à travers une réflexion sur la voix intérieure qui guide nos actions, durkheim remet en question l'idée d'une entité supérieure et divine. il propose que cette voix soit en réalité une construction sociale, résultant de l'éducation morale et de l'influence de la société sur notre comportement. la conscience morale est ainsi perà§ue comme une expression de la société en nous.
(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.
objectif/subjectif/intersubjectif
« Toutes les fois où nous délibérons pour savoir comment nous devons agir, il y a une voix qui parle en nous et qui nous dit : voilà ton devoir. Et quand nous avons manqué à ce devoir qui nous a été ainsi présenté, la même voix se fait entendre, et proteste contre notre acte. Parce qu'elle nous parle sur le ton du commandement, nous sentons bien qu'elle doit émaner de quelque être supérieur à nous ; mais cet être, nous ne voyons pas clairement qui il est ni ce qu'il est. C'est pourquoi l'imagination des peuples, pour pouvoir s'expliquer cette voix mystérieuse, dont l'accent n'est pas celui avec lequel parle une voix humaine, l'imagination des peuples l'a rapportée à des personnalités transcendantes, supérieures à l'homme, qui sont devenues l'objet du culte, le culte n'étant en définitive que le témoignage extérieur de l'autorité qui leur était reconnue. Il nous appartient, à nous, de dépouiller cette conception des formes mythiques dans lesquelles elle s'est enveloppée au cours de l'histoire, et, sous le symbole, d'atteindre la réalité. Cette réalité, c'est la société. C'est la société qui, en nous formant moralement, a mis en nous ces sentiments qui nous dictent si impérativement notre conduite, ou qui réagissent avec cette énergie, quand nous refusons de déférer à leurs injonctions. Notre conscience morale est son ūuvre et l'exprime ; quand notre conscience parle, c'est la société qui parle en nous. »
Durkheim, L'Éducation morale (1934)
[A] - Questions d'analyse
1. Comment la voix qui parle en nous est-elle perçue ?
2. Quel est le lien entre la voix qui parle en nous et notre conscience morale ?
3. Selon l'auteur, pourquoi l'imagination des peuples a-t-elle créé des personnalités transcendantes ?
4. Comment l'auteur sugg��re-t-il de comprendre la réalité derri��re le symbole ?
[B] - Éléments de synth��se
1. Expliquez la phrase : "Notre conscience morale est son �oeuvre et l'exprime ; quand notre conscience parle, c'est la société qui parle en nous."
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1. Pensez-vous que la conscience morale soit uniquement formée par la société ? Justifiez votre réponse.
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la religion est nécessaire pour former la conscience morale.
Voici une possible analyse du texte :
le texte de durkheim a pour thème la conscience morale, c'est-à-dire le sentiment intérieur qui nous guide dans nos choix et nos actions, et qui nous fait distinguer le bien du mal.
L'auteur cherche à expliquer l'origine et la nature de cette conscience, en la rapportant à la société.
Il s'agit donc d'un texte sociologique, qui adopte une perspective scientifique sur un phénomène moral.
Le texte se compose de trois parties :
- la première partie va de "toutes les fois" à "ce qu'il est".
Elle expose le problème que pose la conscience morale : comment rendre compte de cette voix intérieure qui nous impose notre devoir, et qui semble venir d'un être supérieur à nous ? durkheim décrit l'expérience commune de la conscience morale, qui se manifeste dans les situations de délibération ou de remords.
Il souligne le caractère impératif et transcendant de cette voix, qui s'oppose à nos désirs ou à nos intérêts personnels.
Il note que l'origine de cette voix reste obscure pour nous, et que les peuples ont eu recours à l'imagination pour lui attribuer une source divine.
- la deuxième partie va de "c'est pourquoi" à "la réalité".
Elle annonce la thèse de durkheim : la conscience morale n'est pas le produit d'une imagination mythique, mais le reflet d'une réalité sociale.
Il s'agit donc de dépasser les représentations religieuses ou symboliques de la conscience morale, pour en découvrir le fondement rationnel.
Durkheim affirme que la société est l'instance qui nous forme moralement, et qui nous inspire les sentiments qui orientent notre conduite.
Il suggère que la société est le véritable être supérieur dont nous entendons la voix.
- la troisième partie va de "cette réalité" à la fin du texte.
Elle tire la conclusion de la thèse de durkheim : la conscience morale est l'expression de la société en nous.
Il s'agit donc d'une conscience sociale, qui reflète les valeurs et les normes du groupe auquel nous appartenons.
Durkheim renverse ainsi la perspective traditionnelle, qui voyait dans la conscience morale une manifestation de notre individualité ou de notre liberté.
Il montre que la conscience morale est le résultat d'un processus d'éducation et d'intériorisation des règles sociales.