(1844-1900) Répond aux attaques faites à l'encontre de la philosophie à son époque : elle serait inutile et incertaine, contrairement aux nouvelles sciences expérimentales et humaines. Toute sa philosophie vise à contredire cette invective.
L’art est le culte du non-vrai.
Le génie n’est qu’un long travail incorporé ; nous croyons au génie inné parce que cette croyance nous est utile, mais cela ne signifie pas qu’elle soit vraie.
Nous sommes habitués, en face de toute chose parfaite, à ne pas poser le problème de sa formation.
Pour Nietzsche, les œuvres de génie ne sont pas le résultat d’un phénomène mystérieux ou surnaturel.
Selon Nietzsche, L’artiste a tendance à méconnaître sa véritable nature et à se mésestimer car il éprouve un sentiment d’infériorité, notamment par rapport aux hommes d’action qui se définissent par leur rôle efficace et utile dans la société. Par un renversement radical, Nietzsche tente ici de montrer L’infinie supériorité des artistes dans le rôle qu’ils peuvent avoir au sein même de la société.
Un degré d’oubli est nécessaire à la vie et au bonheur.
Toutes nos actions sont au fond incomparablement personnelles, singulières […] mais lorsque nous les traduisons en conscience, elles ne semblent plus L’être, remarque Nietzsche dans Le Gai Savoir (§354). Approfondissant ce paradoxe, le Solitaire de Sils-Maria remonte à L’origine d’une conscience que nous croyons souvent innée et essentielle à L’homme.
Dire Je Pense est une affirmation téméraire ! Loin d’être une certitude immédiate, L’énoncé qui dit Je Pense est lourd de présuppositions injustifiées.
Le « je pense » n’est aucunement une substance. Descartes a été pris au piège de la grammaire, qui lui a fait conclure que le « je » avait une consistance propre, absolument séparée du corps.
« Dans ce livre on trouve au travail un être “souterrain”, de ceux qui forent, qui sapent, qui minent », annonce Nietzsche en ouverture d’Aurore. Loin de célébrer L’élévation morale de L’homme, Nietzsche interroge L’origine historique, psychologique et sociale de la moralité.
L’art n’est pas qu’une création de la raison et de L’intelligence humaine. Il implique toujours une dimension de folie, de laisser-aller, de débauche : une perte de contrôle qui permet précisément aux puissances du corps d’émerger dans ce qu’elles ont de créatif et de chaotique.
La conscience n’est qu’un phénomène superficiel.
Le paragraphe 119 du deuxième livre d’Aurore est intitulé Vivre et imaginer. Nietzsche, analysant la vie des rêves, y esquisse une théorie de L’inconscient où notre corps jouerait le premier rôle.
La vérité s’énonce, ce qui implique un rapport nécessaire de la vérité au langage. Mais le langage et les mots sont-ils des matériaux adaptés pour L’homme de la vérité, le chercheur, le philosophe ?
Le libre arbitre est un « tour de passe-passe théologique », qui exprime le besoin qu’ont les faibles à punir et à juger.
Nietzsche présente le libre arbitre comme une invention des théologiens pour rendre les hommes coupables devant Dieu, et punissables par ceux qui se réclament de son autorité, les prêtres.
Il faut prendre garde à ne pas confondre les exigences subjectives de notre raison et la réalité des choses. Ce n’est pas parce que nous avons besoin du principe de non-contradiction pour penser que le réel lui-même n’est pas contradictoire. La pensée logique ne reflète pas la forme du réel : elle lui impose celle-ci.
L’annonce retentissante du meurtre de Dieu est une provocation pour le croyant. Toutefois, ne s’agit-il pas autant, sous la plume de Nietzsche, de la mise en question d’un athéisme convenu, qui ne mesurerait pas à sa juste valeur le bouleversement qu’implique la fin proclamée d’une croyance collective majeure ?
Si Nietzsche propose souvent une critique de certains idéaux scientifiques, il valorise en revanche, dans Humain, trop humain, « cette vertu d’abstention prudente » qui caractérise L’attitude de celui qui ne se rend à aucune conviction sans L’avoir patiemment mise à L’épreuve.
Le corps est cet ensemble de puissances ; il dépasse de très loin les puissances superficielles de la conscience. En particulier, le geste de L’artiste touche à L’inconscience – mais il faut voir que cette inconscience apparemment sans efforts est le résultat d’un travail et d’une attention constants.
Le travail est une une manière d’affaiblir L’individu.
Le travail moderne abrutit le travailleur en le privant de sa liberté et de son individualité. Il L’empêche ainsi de nuire aux autres, et en ce sens constitue la meilleure des polices. c’est parce que le travail a cette fonction de contrôle social qu’il est autant encensé par nos sociétés.
Au lieu de se demander quels sont les critères de la vérité, Nietzsche s’interroge sur la « valeur de la vérité » pour la vie et sur L’origine de notre désir de connaissance. La perspective généalogique démasque alors, sous L’apparence d’une poursuite désintéressée de la vérité, une croyance qui dépasse le domaine restreint de la recherche scientifique.
C’est la vie en société qui entraîne la fixation d’une vérité commune et la condamnation du mensonge, non parce qu’il est mauvais, mais à cause de ses conséquences.
« Je me suis demandé […] ce que le peuple entend au fond par connaissance, que cherche-t-il quand il la demande ? Rien que ceci : ramener quelque chose d'étranger à quelque chose de connu. N ...»
« En contemplant une chute d'eau, nous croyons voir dans les innombrables ondulations, serpentements, brisements des vagues, liberté de la volonté et caprice ; mais tout est nécessité, chaque ...»
« Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d'une cause, cela est si peu vrai que je veux montrer qu'aucun martyr n'eut jamais le moindre rapport avec la vérité. Dans la façon ...»
« Une injustice que l'on a faite à quelqu'un est beaucoup plus lourde à porter qu'une injustice que quelqu'un d'autre vous a faite (non pas précisément pour des raisons morales, il faut le rema ...»
« Les artistes ont quelque intérêt à ce que l'on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues inspirations ; comme si l'idée de l'oeuvre d'art, du poème, la pensée fondamentale d' ...»
« L'activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l'activité de l'inventeur en mécanique, du savant astronome ou historien, du maître en tactiq ...»
« Comment nous comportons-nous vis-à-vis des actes d'un homme de notre entourage ? Tout d'abord nous considérons ce qu'il en résulte pour nous, nous ne les considérons que sous ce point de vue ...»
« Afin de ne pas perdre courage et de ne pas succomber au dégoût, parmi des oisifs débiles et incorrigibles, ou parmi des compagnons qui ne sont actifs qu'en apparence mais en réalité ...»
« A tout prendre, les méthodes scientifiques sont un aboutissement de la recherche au moins aussi important que n'importe quel autre de ses résultats ; car c'est sur l'intelligence de la méthod ...»
« Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indépendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ici ...»
« Pourquoi, dans la vie de tous les jours, les hommes disent-ils la plupart du temps la vérité ? -Sûrement pas parce qu'un dieu a interdit le mensonge. Mais, premièrement, parce que c'est plus ...»
« Le criminel qui connaît tout l'enchaînement des circonstances ne considère pas, comme son juge et son censeur, que son acte est en dehors de l'ordre et de la compréhension : sa peine cependa ...»
« Au nombre des choses qui peuvent porter un penseur au désespoir se trouve d'avoir reconnu que l'illogique est nécessaire à l'homme, et qu'il en naît beaucoup de bien. L'illogique tient si sol ...»
« Toute morale est contraire au laisser-aller, c'est une tyrannie qui s'exerce sur la “nature” et aussi sur la “raison” ; ce n'est pas pour autant une objection, à moins qu'on ne veuille ...»
« Les artistes ont un intérêt à ce qu'on croie aux intuitions soudaines, aux prétendues inspirations ; comme si l'idée de l'oeuvre d'art, du poème, la pensée fondamentale d'une philosophie, ...»
« Les hommes qui, par profession, jugent et punissent, cherchent à fixer dans chaque cas particulier si un criminel est responsable de son acte, s'il a pu se servir de sa raison, s'il a agi pour ob ...»
« La justice (l'équité) prend naissance entre hommes jouissant d'une puissance à peu près égale […] ; c'est quand il n'y a pas de supériorité nettement reconnaissable, et qu'un conflit ne ...»
« Nous n'accusons pas la nature d'immoralité quand elle nous envoie un orage et nous trempe : pourquoi disons-nous donc immoral l'homme qui fait quelque mal ? Parce que nous supposons ici une vo ...»
« Les artistes ont un intérêt à ce qu'on croie aux intuitions soudaines, aux soi-disant inspirations ; comme si l'idée de l'oeuvre d'art, du poème, la pensée fondamentale d'une philosophie, ...»
« Qu'est-ce en fin de compte que l'on appelle “commun” ? Les mots sont des symboles sonores pour désigner des idées, mais les idées sont des signes imagés, plus ou moins précis, de sensat ...»
« À tout prendre, les méthodes scientifiques sont un fruit de la recherche au moins aussi important que n'importe quel autre de ses résultats ; car c'est sur l'intelligence de la méthode que r ...»
« Nous disons bonnes les vertus d'un homme, non pas à cause des résultats qu'elles peuvent avoir pour lui, mais à cause des résultats qu'elles peuvent avoir pour nous et pour la société : da ...»
« Les artistes ont quelque intérêt à ce que l'on croie à leurs intuitions subites, à leurs prétendues inspirations ; comme si l'idée de l'oeuvre d'art, du poème, la pensée fondamentale d'u ...»
« Dans les pays civilisés presque tous les hommes maintenant sont égaux en ceci qu'ils cherchent du travail en vue du salaire ; pour eux tous, le travail est un moyen et non le but lui-même ; ...»
« À mesure que s'accroît sa puissance, une communauté accorde moins d'importance aux délits de ses membres, parce qu'ils lui semblent moins subversifs et moins dangereux qu'auparavant pour la s ...»
« Quelle est donc notre attitude vis-à-vis des actes de notre prochain ? — Tout d'abord, nous regardons ce qui résulte pour nous de ces actes, — nous ne les jugeons que de ce point de vue. C ...»
« Celui qui est puni ne mérite pas la punition : on ne se sert de lui que comme d’un moyen d’intimidation pour empêcher à l’avenir certains actes ; celui que l’on récompense ne mérit ...»
« Chercher du travail en vue du salaire – voilà en quoi presque tous les hommes sont égaux dans les pays civilisés : pour eux tous, le travail n’est qu’un moyen, et non le but lui-même ...»
« Au spectacle d’une cascade, nous pensons voir caprice et arbitraire dans les innombrables courbures, ondulations et brisements de ses vagues ; mais tout y est nécessaire, le moindre remous ma ...»
« Qu’il soit perc?ant ou faible, mon oeil ne voit qu’à une certaine distance. Je vis et j’agis dans cet espace, cette ligne d’horizon est ma plus proche destinée, grande ou petite, à laq ...»