Dans ses "leà§ons d'éthique" de 1780, kant explore la distinction cruciale entre le désir de vengeance et le désir de justice. il souligne l'importance de défendre nos droits tout en avertissant contre l'excàùs de vengeance, argumentant que la préservation de la dignité humaine dépend de cette distinction subtile.
(1724-1804) Consacre toute son œuvre philosophique à établir les limites dans lesquelles la raison est légitime. Il va lutter contre les doctrines métaphysiques et recentrer la raison sur des connaissances plus certaines (mathématiques, physiques etc.)
objectif/subjectif/intersubjectif
« Le désir de vengeance ne doit pas être confondu avec le désir de justice. Chacun a l'obligation de faire valoir son droit et de veiller à ce qu'il ne soit pas foulé aux pieds par autrui. C'est le privilège de l'humanité que d'avoir des droits ; non seulement ne devons-nous pas renoncer à ce privilège, mais il nous faut le défendre dans toute la mesure du possible. Celui qui abandonne son droit, en effet, abandonne du même coup son humanité. Tous les hommes éprouvent donc le désir de protéger leur droit ; ils demandent même que celui qui a porté atteinte au droit d'autrui soit contraint de donner satisfaction à sa victime. Cela nous met en colère d'apprendre qu'une injustice a été commise envers quelqu'un ; nous sommes alors désireux que le coupable puisse lui-même faire l'expérience de ce qu'implique l'atteinte au droit d'autrui. Supposons qu'un homme n'ait pas envie de nous payer pour le travail que nous avons fait, en invoquant toutes sortes d'excuses pour se justifier. Notre droit est alors concerné, et nous ne devons laisser personne tourner celui-ci en plaisanterie. Il n'en va pas ici des quelques thalers qui nous sont dus, mais de notre droit, qui vaut à lui seul bien plus que cent ou mille thalers. Mais si notre désir de justice va au-delà de ce qui est nécessaire pour défendre notre droit, nous cédons alors à l'esprit de vengeance. Nous devenons implacables et ne pensons qu'à la peine et au malheur que nous souhaitons à celui qui nous a fait du tort, même si cela n'accroît aucunement chez lui le respect dû à nos droits. Un tel désir de vengeance est quelque chose de vicieux. »
Kant, Leçons d'éthique (1780)
[A] - Questions d'analyse
1) Quelle est la différence entre le désir de vengeance et le désir de justice selon Kant ?
2) Comment Kant définit-il le privil��ge de l'humanité ?
3) Comment Kant explique-t-il que celui qui abandonne son droit abandonne du même coup son humanité ?
4) Selon Kant, pourquoi est-il important de défendre son droit dans toute la mesure du possible ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en vos propres termes la phrase : "Celui qui abandonne son droit, en effet, abandonne du même coup son humanité."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi Kant affirme-t-il que le désir de vengeance est quelque chose de vicieux ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le désir de vengeance peut être justifié dans certaines situations.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
le texte de kant traite du désir de vengeance et du désir de justice, en montrant qu'ils sont distincts et qu'ils ont des implications morales différentes.
L'auteur défend l'idée que le désir de justice est légitime et nécessaire, tandis que le désir de vengeance est vicieux et implacable.
Il s'appuie sur des exemples, des raisonnements et des principes éthiques pour étayer sa thèse.
Dans un premier temps, kant affirme que chacun a l'obligation de faire valoir son droit et de veiller à ce qu'il ne soit pas violé par autrui.
Il s'agit d'un devoir moral qui découle du fait que l'homme est un être rationnel et libre, doté de dignité.
Le droit est donc le privilège de l'humanité, qu'il faut préserver et défendre.
Kant illustre cette idée par l'exemple d'un homme qui refuse de payer pour un travail effectué, en invoquant des excuses fallacieuses.
Il s'agit là d'une injustice qui porte atteinte au droit du travailleur, et qui doit être réparée.
Le désir de justice qui anime le travailleur est donc fondé sur le respect de son humanité et de sa rationalité.
Dans un second temps, kant distingue le désir de justice du désir de vengeance, en montrant que ce dernier dépasse la simple défense du droit et vise à infliger une souffrance au coupable, sans égard pour sa dignité.
Le désir de vengeance est motivé par la colère, qui rend l'homme implacable et cruel.
Il ne cherche pas à rétablir l'équilibre du droit, mais à assouvir sa haine.
Le désir de vengeance est donc quelque chose de vicieux, qui corrompt la moralité de l'homme et le rend semblable à une bête.
Dans un troisième temps, kant expose les principes éthiques qui doivent guider l'homme dans sa quête de justice.
Il s'agit de respecter la loi morale universelle, qui commande de traiter autrui comme une fin en soi et non comme un moyen.
Il s'agit aussi de respecter l'autonomie de la volonté, qui fait que l'homme est capable de se donner à lui-même sa propre loi.
Il s'agit enfin de respecter la maxime du royaume des fins, qui consiste à agir comme si on était membre d'une communauté idéale où chacun respecte les droits et les devoirs des autres.
Ces principes éthiques permettent à l'homme de se conformer à sa nature rationnelle et libre, et d'éviter les passions destructrices comme le désir de vengeance.