Kant - La critique de la raison pure

Introduction

Imaginez que vous êtes un lycéen de 16 ans et que vous vous posez des questions sur le monde qui vous entoure. Vous vous demandez si Dieu existe, si l'âme est immortelle, si le monde est fini. Vous avez lu des livres de philosophie et vous avez entendu parler de la métaphysique, cette discipline qui cherche à répondre à ces grandes questions. Mais vous êtes un peu perdu. La métaphysique est un terrain de disputes sans fin, et vous ne savez pas comment distinguer le vrai du faux.

C'est à cette question que Kant tente de répondre dans son ouvrage majeur, La critique de la raison pure. Il y propose une nouvelle méthode pour étudier la métaphysique, une méthode qui passe par une analyse des fondements de la connaissance.

Les jugements synthétiques a priori

Kant commence par distinguer trois types de jugements :

Les jugements analytiques sont ceux dont le prédicat est contenu dans le sujet. Par exemple, "le triangle a trois côtés" est un jugement analytique, car le prédicat "trois côtés" est inclus dans le sujet "triangle". Ces jugements sont toujours vrais, mais ils n'apportent pas de connaissance nouvelle.
Les jugements synthétiques a posteriori sont ceux dont le prédicat ajoute quelque chose de nouveau au sujet. Par exemple, "le soleil est chaud" est un jugement synthétique a posteriori, car le prédicat "chaud" n'est pas inclus dans le sujet "soleil". Ces jugements sont possibles grâce à l'expérience, qui nous permet de découvrir des relations entre des choses que nous ne pouvons pas déduire de leur définition.
Les jugements synthétiques a priori sont ceux dont le prédicat ajoute quelque chose de nouveau au sujet, et qui sont vrais sans l'expérience. Ces jugements sont les plus importants pour la métaphysique, car ils sont susceptibles de nous fournir une connaissance objective du monde.

L'espace et le temps

Kant soutient que les jugements synthétiques a priori sont possibles grâce à la structure de notre esprit. En particulier, il distingue deux formes a priori de la sensibilité : l'espace et le temps.

L'espace est la forme du sens externe, c'est-à-dire de la perception des objets qui nous entourent. Il nous permet de percevoir les objets comme étant situés à côté les uns des autres.

Le temps est la forme du sens interne, c'est-à-dire de la perception de nos propres états internes. Il nous permet de percevoir les événements comme se succédant les uns après les autres.

L'espace et le temps ne sont pas des propriétés du monde en soi, mais des conditions de possibilité de notre connaissance du monde. Ils sont donc nécessaires pour que nous puissions avoir des jugements synthétiques a priori sur le monde.

Les catégories

Kant distingue également douze catégories, qui sont des concepts a priori de l'intellect. Ces catégories nous permettent de structurer nos connaissances sensibles et d'en faire des jugements synthétiques a priori.

Les catégories sont les suivantes :

Quantité : unité, pluralité, totalité
Qualité : réalité, négation, limitation
Relation : substance et accident, causalité et dépendance, réciprocité
Modalité : possibilité, existence, nécessité

La révolution copernicienne

Kant renverse la perspective traditionnelle sur la connaissance. Il ne s'agit plus de savoir si nos connaissances correspondent à la réalité, mais de savoir comment la réalité est structurée pour que nous puissions y avoir accès.

Selon Kant, la réalité est structurée par les formes a priori de la sensibilité et de l'intellect. C'est donc notre esprit qui donne sa forme à la réalité, et non l'inverse.

Les limites de la raison

Kant montre que la raison est capable de nous conduire à des contradictions lorsqu'elle essaie de dépasser les limites de l'expérience. C'est ce qu'il appelle les antinomies de la raison.

Par exemple, la raison nous conduit à affirmer à la fois que le monde est fini et qu'il est infini. Ces deux affirmations sont contradictoires, et il est impossible de les résoudre.

Kant en conclut que la raison est incapable de nous fournir une connaissance certaine sur le monde en soi. Nous ne pouvons connaître que le monde phénoménal, c'est-à-dire le monde tel qu'il nous apparaît à travers les formes a priori de notre esprit.