Dans son ouvrage "condition de l'homme moderne", arendt aborde la question de l'adaptation de l'homme à la machine. selon elle, cette discussion est stérile car l'homme s'est adapté aux machines dàùs leur invention. alors que les outils restent des serviteurs de la main, les machines exigent que l'homme les serve et s'adapte à leur mouvement mécanique, remplaà§ant ainsi le rythme naturel de son corps.
(1906-1975) Philosophe politique et théoricienne de la pensée politique. Elle a développé des concepts influents tels que "la banalité du mal" et a exploré la nature de la condition humaine, la liberté, et la politique dans un monde moderne marqué par les totalitarismes et la violence.
identité/égalité/différence
« La différence décisive entre les outils et les machines trouve peut-être sa meilleure illustration dans la discussion apparemment sans fin sur le point de savoir si l'homme doit �oes'adapter” à la machine ou la machine s'adapter à la �oenature” de l'homme. […] Pareille discussion ne peut être que stérile : si la condition humaine consiste en ce que l'homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de notre existence ultérieure, l'homme s'est �oeadapté” à un milieu de machines dès le moment où il les a inventées. Elles sont certainement devenues une condition de notre existence aussi inaliénable que les outils aux époques précédentes. L'intérêt de la discussion à notre point de vue tient donc plutôt au fait que cette question d'adaptation puisse même se poser. On ne s'était jamais demandé si l'homme était adapté ou avait besoin de s'adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l'adapter à ses mains. Le cas des machines est tout différent. Tandis que les outils d'artisanat, à toutes les phases du processus de l'ūuvre, restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu'il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. Cela ne veut pas dire que les hommes, en tant que tels, s'adaptent ou s'asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que, pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait. »
Arendt, Condition de l'homme moderne (1958)
[a] - Questions d'analyse :
1) Quelle est la différence entre les outils et les machines selon l'auteur ?
2) Que signifie l'expression "s'adapter à la machine" et "la machine s'adapter à la nature de l'homme" ?
3) Comment l'homme s'est-il adapté à un milieu de machines ?
4) Comment les machines influencent-elles le rythme naturel du corps humain ?
[b] - Éléments de synth��se :
1) Expliquez la phrase "si la condition humaine consiste en ce que l'homme est un être conditionné pour qui toute chose, donnée ou fabriquée, devient immédiatement condition de notre existence ultérieure".
2) D'apr��s l'auteur, quelle est l'idée principale du texte et quelles sont les étapes de son argumentation ?
[c] - Commentaire :
1) Selon vous, pourquoi la question de savoir si l'homme doit s'adapter à la machine ou vice versa peut-elle même se poser ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'homme est réellement asservi à ses machines ou s'il conserve une certaine maîtrise sur elles.
Voici un possible développement de l'analyse du texte :
dans ce texte, arendt s'intéresse à la différence entre les outils et les machines, qui sont deux types d'objets fabriqués par l'homme.
Elle cherche à montrer en quoi cette différence a des implications sur la condition humaine, c'est-à-dire sur la façon dont l'homme existe et agit dans le monde.
Elle commence par évoquer une discussion qui porte sur l'adaptation de l'homme à la machine ou de la machine à l'homme.
Elle affirme que cette discussion est sans fin et stérile, car elle repose sur une fausse alternative.
En effet, selon elle, l'homme s'est déjà adapté à la machine dès qu'il l'a inventée, car la machine est devenue une condition de son existence, au même titre que les outils.
Elle utilise le terme de "condition" pour désigner ce qui rend possible et limite à la fois l'action humaine.
Elle souligne ainsi que l'homme est un être conditionné, qui dépend des choses qu'il reçoit ou qu'il fabrique.
Elle poursuit en montrant que la question de l'adaptation ne se posait pas pour les outils, car ils étaient en harmonie avec la nature de l'homme.
Elle compare les outils aux mains, pour souligner qu'ils sont des prolongements naturels du corps humain, qui lui permettent d'exercer son habileté et sa créativité.
Elle oppose les outils aux machines, qui ne sont pas des serviteurs de la main, mais qui exigent que le travailleur les serve et se soumette à leur mouvement mécanique.
Elle insiste sur le contraste entre le rythme naturel du corps humain et le processus mécanique de la machine, qui peut guider ou remplacer le travail corporel.
Elle montre ainsi que la machine introduit une rupture dans la relation entre l'homme et son £uvre, qui n'est plus le résultat de son geste artisanal, mais de son adaptation à un mécanisme impersonnel.
Elle conclut en affirmant que la différence entre les outils et les machines est décisive, car elle implique une transformation de la condition humaine.
Elle suggère que la machine remet en cause la valeur du travail humain, qui n'est plus une expression de sa liberté et de sa singularité, mais une soumission à une nécessité technique.
Elle invite donc à réfléchir aux conséquences politiques et éthiques de cette mutation.