• Schopenhauer
L'écriture, un lien intemporel entre les individus
langage - raison



Le contexte :

Dans cet extrait de "le monde comme volonté et comme représentation", schopenhauer met en avant le ràïle essentiel de l'écriture dans la préservation et la transmission de la raison individuelle et collective. il souligne que l'écriture permet de braver le temps et l'oubli, en permettant aux générations futures de reprendre et d'épuiser la pensée conà§ue par leurs ancêtres, contribuant ainsi à  rétablir l'unit

L' auteur :

Schopenhauer

(1788-1860) Philosophe allemand influent, célèbre pour sa vision pessimiste de la vie. Il a développé une métaphysique basée sur la volonté et la représentation, affirmant que la souffrance est inévitable. Il a également exploré les notions de la volonté de vivre et la recherche du bonheur à travers la philosophie de l'art.

Le repère :

transcendant/immanent

Le texte :

« L'usage de la raison individuelle suppose, à titre de condition indispensable, le langage ; l'écriture n'est pas moins nécessaire à l'exercice de cette raison de l'humanité : c'est avec elle seulement que commence l'existence réelle de cette raison, comme celle de la raison individuelle ne commence qu'avec la parole. L'écriture, en effet, sert à rétablir l'unité dans cette conscience du genre humain brisée et morcelée sans cesse par la mort : elle permet à l'arrière-neveu de reprendre et d'épuiser la pensée conçue par l'aïeul ; elle remédie à la dissolution du genre humain et de sa conscience en un nombre infini d'individus éphémères, et elle brave ainsi le temps qui s'envole dans une fuite irrésistible avec l'oubli, son compagnon. Les monuments de pierre ne servent pas moins à cette fin que les monuments écrits, et leur sont en partie antérieurs. Croira-t-on en effet que les hommes qui ont dépensé des sommes infinies, qui ont mis en mouvement les forces de milliers de bras, durant de longues années, pour construire ces pyramides, ces monolithes, ces tombeaux creusés dans le roc, ces obélisques, ces temples et ces palais, debout depuis des millénaires déjà, n'aient eu en vue que leur propre satisfaction, le court espace d'une vie, qui ne suffisait pas à leur faire voir la fin de ces travaux, ou encore le but ostensible que la grossièreté de la foule les obligeait à alléguer ? - Leur intention véritable, n'en doutons pas, était de parler à la postérité la plus reculée, d'entrer en rapport avec elle et de rétablir ainsi l'unité de la conscience humaine. »
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation (1819)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1) Pourquoi l'auteur affirme-t-il que le langage est une condition indispensable à l'usage de la raison individuelle ?
2) Quel est le r��le de l'écriture dans l'exercice de la raison de l'humanité ?
3) Comment l'écriture permet-elle de rétablir l'unité de la conscience du genre humain ?
4) Quelle est la fonction des monuments de pierre mentionnés dans le texte et en quoi sont-ils similaires aux monuments écrits ?

[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez la phrase : "L'écriture sert à rétablir l'unité dans cette conscience du genre humain brisée et morcelée sans cesse par la mort."
2) En vous aidant des éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi l'auteur affirme-t-il que les monuments de pierre servent à rétablir l'unité de la conscience humaine ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'écriture est le seul moyen de rétablir l'unité de la conscience humaine.

L'analyse :

Voici un exemple de commentaire possible du texte : dans ce texte, schopenhauer s'interroge sur les conditions et les finalités de la raison humaine, qu'il distingue de la raison individuelle.

Il montre que l'écriture et les monuments sont des moyens de communiquer et de transmettre la pensée à travers les générations, et de réaliser ainsi l'unité de la conscience du genre humain.



- dans le premier paragraphe, il pose le problème de la relation entre la raison individuelle et la raison de l'humanité.

Il affirme que la première suppose le langage, qui permet d'exprimer et de partager les idées, mais que la seconde nécessite l'écriture, qui permet de les conserver et de les développer.

Il souligne ainsi le rôle essentiel de l'écriture dans l'exercice de la raison humaine, qui dépasse les limites de la parole et du temps.



- dans le deuxième paragraphe, il développe l'idée que l'écriture sert à rétablir l'unité de la conscience du genre humain, qui est sans cesse menacée par la mort et l'oubli.

Il explique que l'écriture permet aux descendants de reprendre et d'épuiser la pensée des ancêtres, et de remédier à la dispersion du genre humain en une multitude d'individus éphémères.

Il met ainsi en valeur la fonction mémorielle et cumulative de l'écriture, qui brave le temps et assure la continuité de la raison humaine.



- dans le troisième paragraphe, il élargit son propos aux monuments de pierre, qu'il considère comme des formes d'écriture symbolique.

Il soutient que les hommes qui ont construit ces £uvres monumentales n'ont pas agi par simple vanité ou superstition, mais par un désir profond de parler à la postérité et d'entrer en rapport avec elle.

Il révèle ainsi le sens caché de ces monuments, qui témoignent d'une volonté de communiquer et d'unifier la conscience humaine.

Schopenhauer utilise plusieurs moyens pour établir son argumentation.

Il recourt à des oppositions (parole/écriture, individu/genre humain, mort/oubli), à des comparaisons (l'écriture comme un remède, les monuments comme des monuments écrits), à des questions rhétoriques (croira-t-on.

?) et à des expressions emphatiques (un nombre infini, une fuite irrésistible).

Il s'appuie également sur des exemples concrets (les pyramides, les obélisques) pour illustrer son propos.

L'enjeu du texte est de montrer que la raison humaine n'est pas une simple somme de raisons individuelles, mais qu'elle implique une dimension collective et historique.

Schopenhauer défend l'idée que la raison humaine se réalise dans la communication et la transmission des idées, qui permettent de dépasser les frontières du temps et de l'espace.

Il invite ainsi à reconnaître la valeur universelle et intemporelle de l'écriture et des monuments, qui sont les témoins et les vecteurs de la conscience du genre humain.