• Augustin
La relation entre le signe et l'objet connu
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Le contexte :

Augustin explore la relation entre le signe et l'objet connu dans son ouvrage "le maà®tre". il souligne que c'est en voyant l'objet lui-même, plutàït qu'en entendant le signe, que nous comprenons sa signification. il remet en question le ràïle des mots en tant que moyens d'apprentissage, affirmant que nous apprenons la valeur du mot lorsque la chose signifiée est déjà  connue.

L' auteur :

Augustin

(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.

Le repère :

abstrait/concret

Le texte :

« C'est le signe qui s'apprend par l'objet connu plutôt que l'objet par son signe. Pour mieux comprendre ceci, suppose qu'en ce moment, nous entendions le mot �oetête” pour la première fois. Nous ignorons si c'est seulement un simple son de voix ou s'il possède aussi une signification et nous cherchons ce qu'est cette �oetête” […]. Si donc, tandis que nous cherchons, on nous montre du doigt l'objet lui-même, nous apprenons en le voyant le sens du signe que nous avions jusque-là entendu, mais non compris. Or, comme dans ce signe, il y a deux éléments, le son et la signification ; le premier n'est pas perçu, certes, au moyen du signe, mais par le fait que le souffle frappe l'air ; quant à la signification, elle ne l'est qu'en voyant la chose signifiée. Car le doigt tendu ne peut signifier rien d'autre que ce vers quoi il est dirigé. Or, il est tendu, non vers le signe, mais vers le membre appelé �oetête”. Ainsi, ce geste ne peut me faire connaitre ni la chose, que je connaissais déjà, ni le signe vers lequel on ne tend pas le doigt. Mais peu importe ce doigt tendu qui, me semble-t-il, est plutôt le signe de l'action de montrer elle-même que celui des choses qui sont montrées, tout comme la préposition : �oevoici”. On a même l'habitude de tendre le doigt en prononçant cette préposition, de peur qu'un seul signe d'indication ne soit insuffisant ! Par là, je cherche surtout à te persuader, si je le puis, qu'au moyen des signes appelés mots, nous n'apprenons rien, car comme je l'ai dit, la valeur du mot, c'est-a-dire la signification cachée dans le son de la voix, nous l'apprenons quand la chose signifiée est déjà connue, plutôt que cette dernière par la signification. »
Augustin, Le Maître (389)

L'analyse :

Voici un possible développement de l'analyse du texte : dans ce texte, augustin s'interroge sur le rôle des signes linguistiques dans la connaissance des choses.

Il cherche à montrer que les mots ne nous apprennent pas ce que sont les objets, mais qu'ils sont plutôt des indices qui renvoient à une réalité préalablement connue.

Pour cela, il imagine une situation où nous entendrions le mot "tête" pour la première fois, sans savoir s'il a un sens ou non.

Il suppose que, pour nous faire comprendre ce que signifie ce mot, on nous montre du doigt l'objet correspondant.

Il analyse alors les deux éléments qui composent le signe linguistique : le son et la signification.

Il affirme que le son est perçu directement par l'ou´e, sans avoir besoin d'un autre signe, tandis que la signification n'est accessible qu'en voyant la chose signifiée.

Il en déduit que le doigt tendu n'est pas un signe de la chose, mais un signe de l'action de montrer, qui vise à attirer notre attention sur l'objet désigné.

Il souligne ensuite que le doigt tendu n'est pas suffisant pour nous faire connaître la chose, car nous devons déjà la connaître pour associer le mot à l'objet.

Il compare le doigt tendu à la préposition "voici", qui est aussi un signe d'indication, mais qui ne nous apprend rien sur la nature de ce qu'elle indique.

Il conclut que les mots ne nous font pas connaître les choses, mais qu'ils sont des signes dont la valeur dépend de notre connaissance préalable des réalités qu'ils désignent.

L'enjeu de ce texte est de remettre en question la conception selon laquelle les mots seraient des instruments de connaissance, capables de nous révéler la nature des choses.

Augustin veut montrer que les mots sont plutôt des instruments de communication, qui servent à exprimer ou à transmettre ce que nous savons déjà.

Il veut aussi souligner que la connaissance des choses ne dépend pas des signes, mais de notre perception directe ou de notre intuition intellectuelle.