(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.
contingent/nécessaire
« Bien que l'expérience soit notre seul guide dans le raisonnement sur les questions de fait, il faut reconnaître que ce guide n'est pas complètement infaillible et que, dans quelques cas, il est propre à nous conduire en des erreurs. Un homme qui, dans nos climats, attendrait que le temps soit meilleur pendant une semaine de juin que pendant une semaine de décembre raisonnerait correctement et conformément à l'expérience ; mais, assurément, il pourrait se produire en fait qu'il se serait trompé. Cependant nous pouvons observer que, dans un pareil cas, cet homme n'aurait aucune cause de se plaindre de l'expérience ; car celle-ci nous informe communément à l'avance de l'incertitude, par la contrariété des événements qu'une soigneuse observation peut nous apprendre. Tous les effets ne suivent pas avec une semblable certitude de leurs causes supposées. Certains événements, trouve-t-on, dans tous les pays et dans toutes les époques, ont été en conjonction constante les uns avec les autres ; d'autres, a-t-on trouvé, ont été plus variables, et parfois ils déçoivent notre attente ; si bien que, dans nos raisonnements sur des questions de fait, il y a tous les degrés imaginables d'assurance. »
Hume, Enquête sur l'entendement humain (1748)
1) Quel est le r��le de l'expérience dans le raisonnement sur les questions de fait ?
2) Selon l'auteur, comment peut-on se tromper malgré l'expérience ?
3) Quelle est la différence entre les événements qui suivent avec certitude leurs causes supposées et ceux qui sont plus variables ?
4) Quels sont les différents degrés d'assurance dans nos raisonnements sur des questions de fait ?
B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez le sens de la phrase "Un homme qui, dans nos climats, attendrait que le temps soit meilleur pendant une semaine de juin que pendant une semaine de décembre raisonnerait correctement et conformément à l'expérience".
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
C] û Commentaire
1) Selon Hume, peut-on se fier enti��rement à l'expérience dans le raisonnement sur les questions de fait ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'expérience est un guide fiable dans la recherche de vérités factuelles.
Voici un exemple de commentaire linéaire du texte de hume :
- le texte de hume porte sur le problème de la connaissance des faits, c'est-à-dire des événements qui se produisent dans le monde.
Il s'agit de savoir comment nous pouvons raisonner sur les faits à partir de l'expérience, qui est notre seule source d'information.
L'auteur va montrer que l'expérience n'est pas un guide infaillible et qu'elle nous expose à des erreurs, mais aussi qu'elle nous permet de distinguer différents degrés d'assurance dans nos raisonnements.
- dans la première phrase, hume affirme que l'expérience est notre seul guide dans le raisonnement sur les questions de fait.
Il s'oppose ainsi à la position rationaliste, qui prétend que la raison peut nous donner accès à des vérités universelles et nécessaires, indépendamment de l'observation.
Hume adopte une position empiriste, qui soutient que toute connaissance provient de l'expérience sensible.
Il illustre cette thèse par un exemple : si nous prévoyons qu'il fera meilleur temps en juin qu'en décembre, c'est parce que nous avons observé que c'est généralement le cas dans nos climats.
- dans la deuxième phrase, hume reconnaît que l'expérience n'est pas complètement infaillible et qu'elle peut nous conduire en des erreurs.
Il admet donc que le raisonnement sur les faits n'est pas certain et qu'il peut y avoir des exceptions aux règles générales que nous établissons à partir de l'expérience.
Il reprend l'exemple précédent et imagine qu'il puisse se produire en fait que le temps soit plus mauvais en juin qu'en décembre.
Il s'agit d'un cas improbable, mais possible.
- dans la troisième phrase, hume observe que l'expérience ne nous trompe pas complètement non plus et qu'elle nous informe communément à l'avance de l'incertitude.
Il explique que l'expérience nous apprend à distinguer les cas où les effets suivent avec une grande certitude de leurs causes supposées, des cas où les effets sont plus variables et déçoivent parfois notre attente.
Il suggère donc que l'expérience nous permet d'évaluer la probabilité des événements et de modérer notre confiance dans nos raisonnements.
- dans la dernière phrase, hume conclut que, dans nos raisonnements sur des questions de fait, il y a tous les degrés imaginables d'assurance.
Il affirme ainsi que la connaissance des faits n'est pas binaire, mais graduée, selon le degré de corrélation entre les causes et les effets observés.
Il implique aussi que la connaissance des faits n'est pas absolue, mais relative, selon les circonstances et les conditions d'observation.
- le texte de hume présente donc une analyse critique du raisonnement sur les faits fondé sur l'expérience.
Il montre les limites et les risques de ce type de raisonnement, mais aussi ses ressources et ses avantages.
Il invite à adopter une attitude prudente et nuancée face aux connaissances empiriques.
Il pose ainsi les bases d'une épistémologie empiriste, qui reconnaît la valeur mais aussi la fragilité de l'expérience comme source de connaissance.