• Schopenhauer
La moralité face aux penchants humains
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Le contexte :

Dans cet extrait de "le fondement de la morale" de schopenhauer, l'auteur soulàùve la difficulté de trouver un motif capable de résister aux penchants profondément enracinés dans l'homme. il remet en question l'efficacité des croyances religieuses pour guider la conduite morale, soulignant que même si elles peuvent rendre les actions conformes à  la légalité, elles ne garantissent pas la moralité des intentions.

L' auteur :

Schopenhauer

(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.

Le repère :

objectif/subjectif/intersubjectif

Le texte :

« Quand on a ainsi embrassé d'un coup d'ūil les tendances contraires à la moralité, on voit combien c'est un problème difficile de découvrir un motif capable de résister à ces penchants si fort enracinés dans l'homme, (un motif) capable de nous conduire dans une voie tout opposée ; ou bien, si l'expérience nous offre des exemples d'hommes engagés dans cette voie, quelle difficulté c'est de rendre raison de ces faits d'une façon satisfaisante et naturelle. Le problème est si malaisé que, pour le résoudre au profit de l'humanité prise en masse, on a toujours dû s'aider de machineries empruntées à un autre monde : toujours, on s'est adressé à des dieux dont les commandements et les défenses déterminaient toute la conduite à tenir, et qui, d'ailleurs, pour appuyer ces ordres, disposaient de peines et de récompenses dans un autre monde où la mort nous transportait. Admettons qu'on puisse rendre générale une croyance de la sorte, comme il est en effet possible si on l'imprime dans les esprits encore très tendres ; admettons encore cette thèse, qui n'est pas aisée à établir, et que les faits ne justifient guère, qu'une telle discipline produise les résultats attendus ; tout ce qu'on obtiendrait, ce serait de rendre les actions des hommes conformes à la légalité, cela même en dehors des limites où se renferment la police et la justice ; mais il n'y aurait là, chacun le sent bien, rien de semblable à ce que nous appelons proprement la moralité des intentions. »
Schopenhauer, Le Fondement de la morale (1841)

Les questions :



[A] û Questions d'analyse
1) Quelles sont les tendances contraires à la moralité évoquées dans le texte ?
2) Comment le texte décrit-il la difficulté de trouver un motif capable de résister à ces penchants ?
3) Quels sont les exemples d'hommes engagés dans une voie opposée à ces tendances que l'expérience nous offre ?
4) Quelle est la machinerie empruntée à un autre monde dont parle le texte et comment est-elle utilisée pour résoudre le probl��me ?

[B] û Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi l'auteur consid��re que la moralité des intentions est différente de l'action conforme à la légalité.
2) Quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?

[C] û Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que rendre les actions des hommes conformes à la légalité ne constitue pas la moralité des intentions ?

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire linéaire du texte : le texte de schopenhauer est un extrait du fondement de la morale, un ouvrage où le philosophe allemand cherche à établir les principes d'une éthique fondée sur la compassion et non sur le devoir ou l'intérêt.

Dans ce passage, il expose les difficultés que rencontre la moralité humaine face aux tendances égo´stes et violentes de la nature humaine, et critique les solutions fondées sur la religion ou la loi.

Le texte se compose de trois parties : la première (de "quand on a ainsi embrassé" à "façon satisfaisante et naturelle") pose le problème de la moralité ; la deuxième (de "le problème est si malaisé" à "où la mort nous transportait") expose la solution religieuse et ses limites ; la troisième (de "admettons qu'on puisse rendre générale" à "la moralité des intentions") montre l'insuffisance de la solution légale pour atteindre la véritable moralité.

Dans la première partie, schopenhauer affirme que la moralité est un problème difficile, car elle s'oppose aux penchants naturels de l'homme, qui sont contraires à la moralité.

Il utilise le terme de "tendances" pour désigner ces inclinations égo´stes et violentes, qui sont "enracinées" dans l'homme, c'est-à-dire profondément ancrées dans sa nature.

Il emploie aussi des termes négatifs comme "contraires", "opposée", "difficulté" pour souligner le conflit entre la moralité et ces tendances.

Il se demande ensuite quel motif pourrait résister à ces penchants et conduire l'homme dans une voie morale, ou comment expliquer les exemples d'hommes moraux que l'expérience nous offre.

Il s'agit donc d'un double problème : celui de trouver un fondement rationnel à la moralité, et celui de rendre compte des faits moraux observables.

Schopenhauer pose ainsi les enjeux de sa recherche : il veut élucider le principe et le phénomène de la moralité, sans recourir à des explications surnaturelles ou arbitraires.

Dans la deuxième partie, schopenhauer expose la solution religieuse au problème de la moralité, et en montre les limites.

Il affirme que, pour résoudre ce problème au profit de l'humanité prise en masse, on a toujours d¹ s'aider de "machineries empruntées à un autre monde", c'est-à-dire de systèmes religieux fondés sur la croyance en des dieux qui dictent les règles morales et sanctionnent les actions humaines dans l'au-delà.

Il utilise le terme péjoratif de "machineries" pour dénoncer le caractère artificiel et illusoire de ces solutions, qui ne reposent pas sur la raison mais sur l'autorité divine.

Il emploie aussi l'expression "un autre monde" pour marquer le contraste entre le monde réel et le monde imaginaire des religions, qui échappe à l'expérience et à la connaissance humaines.

Il souligne ensuite les conditions nécessaires pour que cette solution soit efficace : il faut que la croyance religieuse soit générale, c'est-à-dire partagée par tous les hommes ; il faut qu'elle soit imprimée dans les esprits dès l'enfance, c'est-à-dire inculquée par l'éducation ; il faut enfin qu'elle produise les résultats attendus, c'est-à-dire qu'elle modifie effectivement le comportement des hommes.

Schopenhauer met en doute ces conditions en utilisant des termes comme "admettons", "possible", "thèse", qui expriment l'hypothèse, le doute ou la difficulté.

Il ajoute que les faits ne justifient guère cette thèse, c'est-à-dire que l'observation empirique ne confirme pas l'influence positive de la religion sur la moralité humaine.

Dans la troisième partie, schopenhauer montre l'insuffisance de la solution légale pour atteindre la véritable moralité.

Il affirme que, même si on admettait que la religion rende les actions des hommes conformes à la légalité, cela ne suffirait pas à.