Le texte :
« À mesure que s'accroît sa puissance, une communauté accorde moins d'importance aux délits de ses membres, parce qu'ils lui semblent moins subversifs et moins dangereux qu'auparavant pour la survivance de l'ensemble : le malfaiteur n'est plus �oebanni”, chassé, la colère de tous n'a plus le droit de se déchaîner contre lui aussi librement qu'autrefois, - au contraire il est désormais protégé et défendu par la communauté contre cette colère et notamment contre celle des personnes qui ont subi le préjudice. Le compromis avec la colère de ceux qui ont été immédiatement touchés par le méfait ; l'effort pour localiser l'incident, voire pour prévenir l'extension ou la généralisation de l'effervescence ; la recherche d'équivalents pour régler toute l'affaire ; la volonté surtout, qui se fait de plus en plus pressante, de considérer que toute infraction peut de quelque manière être rachetée, donc de séparer, du moins jusqu'à un certain point, le criminel de son action - voilà les traits qui marquent de plus en plus nettement l'évolution ultérieure du droit pénal. Plus la puissance et la conscience de soi d'une communauté augmentent, plus le droit pénal s'adoucit ; tout affaiblissement et tout péril font réapparaître les formes plus sévères de ce droit. »
Nietzsche, Généalogie de la morale (1887)