• Aristote
conscience - bonheur



L' auteur :

Aristote

(-384--322) Est un des premiers philosophes à considérer scientifiquement et rationnellement le monde. Il a formalisé la logique et le calcul logique, il est à l'origine de la tendance scientifique à classer le monde en catégories.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Tout être capable de vivre selon son propre dessein doit se fixer un but pour bien vivre : honneur, gloire, richesse ou culture et, les yeux fixés sur lui, il posera tous ses actes (car ne pas ordonner sa vie à une fin est vraiment un signe de grande sottise) ; il faut donc avant tout déterminer d'abord en soi-même, sans précipitation et sans négligence, ce qui en nous constitue le bien vivre et ce sans quoi les hommes ne sauraient y accéder : car ce sans quoi il n'est pas possible d'être en santé ne s'identifie pas à la santé : il en est de même pour d'autres cas, de sorte que le bien vivre ne s'identifie pas davantage à ce sans quoi on ne peut bien vivre (de certaines de ces conditions les unes ne sont pas particulières à la santé ni à la vie, mais communes à toutes choses, pour ainsi dire, aussi bien aux dispositions qu'aux actes : par exemple, sans respirer, sans être éveillés et sans avoir part au mouvement, nous n'aurions rien, ni bien ni mal ; les autres sont davantage propres à chaque nature - et elles ne doivent pas nous échapper - car manger de la viande et marcher après les repas ne sont pas des conditions propres à la bonne constitution de la même manière que les conditions déjà citées). En effet, voici ce qui provoque l'incertitude au sujet du bonheur : en quoi consiste-t-il, d'où provient-il ? Ce sans quoi on ne peut être heureux, aux yeux de certains, fait partie du bonheur. »
Aristote, Éthique à Eudème (IVe siècle avant J.-C.)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Quel est le but que tout être capable de vivre selon son propre dessein doit se fixer ?
2) Pourquoi est-il important de déterminer ce qui constitue le bien vivre en nous ?
3) Quels sont les exemples de conditions communes à toutes choses qui sont nécessaires pour bien vivre ?
4) Pourquoi y a-t-il de l'incertitude au sujet du bonheur et de sa nature ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "car ce sans quoi il n'est pas possible d'être en santé ne s'identifie pas à la santé".
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi y a-t-il de l'incertitude au sujet du bonheur et de sa nature ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si le bonheur peut être atteint en poursuivant des objectifs tels que l'honneur, la gloire, la richesse ou la culture.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte d'aristote est un extrait de son £uvre éthique à eudème, qui traite de la question du bonheur et de la vertu.

Dans ce passage, le philosophe expose les conditions nécessaires pour bien vivre, c'est-à-dire pour atteindre le bonheur.

Il distingue ainsi ce qui relève du but à se fixer, de ce qui relève des moyens pour y parvenir, et de ce qui relève des préalables indispensables.

Il montre ainsi que le bonheur n'est pas une simple affaire de circonstances, mais qu'il implique un choix rationnel et une activité conforme à la nature humaine.

Dans un premier temps, aristote affirme que tout être capable de vivre selon son propre dessein doit se fixer un but pour bien vivre.

Il s'agit là d'une exigence éthique, qui suppose que l'homme dispose d'une liberté et d'une raison lui permettant de se donner une direction à sa vie.

Le philosophe énumère quelques exemples de buts possibles : honneur, gloire, richesse ou culture.

Il ne s'agit pas ici de juger de la valeur de ces buts, mais simplement de montrer qu'ils sont l'expression d'une volonté personnelle.

Aristote souligne que se fixer un but implique de poser tous ses actes en fonction de lui, c'est-à-dire de les ordonner selon une cohérence et une finalité.

Il oppose ainsi le bien vivre à la sottise, qui consiste à ne pas avoir de projet ni de sens pour sa vie.

Dans un deuxième temps, aristote précise qu'il faut déterminer en soi-même ce qui constitue le bien vivre et ce sans quoi les hommes ne sauraient y accéder.

Il s'agit là d'une exigence épistémologique, qui suppose que l'homme dispose d'une connaissance et d'un jugement lui permettant de distinguer le bien du mal.

Le philosophe insiste sur la nécessité d'un examen attentif et réfléchi, sans précipitation ni négligence, pour éviter les erreurs et les illusions.

Il introduit alors une distinction entre ce qui relève du bien vivre lui-même, et ce qui relève des conditions nécessaires pour y parvenir.

Il compare cette distinction à celle entre la santé et ce sans quoi il n'est pas possible d'être en santé.

Il suggère ainsi que le bonheur n'est pas une simple affaire de possession, mais qu'il implique une qualité et une perfection de l'être.

Dans un troisième temps, aristote analyse les différentes sortes de conditions nécessaires pour bien vivre.

Il s'agit là d'une exigence ontologique, qui suppose que l'homme dispose d'une compréhension et d'une adaptation lui permettant de respecter sa nature et celle des choses.

Le philosophe distingue ainsi deux types de conditions : celles qui sont communes à toutes choses, comme respirer ou être éveillé, et celles qui sont propres à chaque nature, comme manger de la viande ou marcher après les repas.

Il souligne que les premières ne sont pas particulières au bien vivre, mais qu'elles sont indispensables pour avoir part à l'existence.

Il souligne aussi que les secondes doivent être connues et observées, car elles sont liées à la bonne constitution de chaque être.

Il conclut en expliquant que c'est ce qui provoque l'incertitude au sujet du bonheur : certains confondent le bonheur avec ce sans quoi on ne peut être heureux.

Ainsi, le texte d'aristote expose les conditions nécessaires pour bien vivre, en distinguant le but, les moyens et les préalables.

Il montre que le bonheur n'est pas une simple affaire de circonstances, mais qu'il implique un choix rationnel et une activité conforme à la nature humaine.

Il invite donc le lecteur à se questionner sur sa propre conception du bien vivre, et à chercher la vertu qui lui permettra d'y accéder.