Dans cet extrait de l'essai philosophique concernant l'entendement humain, locke souligne le pouvoir de l'esprit à suspendre l'exécution de nos désirs, permettant ainsi d'examiner, de considérer et de juger le bien ou le mal de nos actions. il met en évidence la nécessité de cette liberté pour éviter les erreurs et les égarements dans notre quête du bonheur.
(1632-1704) Philosophe du mouvement de l'empirisme anglais, qui stipule que toute connaissance dérive par nature de l'expérience. Toute sa philosophie fait découler des implications pratiques à partir de ce constat.
obligation/contrainte
« Puisqu'un grand nombre de malaises constamment nous pressent et tentent de déterminer la volonté, il est naturel que le malaise le plus grand et le plus fort détermine la volonté à l'action prochaine. Il y réussit en général, mais pas toujours ; car la plupart du temps, l'expérience le montre, l'esprit a le pouvoir de suspendre l'exécution et la satisfaction de n'importe quel désir et donc de chacun à son tour ; il a ainsi la liberté d'en étudier l'objet, de les examiner sous toutes leurs faces, de les comparer à d'autres. C'est là que réside la liberté de l'homme ; et c'est du mauvais usage de cette liberté que provient cette grande diversité d'erreurs, d'égarements, de fautes où l'on se précipite en passant sa vie à la recherche du bonheur, dès que l'on brusque la décision de la volonté et que l'on s'engage trop vite, sans examen nécessaire. Pour l'éviter, on a le pouvoir de suspendre l'exécution de tel ou tel désir, comme tout un chacun peut quotidiennement l'expérimenter en lui. Ceci me semble être la source de toute liberté, et ce en quoi parait consister ce que l'on appelle (à tort, à mon sens) volonté libre. Car pendant cette suspension de tout désir, avant que la volonté ne soit déterminée à l'action, avant que l'action (qui suit cette détermination) ne soit posée, on a la possibilité d'examiner, de considérer, de juger le bien ou le mal de ce qu'on va faire. »
Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain (1690)
[A] û Questions dÆanalyse
1) Quel est le lien entre les malaises et la volonté d'agir selon le texte ?
2) Comment l'esprit peut-il suspendre l'exécution d'un désir selon l'auteur ?
3) Quelles sont les conséquences d'une décision précipitée sur la recherche du bonheur, selon Locke ?
4) Qu'est-ce qui constitue la source de toute liberté selon l'auteur ?
[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi consiste la liberté de l'homme selon Locke.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que la suspension des désirs est la source de toute liberté ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la liberté de l'homme est réellement liée à la suspension des désirs.
- commencez par présenter brièvement le contexte du texte, l'auteur, l'£uvre et la thèse principale.
- identifiez les parties du texte et les transitions logiques entre elles.
Vous pouvez utiliser des mots-clés comme "puisque", "car", "donc", "mais", etc.
- pour chaque partie, appliquez les trois questionnements : quoi, comment et pourquoi.
Reformulez les idées de l'auteur avec vos propres mots, citez des exemples ou des expressions du texte pour illustrer son raisonnement, et expliquez les enjeux ou les implications de ses propos.
- terminez par une conclusion qui résume le texte et met en évidence sa portée philosophique.
Voici un exemple de développement possible pour la première partie du texte :
- le texte est extrait de l'essai philosophique concernant l'entendement humain, publié en 1690 par le philosophe anglais john locke.
Il s'agit d'une £uvre majeure de la philosophie empiriste, qui soutient que toutes nos connaissances proviennent de l'expérience sensible.
Dans ce passage, locke expose sa conception de la liberté humaine, qu'il lie à la capacité de suspendre l'action face aux désirs.
- la première partie du texte va du début jusqu'à "c'est là que réside la liberté de l'homme".
Elle présente la thèse principale de locke et son argumentation fondée sur l'expérience.
- quoi : locke affirme que la volonté humaine est soumise à la pression des désirs, qui sont des malaises qui nous incitent à agir.
Le plus fort des désirs est normalement celui qui détermine l'action prochaine.
Cependant, il y a une exception : l'esprit humain a le pouvoir de suspendre l'exécution et la satisfaction de n'importe quel désir, et donc de les examiner et de les comparer.
C'est ce pouvoir qui constitue la liberté humaine.
- comment : locke appuie sa thèse sur l'expérience quotidienne, qu'il invoque à deux reprises : "il y réussit en général, mais pas toujours ; car la plupart du temps, l'expérience le montre" ; "on a le pouvoir de suspendre l'exécution de tel ou tel désir, comme tout un chacun peut quotidiennement l'expérimenter en lui".
Il utilise aussi des expressions comme "il est naturel que" ou "c'est là que" pour montrer la nécessité ou l'évidence de son raisonnement.
- pourquoi : locke veut montrer que la liberté humaine n'est pas une faculté innée ou arbitraire, mais qu'elle dépend de l'usage que l'on fait de notre entendement face aux désirs.
Il s'oppose ainsi à la conception du libre arbitre, qu'il juge erronée.
Il veut aussi souligner que la liberté humaine est une condition du bonheur, puisqu'elle permet de choisir le bien plutôt que le mal.