Dans cet extrait de "de la démocratie en amérique", tocqueville souligne que malgré l'égalité des possibilités offerte par la démocratie, celle-ci rend les individus faibles et confrontés à de nombreux obstacles. l'égalité crée des désirs illimités et une concurrence constante, ce qui engendre des tourments et des fatigues pour les à¢mes aspirant à de grandes destinées.
(1805-1859) Interroge la légitimité de la démocratie à l'aune de la redécouverte de l'Amérique et de l'établissement de ce nouveau monde à l'aune de ce qui se fait en Europe au même moment.
identité/égalité/différence
« Quand toutes les prérogatives de naissance et de fortune sont détruites, que toutes les professions sont ouvertes à tous, et qu'on peut parvenir de soi-même au sommet de chacune d'elles, une carrière immense et aisée semble s'ouvrir devant l'ambition des hommes, et ils se figurent volontiers qu'ils sont appelés à de grandes destinées. Mais c'est là une vue erronée que l'expérience corrige tous les jours. Cette même égalité qui permet à chaque citoyen de concevoir de vastes espérances rend tous les citoyens individuellement faibles. Elle limite de tous côtés leurs forces, en même temps qu'elle permet à leurs désirs de s'étendre. Non seulement ils sont impuissants par eux-mêmes, mais ils trouvent à chaque pas d'immenses obstacles qu'ils n'avaient point aperçus d'abord. Ils ont détruit les privilèges gênant de quelques-uns de leurs semblables ; ils rencontrent la concurrence de tous. La borne a changé de forme plutôt que de place. Lorsque les hommes sont à peu près semblables et suivent une même route, il est bien difficile qu'aucun d'entre eux marche vite et perce à travers la foule uniforme qui l'environne et le presse. Cette opposition constante qui règne entre les instincts que fait naître l'égalité et les moyens qu'elle fournit pour les satisfaire tourmente et fatigue les âmes. »
Tocqueville, De la Démocratie en Amérique (1835)
Voici un exemple de développement possible :
l'auteur de ce texte, tocqueville, s'intéresse aux effets de l'égalité des conditions sur les aspirations et les possibilités des individus dans une société démocratique.
Il expose une thèse paradoxale : l'égalité, loin de favoriser l'émancipation et la réussite de tous, engendre au contraire une frustration et une impuissance généralisées.
Il commence par présenter le point de vue illusoire que les hommes se font de leur situation dans une société où les privilèges de naissance et de fortune sont abolis, où toutes les professions sont accessibles à tous, et où chacun peut s'élever par ses propres efforts.
Il utilise le futur pour décrire cette perspective hypothétique : "une carrière immense et aisée semble s'ouvrir devant l'ambition des hommes", "ils se figurent volontiers qu'ils sont appelés à de grandes destinées".
Il souligne ainsi le caractère utopique et trompeur de cette vision, qui repose sur une surestimation de soi et une méconnaissance des obstacles réels.
Il oppose ensuite le point de vue réaliste que l'expérience leur révèle, en utilisant le présent pour marquer la confrontation avec la réalité : "cette même égalité qui permet à chaque citoyen de concevoir de vastes espérances rend tous les citoyens individuellement faibles", "ils ont détruit les privilèges gênant de quelques-uns de leurs semblables ; ils rencontrent la concurrence de tous".
Il montre ainsi que l'égalité des conditions n'implique pas l'égalité des chances, ni l'égalité des talents, ni l'égalité des résultats.
Au contraire, elle crée une situation de rivalité permanente, où les individus se heurtent à la masse indifférenciée de leurs semblables, qui les empêche de se distinguer et de progresser.
Il utilise le champ lexical du mouvement pour illustrer cette idée : "parvenir", "sommet", "s'ouvrir", "marche", "perce", "environne", "presse".
Il suggère ainsi que l'égalité entrave la liberté et la mobilité sociales.
Il conclut en analysant les conséquences psychologiques de ce contraste entre les aspirations et les possibilités des hommes dans une société démocratique.
Il affirme que cette situation "tourmente et fatigue les âmes", en créant un sentiment d'insatisfaction et d'impuissance.
Il utilise le terme d'"instincts" pour désigner les désirs naturels que fait naître l'égalité, et le terme de "moyens" pour désigner les ressources limitées qu'elle fournit pour les satisfaire.
Il souligne ainsi le déséquilibre entre les fins et les causes, entre les effets et les conditions, qui caractérise la condition humaine dans une démocratie.
Il met en évidence le paradoxe de l'égalité, qui est à la fois un idéal et un obstacle, une source d'espérance et une cause de souffrance.