. C'est une des conditions les mieux établies de notre existence, que nous devons accepter une situation de fait, et travailler en partant de là. Si j'ai une mauvaise mémoire, je n'ai pas à récriminer, mais je dois m'efforcer de la rendre passable ; et, si j'ai une oreille paresseuse, je dois regarder plus attentivement de ce côté-là en traversant les rues. L'indignation ne sert point. Cette idée est familière à tous. Nous comprenons aisément que notre nature et ce qui l'environne, tout cela nous est donné, et ne peut être changé comme un vêtement ; il faut se contenter de modifier un peu ces conditions imposées. L'expérience fait voir que les modifications qui dépendent de nous sont très faibles, par rapport à la structure et au régime de l'ensemble ; mais l'expérience fait voir aussi qu'elles suffisent presque toujours. Il y a très peu de distance entre la pire humeur et la meilleure. Il suffit quelquefois de changer l'attitude, de retenir un geste ou une parole, pour colorer autrement une journée. Il y a très peu de différence entre un son juste et harmonieux et un son faux ou laid, entre une belle courbe et un contour sans grâce. Telle est sommairement l'idée virile de la nécessité et de la puissance ; et c'est une idée puérile de vouloir changer la forme du violon, au lieu d'apprendre à s'en servir comme il faut. »
Alain, Vigiles de l'esprit (1942)
Voici un exemple de développement possible :
dans ce texte, alain expose sa conception de la nécessité et de la liberté humaine, en partant du constat que nous ne choisissons pas les conditions de notre existence.
Il s'agit donc de montrer comment l'auteur articule son argumentation pour défendre l'idée que nous devons accepter ce qui nous est donné et travailler à partir de là, sans nous révolter ni nous résigner.
- dans le premier paragraphe, alain énonce une thèse générale : nous devons accepter une situation de fait, et travailler en partant de là.
Il illustre cette thèse par des exemples concrets, tirés de la vie quotidienne : le choix de nos parents, de nos amis, de notre apparence physique, de nos aptitudes naturelles.
Il utilise le pronom indéfini "nul" pour souligner l'universalité de cette condition humaine, et le verbe "devoir" pour marquer l'impératif moral qui s'impose à nous.
Il oppose la récrimination, qui est stérile et puérile, à l'effort, qui est fécond et viril.
Il s'agit donc d'une attitude réaliste et pragmatique, qui consiste à faire avec ce que l'on a, sans se plaindre ni se comparer aux autres.
- dans le deuxième paragrapraphe, alain nuance sa thèse en reconnaissant que nous avons une certaine marge de liberté pour modifier les conditions imposées.
Il se fonde sur l'expérience, qui est le critère de vérité pour un philosophe empiriste comme lui.
Il relativise la portée des modifications possibles, en les qualifiant de "très faibles" par rapport à l'ensemble, mais il affirme aussi qu'elles suffisent presque toujours.
Il montre ainsi que la liberté humaine n'est pas absolue ni illimitée, mais qu'elle est réelle et efficace.
Il illustre cette idée par des exemples tirés de la vie morale et esthétique : il suffit d'un petit changement d'attitude, d'un geste ou d'une parole, pour transformer une journée ; il suffit d'une légère différence de son ou de courbe pour créer une harmonie ou une disgrâce.
Il s'agit donc d'une attitude optimiste et créatrice, qui consiste à faire du mieux que l'on peut avec ce que l'on a.
- dans le troisième paragraphe, alain conclut son argumentation en réaffirmant sa thèse initiale, mais en lui donnant un sens plus profond.
Il oppose l'idée virile de la nécessité et de la puissance à l'idée puérile de vouloir changer la forme du violon.
Il utilise le terme "virile" pour valoriser la maturité et la responsabilité de celui qui accepte les contraintes et les dépasse par son travail.
Il utilise le terme "puérile" pour dévaloriser l'immaturité et l'irresponsabilité de celui qui refuse les contraintes et cherche à les fuir ou à les nier.
Il prend l'exemple du violon pour illustrer son propos par une métaphore musicale : il s'agit d'apprendre à se servir comme il faut de l'instrument dont on dispose, sans chercher à le modifier ou à le remplacer.
Il s'agit donc d'une attitude philosophique et artistique, qui consiste à faire de sa vie une £uvre d'art.