• Hume
La raison partagée entre hommes et bêtes
raison - conscience



Le contexte :

Dans "traité de la nature humaine" de hume, l'auteur soutient que les animaux sont doués de pensée et de raison tout comme les humains. il argumente en faveur de cette idée en se basant sur la similitude des actions et des intentions entre les deux groupes, soulignant ainsi la présence d'une cause commune à  leurs comportements.

L' auteur :

Hume

(1711 - 1776) David Hume, philosophe écossais du XVIIIe siècle, remet en question les fondements de la connaissance humaine. Il soutient que toute notre compréhension repose sur l'expérience sensorielle et nie l'existence de concepts innés. Son œuvre majeure explore la nature de la croyance, de la causalité et de la moralité.

Le repère :

ressemblance/analogie

Le texte :

« Nulle vérité ne me paraît plus évidente que l'affirmation que les bêtes sont douées de pensée et de raison aussi bien que les hommes. Les arguments sont dans ce cas si manifestes qu'ils ne peuvent échapper au plus stupide ni au plus ignorant. Nous avons conscience que nous-mêmes, en adaptant des moyens à des fins, nous sommes guidés par la raison et l'intention et que ce n'est ni à notre insu ni par hasard que nous accomplissons les actes qui tendent à assurer notre conservation personnelle, à obtenir le plaisir et à éviter la douleur. Quand donc nous voyons d'autres créatures, à des millions d'exemplaires, accomplir des actions semblables et les orienter vers des fins semblables, tous nos principes de raisonnement et de probabilité nous portent, avec une force invincible, à croire à l'existence d'une cause semblable. Il est inutile, à mon avis, d'illustrer cet argument par l'énumération de cas particuliers. La plus légère attention nous en fournira plus qu'il n'est nécessaire. La ressemblance entre les actions des animaux et celles des hommes est si complète à cet égard que la toute première action du premier animal qu'il nous plaira de choisir nous apportera un argument décisif en faveur de la présente doctrine. C'est une doctrine aussi utile qu'évidente, qui nous fournit une sorte de pierre de touche  à l'aide de laquelle nous pouvons essayer tout système dans ce genre de philosophie. C'est la ressemblance des actions extérieures des animaux à celles que nous accomplissons nous-mêmes qui nous fait juger que leurs actes intérieurs ressemblent également aux nôtres ; le même principe de raisonnement, poussé d'un degré plus loin, nous fera conclure que, puisque nos actes intérieurs se ressemblent, les causes d'où ils procèdent doivent aussi se ressembler. »
Hume, Traité de la nature humaine (1739)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quel argument est avancé par l'auteur pour affirmer que les animaux sont doués de pensée et de raison ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que les actions des animaux sont similaires à celles des hommes ?
3) Quels sont les principes de raisonnement et de probabilité qui conduisent l'auteur à croire en l'existence d'une cause similaire chez les animaux ?
4) En quoi l'argument de ressemblance entre les actions des animaux et celles des hommes est-il considéré comme décisif par l'auteur ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez le sens de la phrase "C'est une doctrine aussi utile qu'évidente, qui nous fournit une sorte de pierre de touche à l'aide de laquelle nous pouvons essayer tout syst��me dans ce genre de philosophie".
2) En vous basant sur les arguments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de l'argumentation de l'auteur.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, l'argument avancé par l'auteur est-il convaincant pour prouver que les animaux sont doués de pensée et de raison ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la reconnaissance de la pensée et de la raison chez les animaux remet en question la spécificité de l'homme.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte de hume :

- dans ce texte, hume défend l'idée que les animaux sont doués de pensée et de raison au même titre que les hommes.

Il s'appuie pour cela sur un argument fondé sur l'analogie entre les actions des uns et des autres, et sur le principe de causalité qui permet d'inférer des effets aux causes.



- il commence par affirmer que cette vérité lui paraît évidente, ce qui montre sa confiance dans son raisonnement et son intention de convaincre le lecteur.

Il présente ensuite son argument principal, qui repose sur deux prémisses : la première est que nous avons conscience que nos actions sont guidées par la raison et l'intention, c'est-à-dire par des facultés mentales qui nous permettent de choisir les moyens adaptés à nos fins ; la seconde est que nous observons chez les animaux des actions semblables aux nôtres, qui visent aussi à assurer leur conservation, à obtenir le plaisir et à éviter la douleur.

Il en conclut, par analogie, que les animaux doivent avoir une cause semblable à la nôtre, c'est-à-dire la pensée et la raison.

Il utilise des expressions fortes pour renforcer son argument, comme "les arguments sont dans ce cas si manifestes", "tous nos principes de raisonnement et de probabilité", "une force invincible".



- il poursuit en affirmant qu'il est inutile d'illustrer son argument par des exemples particuliers, car la moindre attention suffit à en trouver.

Il montre ainsi sa confiance dans l'évidence de son raisonnement, et invite le lecteur à faire lui-même l'expérience de l'observation des animaux.

Il ajoute que sa doctrine est utile et évidente, ce qui lui donne une valeur pratique et théorique.

Il propose ensuite un critère pour évaluer tout système philosophique qui traiterait de ce sujet : la ressemblance des actions extérieures des animaux et des hommes.

Il explique que c'est cette ressemblance qui nous fait juger que leurs actes intérieurs ressemblent également aux nôtres, c'est-à-dire que leurs facultés mentales sont comparables aux nôtres.

Il généralise ensuite son principe de raisonnement, en affirmant que si nos actes intérieurs se ressemblent, les causes d'où ils procèdent doivent aussi se ressembler.

Il suggère ainsi que la pensée et la raison sont des propriétés communes à tous les êtres vivants, et non pas des attributs spécifiques aux hommes.



- on peut donc dire que hume développe dans ce texte une thèse qui remet en cause l'idée d'une supériorité humaine fondée sur la possession exclusive de la pensée et de la raison.

Il s'appuie pour cela sur un argument par analogie, qui repose sur l'observation empirique des actions des animaux et des hommes, et sur le principe de causalité, qui permet d'inférer des effets aux causes.

Il affirme la force et l'utilité de son raisonnement, et propose un critère pour évaluer tout système philosophique qui aborderait cette question.