• Durkheim
L'art et la réalité : entre beauté et illusion
art - vérité



Le contexte :

Dans ce texte, durkheim aborde la question de la relation entre l'art et la réalité. il soutient que la beauté d'une Âoeuvre d'art ne réside pas dans sa fidélité à  la réalité, mais dans sa capacité à  susciter une émotion esthétique grà¢ce à  des images qui stimulent notre imagination. il souligne ainsi que l'irréalité d'une Âoeuvre d'art peut être tolérée tant qu'elle n'est pas trop manifestement impossible.

L' auteur :

Durkheim

(1858-1917) Est le père fondateur de la sociologie, une science qui se distingue de la philosophie pour établir des bases scientifiques à l'étude des phénomènes sociaux.

Le repère :

idéal/réel

Le texte :

« Le domaine de l’art n’est pas le re?el. Alors me?me que les e?tres que nous repre?sente l’artiste sont directement emprunte?s a? la re?alite?, ce n’est pas leur re?alite? qui fait leur beaute?. Peu nous importe que ce paysage ait existe? ici ou la?, qu’un personnage dramatique ait ve?cu dans l’histoire. Ce n’est pas parce qu’il est historique que nous l’admirons au the?a?tre, c’est parce qu’il est beau : et notre e?motion ne serait en rien diminue?e, s’il �tait tout entier le produit d’une fiction pū?tique. Me?me, on a pu dire justement que, quand l’illusion est trop comple?te et nous fait prendre pour re?elle la sce?ne que figure l’artiste, le plaisir du beau s’e?vanouit. Assure?ment, si les hommes ou les choses, qui sont ainsi mis sous nos yeux, �taient d’une invraisemblance notoire, l’esprit ne pourrait pas s’y inte?resser ; par suite, l’e?motion esthe?tique ne pourrait pas nai?tre. Mais, tout ce qu’il faut, c’est que leur irre?alite? ne soit pas trop criante ; c’est qu’ils ne nous apparaissent pas comme trop manifestement impossibles. Et, encore, ne saurait-on dire a? partir de quel moment, de quel point pre?cis l’invraisemblable devient trop e?vident et trop choquant pour ne pouvoir e?tre tole?re?. Que de fois le pū?te nous fait accepter des the?mes scientifiquement absurdes, et que nous savons tels ! Nous nous faisons volontiers complices d’erreurs dont nous avons conscience, pour ne pas ga?ter notre plaisir. En de?finitive, il n’y a pas, pour l’artiste, de lois de la nature ni de lois de l’histoire, qui doivent e?tre, toujours et en toutes circonstances, ne?cessairement respecte?es. Ce qui explique ce caracte?re de l’ūuvre d’art, c’est que les �tats inte?rieurs qu’elle traduit et qu’elle communique ne sont ni des sensations, ni des conceptions, mais des images. L’impression artistique vient de la fac?on dont l’artiste affecte, non pas nos sens, non pas notre entendement, mais notre imagination. »
Durkheim, L’Education morale (1925)

Les questions :



[A] - Questions d'analyse
1. Quel est le domaine de l'art selon l'auteur ?
2. Pourquoi la réalité des êtres représentés par l'artiste n'est-elle pas importante ?
3. Qu'est-ce qui fait la beauté des êtres représentés par l'artiste ?
4. Comment l'artiste doit-il représenter les êtres pour que l'impression artistique soit réussie ?

[B] - Éléments de synth��se
1. Expliquez la phrase : "Ce qui explique ce caract��re de lÆ�oeuvre dÆart, cÆest que les états intérieurs quÆelle traduit et quÆelle communique ne sont ni des sensations, ni des conceptions, mais des images."
2. En vous aidant des éléments précédents, dégagez lÆidée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.

[C] - Commentaire
1. Selon vous, pourquoi l'auteur insiste-t-il sur le fait que les êtres représentés par l'artiste n'ont pas besoin d'être réels pour être beaux ?
2. À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, vous vous demanderez si l'art peut être considéré comme une forme de mensonge.

L'analyse :

Durkheim commence par affirmer que le domaine de l'art n'est pas le réel, c'est-à-dire qu'il ne vise pas à reproduire fidèlement la réalité, mais à la transformer selon la vision de l'artiste.

Il illustre cette idée en montrant que la beauté d'une £uvre d'art ne dépend pas de son degré de réalisme ou de véracité historique, mais de sa capacité à susciter une émotion esthétique chez le spectateur.

Il prend l'exemple du théâtre, où l'on admire un personnage non pas parce qu'il a existé, mais parce qu'il est beau, c'est-à-dire qu'il exprime quelque chose d'universel ou de singulier.

Il ajoute même que l'illusion trop parfaite peut nuire au plaisir du beau, car elle empêche de prendre du recul et d'apprécier la forme de l'£uvre.

Il reconnaît toutefois qu'un minimum de vraisemblance est nécessaire pour que l'esprit puisse s'intéresser aux êtres ou aux choses représentés, mais il souligne que cette exigence est relative et variable selon les cas.

Il admet que le poète peut nous faire accepter des thèmes absurdes ou erronés, pourvu qu'ils servent son dessein artistique et qu'ils ne choquent pas trop notre raison.

Il en conclut qu'il n'y a pas de lois universelles ou immuables pour l'artiste, qui peut s'affranchir des contraintes de la nature ou de l'histoire.

Durkheim explique ensuite ce qui fait le caractère spécifique de l'£uvre d'art, à savoir qu'elle traduit et communique des états intérieurs qui ne sont ni des sensations, ni des conceptions, mais des images.

Il oppose ainsi l'art à la science, qui vise à produire des connaissances objectives et rationnelles sur le réel, et à la perception, qui vise à nous informer sur les qualités sensibles des objets.

Il affirme que l'impression artistique vient de la façon dont l'artiste affecte notre imagination, c'est-à-dire notre faculté de former des représentations mentales qui ne correspondent pas nécessairement à la réalité, mais qui lui donnent un sens nouveau ou original.

L'imagination est donc la source et le but de l'art, qui cherche à nous faire partager une vision personnelle ou collective du monde.

Durkheim termine son texte en soulignant que l'éducation morale doit tenir compte du rôle de l'imagination dans la formation des valeurs et des idéaux.

Il suggère que l'art peut être un moyen efficace pour développer le sens moral des individus, en leur faisant éprouver des sentiments nobles ou généreux, en leur faisant découvrir des modèles inspirants ou en leur faisant prendre conscience des problèmes sociaux.

Il affirme que l'art peut contribuer à renforcer les liens entre les membres d'une société, en leur offrant un langage commun et une culture partagée.

Il reconnaît toutefois que l'art n'est pas suffisant pour assurer la moralité, car il peut aussi être source d'erreur ou de déviance.

Il faut donc que l'éducation morale s'appuie aussi sur la raison et sur la science, qui permettent de contrôler et de critiquer les productions de l'imagination.

Voilà un exemple d'analyse linéaire du texte de durkheim.

J'espère que cela vous a été utile.

Si vous avez d'autres questions sur ce texte ou sur une autre notion philosophique, n'hésitez pas à me les poser.