• Locke
L'identité personnelle et la conscience
conscience - justice



Le contexte :

Dans cet extrait de l'essai philosophique concernant l'entendement humain, locke interroge la notion d'identité personnelle et son lien avec la conscience. à  travers l'exemple de l'homme saoul et dessaoulé, il soulàùve des questions sur la responsabilité et le chà¢timent, mettant en lumiàùre les limites de la justice humaine face à  la connaissance de la vérité.

L' auteur :

Locke

(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.

Le repère :

identité/égalité/différence

Le texte :

« Quoi que ce soit qui fasse un homme aux yeux de certains hommes, et par conséquent l'identité d'un individu humain, sur quoi peut-être peu seront d'accord, nous ne pourrons situer l'identité personnelle nulle part ailleurs que dans la conscience (qui est la seule chose qui fait ce que nous appelons soi) sans nous trouver embarqués dans de grandes absurdités. Mais un homme saoul et un homme dessaoulé ne sont-ils pas la même personne ? Sinon, pourquoi un homme est-il puni pour ce qu'il a commis quand il était saoul, même s'il n'en a plus eu conscience ensuite ? C'est la même personne dans l'exacte mesure où un homme qui marche et fait d'autres choses encore pendant son sommeil est la même personne, et est responsable de tout dommage causé alors. Dans les deux cas, les lois humaines punissent selon une justice qui dépend de ce qu'elles peuvent connaître : ne pouvant dans des cas de ce genre distinguer avec certitude ce qui est vrai et ce qui est feint, elles ne peuvent admettre comme défense valable l'ignorance due à l'ivresse ou au sommeil. Car bien que le châtiment soit attaché à la personnalité, et la personnalité à la conscience, et que peut-être l'ivrogne n'ait pas conscience de ce qu'il a fait, les tribunaux humains cependant le punissent à bon droit, parce que contre lui il y a la preuve du fait, tandis qu'en sa faveur il ne peut y avoir la preuve du manque de conscience. »
Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain (1690)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Selon l'auteur, o�� se situe l'identité personnelle et pourquoi ?
2) Comment l'auteur explique-t-il que la même personne puisse être à la fois saoule et dessaoulée ?
3) Comment les lois humaines justifient-elles le châtiment d'une personne qui a commis un acte sous l'influence de l'alcool ou pendant son sommeil ?
4) Quelle est la différence entre la preuve du fait et la preuve du manque de conscience dans le contexte du texte ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Mais un homme saoul et un homme dessaoulé ne sont-ils pas la même personne ?"
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Pourquoi les tribunaux humains punissent-ils une personne saoule pour un acte commis sous l'influence de l'alcool, même si elle n'en a pas conscience par la suite ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la conscience est le crit��re principal de l'identité personnelle.

L'analyse :

Voici une possible analyse du texte :

- le texte traite de la question de l'identité personnelle, c'est-à-dire de ce qui fait qu'un individu humain reste le même à travers le temps et les changements.

L'auteur, locke, est un philosophe empiriste qui défend l'idée que la connaissance provient de l'expérience sensible et de la réflexion sur cette expérience.



- dans le premier paragraphe, locke affirme que l'identité personnelle ne peut être fondée que sur la conscience, qui est la seule chose qui fait ce que nous appelons soi.

Il rejette ainsi toute autre base possible, comme le corps, l'âme ou l'essence, qui entraîneraient selon lui de grandes absurdités.

Il s'appuie sur le fait que la conscience est ce qui nous permet de nous reconnaître comme étant nous-mêmes, et de nous distinguer des autres.

Il suggère aussi que la conscience est liée à la mémoire, puisqu'il parle de se souvenir ou non de ce qu'on a fait.



- dans le deuxième paragraphe, locke examine un cas particulier qui semble contredire sa thèse : celui d'un homme ivre qui commet un acte dont il n'a plus conscience ensuite.

Il se demande si cet homme est la même personne que lorsqu'il est sobre, et si oui, pourquoi il doit être puni pour son acte.

Il répond que c'est la même personne dans la mesure où il a agi volontairement, même s'il ne se souvient pas de son acte.

Il compare ce cas à celui d'un homme qui marche et fait d'autres choses pendant son sommeil, et qui est aussi responsable de ses actions.

Il explique que les lois humaines punissent selon une justice qui dépend de ce qu'elles peuvent connaître, c'est-à-dire les faits extérieurs, et non pas la conscience intérieure.

Il reconnaît donc qu'il y a une différence entre la personnalité juridique et la personnalité morale, mais il maintient que la seconde dépend de la conscience.



- le texte a pour enjeu de défendre une conception empiriste et individualiste de l'identité personnelle, qui repose sur la conscience et non sur des principes métaphysiques ou religieux.

Il montre aussi les limites et les difficultés de cette conception, qui peut conduire à des cas ambigus ou problématiques.

Il souligne enfin la distinction entre le point de vue moral et le point de vue juridique sur la responsabilité des actions humaines.