Durkheim soulàùve ici la question de l'obéissance aux ràùgles morales et de l'influence des conséquences sur nos actions. selon lui, pour qu'un acte soit moral, il ne doit pas être motivé par la crainte des conséquences, mais par le respect de la ràùgle elle-même. l'autorité morale est donc primordiale, et toute autre considération doit s'effacer devant elle.
(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.
obligation/contrainte
« Si nous violons [les re?gles morales], nous nous exposons a? des conse?quences fa?cheuses ; nous risquons d'e?tre bla?me?s, mis a? l'index, frappe?s me?me mate?riellement dans notre personne ou dans nos biens. Mais c'est un fait constant, incontestable, qu'un acte n'est pas moral, alors me?me qu'il serait mate?riellement conforme a? la re?gle, si c'est la perspective de ces conse?quences fa?cheuses qui l'a de?termine?. Ici, pour que l'acte soit tout ce qu'il doit e?tre, pour que la re?gle soit obe?ie comme elle doit e?tre obe?ie, il faut que nous y de?fe?rions , non pour e?viter tel re?sultat de?sagre?able, tel cha?timent mate?riel ou moral, ou pour obtenir telle re?compense ; il faut que nous y de?fe?rions tout simplement parce que nous devons y de?fe?rer , abstraction faite des conse?quences que notre conduite peut avoir pour nous. Il faut obe?ir au pre?cepte moral par respect pour lui, et pour cette seule raison. Toute l'efficacite? qu'il a sur les volonte?s, il la tient donc exclusivement de l'autorite? dont il est reve?tu. Ici, l'autorite? est seule agissante, et un autre e?le?ment ne peut s'y me?ler sans que la conduite, dans la me?me mesure, perde son caracte?re moral. Nous disons que toute re?gle commande, mais la re?gle morale est tout entie?re commandement et n'est pas autre chose. Voila? pourquoi elle nous parle de si haut, pourquoi, quand elle a parle?, toutes les autres conside?rations doivent se taire. »
Durkheim, L'Éducation morale (1902)
[A] - Questions d'analyse
1) Quelles sont les conséquences d'une violation des r��gles morales selon l'auteur ?
2) Expliquez la différence entre un acte matériellement conforme à la r��gle morale et un acte qui est véritablement moral.
3) Pourquoi est-il nécessaire de se conformer à la r��gle morale sans prendre en compte les conséquences de nos actions ?
4) Quel est le r��le de l'autorité dans l'efficacité de la r��gle morale selon Durkheim ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Toute l'efficacité qu'il a sur les volontés, il la tient donc exclusivement de l'autorité dont il est revêtu."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon Durkheim, pourquoi est-il important d'obéir à la r��gle morale par respect pour elle-même et non pour les conséquences de nos actions ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si vous êtes d'accord avec Durkheim sur l'importance de respecter la r��gle morale sans tenir compte des conséquences.
Voici une possible analyse du texte :
l'auteur cherche à définir la spécificité de la règle morale par rapport aux autres règles.
Il part d'un constat empirique : si nous violons les règles morales, nous subissons des conséquences négatives, comme le blâme, l'exclusion ou la sanction.
Mais il affirme ensuite que ce n'est pas la crainte de ces conséquences qui doit motiver notre obéissance à la règle morale.
Il faut obéir à la règle morale par respect pour elle-même, sans considérer les avantages ou les inconvénients que notre conduite peut entraîner pour nous.
Il en déduit que la règle morale est fondée sur l'autorité, qui est son seul principe d'efficacité.
Il oppose ainsi l'autorité à l'intérêt, qui est le moteur des autres règles.
Il conclut que la règle morale est un commandement absolu, qui s'impose à nous avec une force irrésistible et qui exige de nous un renoncement à nos désirs personnels.
L'auteur utilise plusieurs moyens pour établir sa thèse.
Il recourt à des expressions modales, comme "nous devons", "il faut", "il parle", qui marquent le caractère impératif de la règle morale.
Il emploie des termes abstraits, comme "respect", "autorité", "commandement", qui soulignent la nature universelle et rationnelle de la règle morale.
Il oppose des termes antithétiques, comme "moral" et "matériel", "abstraction faite" et "considérations", "parler" et "taire", qui mettent en relief le contraste entre la règle morale et les autres règles.
Il utilise des adverbes d'intensité, comme "tout ce qu'il doit être", "tout simplement", "exclusivement", "toute l'efficacité", qui renforcent l'idée d'une obéissance inconditionnelle à la règle morale.
L'enjeu de ce texte est de montrer que la règle morale n'est pas fondée sur l'utilité ou le plaisir, mais sur le devoir et le respect.
L'auteur veut ainsi distinguer la morale de la prudence ou de l'égo´sme, qui sont des formes inférieures de rationalité.
Il veut aussi affirmer la dignité de l'homme, qui est capable de se soumettre à une loi qu'il reconnaît comme supérieure à ses intérêts particuliers.
Il veut enfin défendre une conception de l'éducation morale, qui vise à former des individus autonomes et responsables, capables de se conformer aux exigences de la société.