Augustin explore la nature de la prédiction de l'avenir en soulignant que ce que l'on voit n'est pas l'événement lui-même, mais plutàït ses causes ou signes qui existent déjà . il utilise l'exemple de l'aurore pour illustrer comment l'avenir peut être prévu à partir des signes présents, remettant en question la possibilité de voir l'avenir en soi.
(354-430) Philosophe et théologien chrétien de l'Antiquité tardive, Saint Augustin a formulé des idées pour le christianisme occidental, notamment sur la grâce divine, le péché, la prédestination, et la relation entre la foi et la raison. Son œuvre "Les Confessions" est une exploration autobiographique de sa conversion au christianisme et de son cheminement spirituel.
principe/cause/fin
« Lorsqu'on déclare voir l'avenir, ce que l'on voit, ce ne sont pas les événements eux-mêmes, qui ne sont pas encore, autrement dit qui sont futurs, ce sont leurs causes ou peut-être leurs signes qui les annoncent et qui les uns et les autres existent déjà : ils ne sont pas futurs, mais déjà présents aux voyants et c'est grâce à eux que l'avenir est conçu par l'esprit et prédit. Ces conceptions existent déjà, et ceux qui prédisent l'avenir les voient présentes en eux-mêmes. Je voudrais faire appel à l'éloquence d'un exemple pris entre une foule d'autres. Je regarde l'aurore, j'annonce le proche lever du soleil. Ce que j'ai sous les yeux est présent, ce que j'annonce est futur : non point le soleil qui est déjà, mais son lever qui n'est pas encore. Pourtant si je n'avais pas une image mentale de ce lever même, comme à cet instant où j'en parle, il me serait impossible de le prédire. Mais cette aurore que j'aperçois dans le ciel n'est pas le lever du soleil, bien qu'elle le précède, pas davantage ne l'est l'image que je porte dans mon esprit : seulement toutes les deux sont présentes, je les vois et ainsi je puis dire d'avance ce qui va se passer. L'avenir n'est donc pas encore ; s'il n'est pas encore, il n'est pas et s'il n'est pas, il ne peut absolument pas se voir, mais on peut le prédire d'après les signes présents qui sont déjà et qui se voient. »
Augustin
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[A] û Questions dÆanalyse**
1) Qu'est-ce que l'auteur affirme concernant la nature des prédictions sur l'avenir dans le text�
2) Comment l'auteur explique-t-il la vision de l'avenir et en quoi diff��re-t-elle des événements futurs eux-mêmes?
3) Comment Augustin perçoit-il le rapport entre les causes, les signes et les événements futurs? En quoi cela influence-t-il notre conception de l'avenir?
4) Quelle est la distinction que l'auteur établit entre l'élément futur et l'élément déjà présent dans le contexte de la vision de l'avenir?
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[B] û Éléments de synth��se**
1) En considérant les explications fournies par l'auteur, quel est l'impact de la perception des signes présents sur la capacité à prédire l'avenir?
2) En utilisant les concepts abordés par Augustin, résume l'idée centrale du texte et les étapes de son argumentation.
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[C] û Commentaire**
1) Dans quelle mesure cette conception de la vision de l'avenir soul��ve-t-elle des questions sur la liberté humaine et le déterminism�
Voici une possible analyse du texte :
- le texte traite de la question de la connaissance de l'avenir et de la possibilité de le prédire.
L'auteur, augustin, cherche à montrer que l'avenir n'existe pas encore et qu'il ne peut pas se voir, mais qu'on peut le concevoir et le prédire à partir de signes présents qui le précèdent ou l'annoncent.
- il commence par affirmer que ceux qui déclarent voir l'avenir ne voient pas les événements futurs eux-mêmes, qui sont par définition non existants, mais leurs causes ou leurs signes, qui existent déjà et qui sont perceptibles par les voyants.
Il s'appuie sur la distinction entre le futur et le présent, et sur l'idée que l'esprit peut concevoir l'avenir à partir de ce qui est déjà présent.
Il utilise le terme de "conceptions" pour désigner ces représentations mentales de l'avenir, qu'il oppose à la vision directe des événements.
- il illustre ensuite son propos par un exemple simple et concret : celui du lever du soleil.
Il explique qu'en regardant l'aurore, il peut annoncer le proche lever du soleil, qui est un événement futur.
Il précise que ce qu'il a sous les yeux est présent (l'aurore), mais que ce qu'il annonce est futur (le lever du soleil).
Il ajoute que s'il n'avait pas une image mentale du lever du soleil, il ne pourrait pas le prédire.
Il montre ainsi que la prédiction repose sur une conception préalable de l'avenir, qui est présente dans son esprit.
Il souligne que ni l'aurore ni son image mentale ne sont le lever du soleil lui-même, mais qu'elles sont toutes les deux présentes et visibles, et qu'elles lui permettent de dire d'avance ce qui va se passer.
Il utilise le terme d'"image" pour désigner cette conception mentale, qu'il assimile à une vision intérieure.
- il conclut en réaffirmant que l'avenir n'est pas encore, qu'il n'est pas et qu'il ne peut pas se voir, mais qu'on peut le prédire d'après les signes présents qui sont déjà et qui se voient.
Il reprend ainsi les termes de sa thèse initiale et les renforce par son exemple.
Il oppose la non-existence et l'invisibilité de l'avenir à l'existence et à la visibilité des signes présents.
- l'enjeu du texte est de remettre en cause l'idée d'une vision directe de l'avenir, qui serait une forme de divination ou de prophétie, et de proposer une conception rationnelle et logique de la prédiction, fondée sur l'observation des causes ou des signes présents et sur la représentation mentale de l'avenir.
L'auteur cherche à distinguer entre la vision sensible et la conception intellectuelle, entre le présent et le futur, entre ce qui est et ce qui n'est pas encore.
Il s'inscrit ainsi dans une réflexion philosophique sur le temps, la connaissance et la causalité.