Dans ce texte extrait de "de la démocratie en amérique", tocqueville souligne l'existence inévitable des croyances dogmatiques dans la société. selon lui, ces opinions reà§ues sans discussion sont essentielles pour la cohésion sociale et la prospérité d'une communauté. il affirme également que les croyances dogmatiques sont tout aussi indispensables pour la vie individuelle, permettant à l'homme de vivre et d'agir en accord avec ses semblables.
(1805-1859) Interroge la légitimité de la démocratie à l'aune de la redécouverte de l'Amérique et de l'établissement de ce nouveau monde à l'aune de ce qui se fait en Europe au même moment.
croire/savoir
« Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de différentes manières et peuvent changer de forme et d’objet ; mais on ne saurait faire qu’il n’y ait pas de croyances dogmatiques, c’est-à-dire d’opinions que les hommes reçoivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait lui-même de former toutes ses opinions et de poursuivre isolément la vérité dans des chemins frayés par lui seul, il n’est pas probable qu’un grand nombre d’hommes dût jamais se réunir dans aucune croyance commune. Or, il est facile de voir qu’il n’y a pas de société qui puisse prospérer sans croyances semblables, ou plutôt il n’y en a point qui subsistent ainsi ; car, sans idées communes, il n’y a pas d’action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu’il y ait société, et, à plus forte raison, pour que cette société prospère, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassemblés et tenus ensemble par quelques idées principales ; et cela ne saurait être, à moins que chacun d’eux ne vienne quelquefois puiser ses opinions à une même source et ne consente à recevoir un certain nombre de croyances toutes faites. Si je considère maintenant l’homme à part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables. »
Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1840)
[A] - Questions d'analyse
1) Pourquoi les croyances dogmatiques sont-elles indispensables pour la société selon l'auteur ?
2) Quelles sont les différentes mani��res dont les croyances dogmatiques peuvent naître ?
3) Comment les croyances dogmatiques peuvent-elles changer de forme et d'objet ?
4) Selon l'auteur, pourquoi est-il peu probable que beaucoup d'individus forment leurs propres opinions sans aucune croyance commune ?
[B] - Éléments de synth��se
1) Expliquez en quoi les croyances dogmatiques sont nécessaires pour que la société prosp��re selon l'auteur.
2) En utilisant les informations précédentes, résumez l'idée principale du texte ainsi que les étapes de son argumentation.
[C] - Commentaire
1) Selon vous, pourquoi Tocqueville affirme-t-il que les croyances dogmatiques sont indispensables pour vivre seul ?
2) À la lumi��re de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte, discutez de l'importance des croyances dogmatiques dans la société contemporaine.
Voici une possible analyse du texte :
- le texte traite de la question des croyances dogmatiques, c'est-à-dire des opinions que les hommes acceptent sans les examiner, par confiance en une autorité.
L'auteur cherche à montrer que ces croyances sont nécessaires, à la fois pour la société et pour l'individu.
- il commence par affirmer que les croyances dogmatiques varient selon les époques, les modes de formation et les objets, mais qu'elles sont inévitables.
Il oppose deux situations : celle où chacun formerait ses opinions par lui-même, en suivant sa propre raison, et celle où les hommes recevraient leurs opinions de confiance, sans les discuter.
Il soutient que la première situation conduirait à une dispersion des esprits et à une impossibilité de s'accorder sur des croyances communes.
Il utilise le mode conditionnel ("si chacun entreprenait", "il n'est pas probable") pour exprimer une hypothèse irréaliste et indésirable.
- il enchaîne ensuite sur la nécessité des croyances dogmatiques pour la société.
Il affirme qu'il n'y a pas de société qui puisse prospérer, ni même subsister, sans idées communes.
Il explique que ces idées communes sont le fondement de l'action commune, qui est elle-même la condition de l'existence d'un corps social.
Il utilise le mode impératif ("il faut donc") pour exprimer une obligation logique et morale.
Il précise que pour avoir des idées communes, il faut que les citoyens acceptent de recevoir des croyances toutes faites, d'une même source.
Il sous-entend que cette source est une autorité légitime, qui peut être religieuse, politique ou morale.
- il termine enfin par la nécessité des croyances dogmatiques pour l'individu.
Il affirme que les croyances dogmatiques ne sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun.
Il ne développe pas cette idée, mais on peut supposer qu'il pense que les croyances dogmatiques donnent un sens à la vie, une orientation morale, une sécurité intellectuelle.
Il utilise le mode indicatif ("je trouve") pour exprimer son point de vue personnel.
- le texte présente donc un argument en faveur des croyances dogmatiques, en les présentant comme une condition de la cohésion sociale et de l'épanouissement individuel.
L'auteur ne remet pas en cause la valeur de la raison, mais il reconnaît ses limites et sa relativité.
Il ne nie pas non plus la diversité des croyances dogmatiques, mais il insiste sur leur fonction sociale et personnelle.
Il adopte un ton modéré et nuancé, sans tomber dans le dogmatisme lui-même.