à travers une réflexion sur le plaisir et la peine, alain remet en question la notion de recherche du bonheur. il souligne que les hommes semblent aimer la peine et la chercher, mais que cette peine volontaire, vécue comme un défi personnel, est en réalité source de bonheur. il met ainsi en évidence la différence entre le plaisir passager et le véritable bonheur qui réside dans l'action librement consentie.
(1868-1951) Il effectue un mouvement de retour au Cartésianisme en niant l'inconscient Freudien, selon lui ce dernier doit être réduit aux pulsions du corps opposées à la rationalité de l'Esprit.
essentiel/accidentel
« Tous ces coureurs se donnent bien de la peine. Tous ces joueurs de ballon se donnent bien de la peine. Tous ces boxeurs se donnent bien de la peine. On lit partout que les hommes cherchent le plaisir ; mais cela n'est pas évident ; il semble plutôt qu'ils cherchent la peine et qu'ils aiment la peine. Le vieux Diogène disait : �oeCe qu'il y a de meilleur, c'est la peine.” On dira là-dessus qu'ils trouvent tous le plaisir dans cette peine qu'ils cherchent ; mais c'est jouer sur les mots ; c'est bonheur et non plaisir qu'il faudrait dire ; et ce sont deux choses très différentes, aussi différentes que l'esclavage et la liberté. On veut agir, on ne veut pas subir. Tous ces hommes qui se donnent tant de peine n'aiment sans doute pas le travail forcé ; personne n'aime le travail forcé ; personne n'aime les maux qui tombent ; personne n'aime sentir la nécessité. Mais aussitôt que je me donne librement de la peine, me voilà content . J'écris ces propos. �oeVoilà bien de la peine”, dira quelque écrivain qui vit de sa plume ; seulement personne ne m'y force ; et ce travail voulu est un plaisir, ou un bonheur, pour mieux parler. Le boxeur n'aime pas les coups qui viennent le trouver ; mais il aime ceux qu'il va chercher. Il n'est rien de si agréable qu'une victoire difficile, dès que le combat dépend de nous. »
Alain, Propos sur le bonheur (1911)
[a] - questions dÆanalyse
1) Que veut dire l'auteur lorsqu'il dit que les hommes "cherchent la peine" ?
2) Comment l'auteur explique-t-il la différence entre "plaisir" et "bonheur" ?
3) Comment le texte décrit-il la perception de la peine lorsqu'elle est volontairement choisie ?
4) Selon l'auteur, qu'est-ce qui rend une victoire difficile agréable pour un boxeur ?
[b] - éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "Il semble plut��t qu'ils cherchent la peine et qu'ils aiment la peine."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[c] - commentaire
1) Peut-on réellement dire que les hommes aiment la peine ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si donner de la peine à soi-même est nécessaire pour atteindre le bonheur.
Voici une possible analyse du texte :
le texte est un extrait de propos sur le bonheur, un recueil d'essais du philosophe alain, publié en 1911.
L'auteur y défend l'idée que le bonheur n'est pas lié au plaisir, mais à la peine volontairement choisie et surmontée.
Il s'appuie pour cela sur des exemples tirés du sport, de la littérature et de la vie quotidienne.
Dans le premier paragraphe, alain commence par énumérer trois types de sportifs qui se donnent de la peine : les coureurs, les joueurs de ballon et les boxeurs.
Il s'agit d'activités physiques qui demandent un effort, une endurance et une résistance à la douleur.
Alain oppose ensuite ces exemples à l'idée commune selon laquelle les hommes cherchent le plaisir.
Il affirme au contraire qu'ils cherchent la peine et qu'ils l'aiment.
Il cite alors le vieux diogène, un philosophe cynique qui vivait dans un tonneau et qui prônait une vie simple et austère.
Diogène disait que "ce qu'il y a de meilleur, c'est la peine".
Alain reprend cette formule provocatrice pour remettre en question la notion de plaisir.
Dans le deuxième paragraphe, alain anticipe l'objection selon laquelle les hommes trouvent le plaisir dans la peine qu'ils cherchent.
Il récuse cette explication en distinguant le plaisir du bonheur.
Il affirme que ce sont deux choses très différentes, aussi différentes que l'esclavage et la liberté.
Le plaisir est passif, il dépend des circonstances extérieures, il est subi.
Le bonheur est actif, il dépend de notre volonté, il est choisi.
Alain illustre cette différence en opposant le travail forcé au travail libre.
Il prend l'exemple de l'écrivain qui vit de sa plume et qui peut considérer son activité comme une peine ou comme un plaisir, selon qu'il y est contraint ou non.
Il généralise ensuite son propos en affirmant que le boxeur n'aime pas les coups qui viennent le trouver, mais ceux qu'il va chercher.
Il conclut en affirmant qu'il n'est rien de si agréable qu'une victoire difficile, dès que le combat dépend de nous.
Le texte d'alain présente donc une conception du bonheur qui repose sur l'idée de liberté.
Le bonheur n'est pas une sensation fugitive et aléatoire, mais une disposition durable et volontaire.
Le bonheur n'est pas la recherche du plaisir, mais la conquête de la peine.
Le bonheur n'est pas l'évitement des maux, mais l'affrontement des difficultés.
Le bonheur n'est pas la soumission à la nécessité, mais l'exercice de l'action.