Alain explore la nature de la perception, affirmant que celle-ci est une anticipation de nos mouvements et de leurs effets. il souligne l'importance de bien percevoir pour connaà®tre d'avance nos actions, et met en évidence la distinction entre la sensation elle-même, qui est toujours actuelle, et l'évaluation que nous faisons de celle-ci.
(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.
objectif/subjectif/intersubjectif
« La perception est exactement une anticipation de nos mouvements et de leurs effets. Et sans doute la fin est toujours d'obtenir ou d'écarter quelque sensation, comme si je veux cueillir un fruit ou éviter le choc d'une pierre. Bien percevoir, c'est connaître d'avance quel mouvement j'aurai à faire pour arriver à ces fins. Celui qui perçoit bien sait d'avance ce qu'il a faire. Le chasseur perçoit bien qu'il sait retrouver ses chiens qu'il entend, il perçoit bien qu'il sait atteindre la perdrix qui s'envole. L'enfant perçoit mal lorsqu'il veut saisir la lune entre ses mains et ainsi du reste. Donc ce qu'il y a de vrai ou de douteux, ou de faux dans la perception, c'est cette évaluation, si sensible surtout à la vue dans la perspective et le relief, mais sensible aussi pour l'ouïe et l'odorat, et même sans doute pour un toucher exercé, quand les mains d'un aveugle palpent. Quand à la sensation elle-même, elle n'est ni douteuse, ni fausse ni par conséquent vraie ; elle est actuelle toujours dès qu'on l'a. Ainsi ce qui est faux dans la perception d'un fantôme, ce n'est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mais bien notre anticipation. Voir un fantôme c'est supposer, d'après les impressions visuelles, qu'en allongeant la main on toucherait quelque être animé […]. Mais pour ce que j'éprouve actuellement, sans aucun doute je l'éprouve ; il n'y a point de science de cela puisqu'il n'y a point d'erreur de cela. Toute étude de ce que je ressens consiste toujours à savoir ce que cela signifie et comment cela varie avec mes mouvements. »
Alain
[A] û Questions dÆanalyse
1) Comment lÆauteur définit-il la perception ?
2) Quelle est la finalité de la perception selon lÆauteur ?
3) QuÆest-ce qui distingue une bonne perception dÆune mauvaise perception selon lÆauteur ?
4) Quelle est la différence entre la sensation et la perception selon lÆauteur ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : « Ce qui est faux dans la perception d'un fant��me, ce n'est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mais bien notre anticipation. ?
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez lÆidée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte d'alain :
- introduction : présenter le texte (auteur, date, titre, contexte), annoncer la problématique (comment la perception est-elle liée à l'action ?) et le plan (deux parties : la perception comme anticipation des mouvements et de leurs effets ; la perception comme évaluation de la réalité).
- première partie : la perception comme anticipation des mouvements et de leurs effets
- quoi : alain définit la perception comme une projection de nos actions futures en fonction de nos sensations présentes.
Il s'agit de savoir ce qu'il faut faire pour atteindre ou éviter un objet sensible, comme cueillir un fruit ou esquiver une pierre.
La perception est donc une connaissance pratique qui oriente notre conduite.
- comment : alain illustre sa thèse par des exemples concrets qui opposent le chasseur et l'enfant, le premier percevant bien car il sait comment agir, le second percevant mal car il ignore les distances et les dimensions.
Il montre ainsi que la perception dépend de l'expérience et de l'habileté du sujet.
- pourquoi : alain souligne les enjeux de sa conception de la perception, qui rompt avec l'idée d'une simple réception passive des sensations.
Il affirme que la perception est une activité créatrice qui implique le corps et le mouvement.
Il s'inscrit ainsi dans la tradition empiriste, qui fait de la sensation la source de toute connaissance.
- deuxième partie : la perception comme évaluation de la réalité
- quoi : alain distingue la sensation, qui est toujours actuelle et indubitable, de la perception, qui est une interprétation et une estimation de ce que signifient et impliquent les sensations.
Il s'agit donc de savoir ce qu'il y a de vrai, de faux ou de douteux dans la perception, c'est-à-dire dans notre rapport au réel.
- comment : alain appuie sa distinction par l'exemple du fantôme, qui montre que ce qui est faux dans la perception, ce n'est pas la sensation elle-même (une lueur ou une tache), mais l'anticipation erronée qu'on en tire (la présence d'un être animé).
Il montre ainsi que la perception est soumise à l'erreur et à l'illusion, et qu'elle nécessite une vérification par le toucher ou le mouvement.
- pourquoi : alain met en évidence les implications de sa distinction, qui remet en cause l'idée d'une adéquation immédiate entre la perception et la réalité.
Il affirme que la perception est une construction hypothétique qui suppose un jugement et une critique.
Il se rapproche ainsi de la tradition rationaliste, qui fait du raisonnement la garantie de la vérité.
- conclusion : résumer les idées principales du texte (la perception comme anticipation et comme évaluation), répondre à la problématique (la perception est liée à l'action par le mouvement et par le jugement), ouvrir sur une question connexe (quelle est la part du langage dans la perception ?).