La société est à la fois la source et la gardienne de la civilisation, elle nous dépasse de tous les càïtés. plus la civilisation humaine devient complexe, plus elle nous apparaà®t transcendante. pourtant, chaque individu intàùgre seulement une faible part de cette civilisation, la société étant à la fois transcendante et immanente à nous. c'est en nous assimilant à cette civilisation que nous devenons pleinement humains.
(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.
transcendant/immanent
« Parce que la société est à la fois la source et la gardienne de la civilisation, parce qu'elle est le canal par lequel la civilisation parvient jusqu'à nous, elle nous apparaît donc comme une réalité infiniment plus riche, plus haute que la nôtre, une réalité d'où nous vient tout ce qui compte à nos yeux, et qui pourtant nous dépasse de tous les côtés puisque de ces richesses intellectuelles et morales dont elle a le dépôt, quelques parcelles seulement parviennent jusqu'à chacun de nous. Et plus nous avançons dans l'histoire, plus la civilisation humaine devient une chose énorme et complexe ; plus par conséquent elle déborde les consciences individuelles, plus l'individu sent la société comme transcendante par rapport à lui. Chacun des membres d'une tribu australienne porte en lui l'intégralité de sa civilisation tribale ; de notre civilisation actuelle, chacun de nous ne parvient à intégrer qu'une faible part. Mais nous en intégrons toujours quelque part en nous. Et ainsi, en même temps qu'elle est transcendante, par rapport à nous, la société nous est immanente et nous la sentons comme telle. En même temps qu'elle nous dépasse, elle nous est intérieure, puisqu'elle ne peut vivre qu'en nous et par nous. Ou plutôt elle est nous-même, en un sens, et la meilleure partie de nous-même, puisque l'homme n'est un homme que dans la mesure où il est civilisé. Ce qui fait de nous un être vraiment humain, c'est ce que nous parvenons à nous assimiler de cet ensemble d'idées, de sentiments, de croyances, de préceptes de conduite que l'on appelle la civilisation. »
Durkheim, Sociologie et philosophie (1924)
[A] - Questions d'analyse
1) Comment la société est-elle décrite dans le texte ?
2) Quel est le lien entre la société et la civilisation selon l'auteur ?
3) En quoi la société est-elle à la fois transcendante et immanente pour l'individu ?
4) Qu'est-ce qui fait de l'homme un être vraiment humain selon l'auteur ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez le sens de l'affirmation selon laquelle la société est à la fois transcendante et immanente pour l'individu.
2) En vous basant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte et les étapes de l'argumentation de l'auteur.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, quel est le r��le de la civilisation dans la construction de l'identité individuelle ? Justifiez votre réponse.
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si la société peut exister sans la civilisation.
Voici un possible commentaire linéaire du texte de durkheim :
dans ce texte, durkheim expose sa conception de la société et de la civilisation, et montre en quoi elles sont à la fois transcendantes et immanentes par rapport à l'individu.
Il s'agit donc d'un texte qui relève de la sociologie et de la philosophie, et qui vise à éclairer le rapport entre l'homme et la culture.
- dans le premier paragraphe, durkheim définit la société comme la source et la gardienne de la civilisation, c'est-à-dire de l'ensemble des productions intellectuelles et morales des hommes.
Il souligne ainsi le rôle essentiel de la société dans la transmission et la conservation du patrimoine culturel de l'humanité.
Il montre aussi que la société est une réalité supérieure à l'individu, qui ne peut en saisir qu'une partie infime.
Il utilise pour cela des expressions comme "une réalité infiniment plus riche, plus haute que la nôtre", "une réalité d'où nous vient tout ce qui compte à nos yeux", "une réalité qui nous dépasse de tous les côtés".
Il s'appuie également sur un argument historique : plus le temps passe, plus la civilisation se complexifie et s'éloigne des capacités individuelles.
Il illustre ce propos par une comparaison entre une tribu australienne, où chaque membre possède toute la culture tribale, et notre civilisation actuelle, où chacun n'en détient qu'une fraction.
L'enjeu de ce premier paragraphe est donc de montrer que la société est une réalité transcendante, c'est-à-dire qui dépasse l'individu et qui s'impose à lui comme une autorité.
- dans le deuxième paragraphe, durkheim nuance cette vision en affirmant que la société est aussi immanente à l'individu, c'est-à-dire qu'elle réside en lui et qu'elle constitue son essence.
Il explique que la société ne peut vivre qu'en nous et par nous, c'est-à-dire qu'elle a besoin de notre participation active pour se maintenir et se développer.
Il utilise pour cela des expressions comme "elle nous est immanente", "elle nous est intérieure", "elle est nous-même".
Il ajoute que la société est la meilleure partie de nous-même, car c'est elle qui fait de nous des êtres humains à part entière.
Il définit ainsi l'homme comme un être civilisé, c'est-à-dire capable de s'assimiler les idées, les sentiments, les croyances et les préceptes de conduite qui forment la civilisation.
L'enjeu de ce deuxième paragraphe est donc de montrer que la société est une réalité immanente, c'est-à-dire qui appartient à l'individu et qui le constitue comme un sujet.
- on peut donc conclure que durkheim présente dans ce texte une conception dialectique de la société et de la civilisation, qui sont à la fois transcendantes et immanentes par rapport à l'individu.
Il met ainsi en évidence la tension entre l'autorité sociale et l'autonomie individuelle, entre l'héritage culturel et la créativité personnelle, entre l'universel et le particulier.
Il invite ainsi à réfléchir sur les conditions d'une intégration harmonieuse de l'individu dans la société, sans qu'il perde son identité ni sa liberté.